Vietnam : le projet colossal du TGV approuvé  

Par William Dumais-April 

Le parlement vietnamien a approuvé la construction du TGV Nord-Sud, à la grande majorité de 92 %. 

L’ambitieux projet de ligne de chemin de fer à grande vitesse Nord-Sud a officiellement été approuvé par le parlement vietnamien, le 30 novembre 2024, avec 92 % des voix. Estimé à un coût de 67 milliards de dollars, ce projet reliera la capitale, Hanoï, au Nord, à Hô-Chi-Minh-Ville, au Sud. Il permettra de réduire la durée actuelle du trajet, de trente heures à seulement cinq heures. Sa construction devrait commencer en 2027, avec des trains opérationnels à partir de 2035.  

Le TGV Nord-Sud s’étendra sur plus de 1 500 km et reliera 20 villes à travers le pays. La population vietnamienne pourra emprunter cette ligne à partir de 23 gares, alors que cinq autres seront uniquement consacrées aux marchandises. Le ministère des Transports a opté pour une vitesse de 350 km/h, un choix stratégique considérant la longueur du trajet. 

L’idée d’un TGV Nord-Sud au Vietnam ne date pas d’hier. L’ex-premier ministre Nguyen Tan Dung avait présenté un plan similaire en 2010. Le parlement vietnamien s’y était toutefois opposé, le projet étant insoutenable économiquement.  

De fait, les 60 milliards de dollars souhaités en 2010 représentaient environ les deux tiers du produit intérieur brut (PIB) du pays à l’époque. Aujourd’hui, selon la Banque mondiale, le moment semble plus propice. L’économie vietnamienne affiche une croissance soutenue, le PIB a presque triplé, atteignant environ 430 milliards de dollars en 2023. 

Le TGV Nord-Sud profitera de financements publics, ainsi que des partenariats public-privé. Toutefois, considérant que le projet demandera plus de 5 milliards de dollars par an, le gouvernement n’est pas fermé à l’idée de faire appel à des prêts étrangers.  

Malgré son coût colossal, les retombées économiques à long terme s’annoncent prometteuses. Ce projet devrait faciliter les échanges entre les régions, réduire les coûts des entreprises, créer des emplois et favoriser le tourisme. Combinées, ces retombées pourraient positionner le Vietnam comme un acteur majeur dans la région, voire sur la scène internationale. 

Pivot transasiatique 

Une fois réalisée, le projet de TGV Nord-Sud serait intégré au large réseau ferroviaire transasiatique, dont la conceptualisation remonte aux années 1960. Plus de 60 ans plus tard, ce vaste réseau s’étend sur plus de 125 000 kilomètres et traverse 28 pays. Il joue aujourd’hui un rôle clé dans l’intégration économique de l’Asie.  

Malgré son ampleur, le réseau ferroviaire transasiatique est développé inégalement en Asie. Plusieurs lignes, notamment celles reliant le Vietnam à la Chine, sont vieilles et nécessitent une modernisation urgente. Le TGV Nord-Sud paraît donc comme une occasion favorable pour la construction de nouveaux liens ferroviaires modernes entre le Vietnam et la Chine, dont les échanges commerciaux n’ont cessé de s’intensifier ces dernières années.  

Plus encore, il permettrait au Vietnam, l’actuelle faiblesse du réseau transasiatique, de renforcer ses liens avec les autres pays de la région. 

Pour la Chine, le réseau ferroviaire transasiatique s’inscrit dans son ambitieux projet des nouvelles routes de la soie. En misant sur son expertise ferroviaire, Pékin cherche à consolider son statut de leader mondial et à renforcer son influence régionale.  

Cette stratégie s’aligne avec les besoins du Vietnam, qui mise sur le développement de ses infrastructures ferroviaires pour stimuler son développement économique. Le TGV Nord-Sud incarne donc une ambition nationale, dont les retombées bénéficieront également à la région et au réseau ferroviaire transasiatique, duquel la Chine est aujourd’hui le porte-étendard.   


Source : Free Malaysia Today

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