Par Émilie Oliver

Plusieurs se disent couramment : « et si l’organisation des Bulls de Chicago n’avaient pas fait le choix de reconstruire leur équipe championne après la saison 1997-1998? ». Après le Super Bowl LIX, bon nombre se diront « et si les Chiefs de Kansas City avaient gagné ce dernier Super Bowl, complétant le fameux Three-peat? »
Cela dit, ceux qui se sont rangés du côté des Eagles lors du dernier championnat, simplement pour éviter que KC ne remporte encore les grands honneurs, sont très nombreux.
La « fatigue des voteurs » dans les classements MVP de la NBA
Au sein de la NBA, le cas de Luka Dončić est particulièrement intéressant : même si ses performances sont dignes d’une première équipe étoile de la NBA depuis sa deuxième saison au sein de la ligue, il n’a toujours pas remporté l’honneur individuel le plus prisé. En effet, ce dernier produit en moyenne 29 points par match depuis sa deuxième saison dans l’association, alors qu’il en est actuellement à sa sixième. Cela dit, bien qu’il présente des chiffres beaucoup plus importants que ceux de certaines stars, il stagne, à chaque année, au 4e ou au 3e rang de la course du joueur le plus utile (Most Valuable Player).
Bien que ses performances n’aient pas régressées, les partisans semblent de moins en moins intéressés par la « Luka Magic ». Ce phénomène, étudié en profondeur par les analystes politiques, s’applique également au monde du sport et s’intitule le voter fatigue, ou player fatigue qui se traduisent respectivement par « fatigue du voteur » ou « fatigue du joueur ». Selon un article publié par CBC sports, la fatigue du voteur se définit comme étant « l’idée selon laquelle les électeurs qui votent pour les prix ont tendance à favoriser les nouveaux candidats. Lorsqu’un lauréat sortant ou établi cherche à remporter un deuxième trophée et qu’il perd face à un nouveau venu, les partisans du candidat le plus expérimenté invoquent souvent cette idée. « Les électeurs sont lassés de la performance du joueur X », disent-ils ».
En bref, les partisans se lassent de voir les même joueurs (ou les mêmes équipes) gagner. Cependant, un questionnement émerge à la vue des faits concernant Dončić et ses performances : quel niveau faut-il avoir pour remporter le titre de meilleur joueur de la NBA d’aujourd’hui, quand on place la barre aussi haut que Luka, à un si jeune âge?
La parité au sein de la NBA
Bien que plusieurs facteurs soient pris en compte pour le déclin important de l’intérêt porté à la NBA, certains partisans ont d’ailleurs mis en lumière ce phénomène : selon eux, les mêmes équipes récoltent trop souvent les honneurs, ne laissant pas la place à une compétition équilibrée. Cela dit, la NBA a couronné 6 équipes championnes différentes en 6 années, soit en ordre les Raptors, Lakers, Bucks, Warriors, Nuggets et Celtics. Six franchises différentes en autant de saisons, une parité que la ligue n’a connue qu’une seule fois, il y a près d’un demi-siècle.
Bien que cet argument pour délaisser la ligue ne soit visiblement pas fondé, il démontre l’aversion des partisans face aux dynasties et à la compétition qui ne semble pas équilibrée au sein des sports les plus suivis du monde.
Le cas des Chiefs de Kansas City
Très rares sont les amateurs de football qui n’avaient pas entendu parler, avant le grand match, d’un potentiel Three-peat par les Chiefs, exploit qui n’a jamais été réalisé dans l’histoire du Super Bowl. Alors que la saison se déroulait et que ces derniers avaient de plus en plus de succès en saison régulière, terminant avec une fiche de 17 victoires et 1 défaite avant les éliminatoires, ceux qui souhaitaient les voir échouer sont devenus de plus en plus nombreux.
Ce phénomène est grandement reconnu par les joueurs, et l’opinion publique à leur égard est bien connue. Comme l’a mentionné Chris Jones, joueur d’unité défensive pour les Chiefs lors d’une entrevue après leur victoire contre les Bills de Buffalo, le 26 janvier dernier, « c’est ce qui arrive quand on a du succès. Vous devenez moins attirant. Plus vous avez de succès, plus les gens veulent vous voir échouer. Comme je l’ai dit la semaine dernière, il s’agit d’atteindre le sommet de la montagne. Chaque année, c’est une ascension ».
Pourquoi autant d’aversion pour les gagnants?
Dans la majeure partie des cas, on remarque que les champions sont comparés à eux-mêmes, lors de saisons précédentes, et non à leurs concurrents. Pour remporter un honneur individuel tel que le trophée MVP dans la NBA, il faut que la performance individuelle soit nettement meilleure que celle de l’année précédente. Cela dit, il semble que les voteurs sont très rarement ouverts au fait de décerner le trophée trois fois consécutives au même joueur.
Quoi qu’il en soit, il est certain que le partisan moyen est de plus en plus exigeant; il peut se le permettre. En effet, une performance individuelle qui aurait jadis commandé le respect d’une ligue entière est maintenant devenue coutume. Bien que les fans de la NFL soient passés à 60 minutes de jeu de l’exploit collectif le plus important qui n’ait jamais été réalisé, nombreux sont ceux qui voulaient plus que tout que les champions 2023 et 2024 ne répètent pas leur exploit.
Tout porte à croire que les partisans sont plus exigeants que jamais; pour être excellent, il faut être plus performant qu’avant, pour beaucoup plus longtemps.
Certains iront même jusqu’à dire que l’humain a une envie insatiable de voir les plus faibles triompher sur les plus forts, comme si un équilibre cosmique devait absolument faire en sorte que David ait le dessus sur Goliath de temps à autre.
Source : Getty Images

Émilie Oliver
Sportive depuis son plus jeune âge, Émilie a à coeur la santé, le sport et le bien-être. Elle a obtenu son baccalauréat en communications appliquées en 2021 tout en étant étudiante-athlète auprès du V&O Rugby. Elle poursuit ses études au certificat en langues modernes.
Fervente des sports émergents, elle s’efforce de porter l’attention de la communauté étudiante vers les nouvelles disciplines, tout en mettant en lumière les sports établis et populaires. Elle est fière de pouvoir mettre son grain de sel à la section Sports et Bien-être depuis déjà quelques années.