La plastination de cadavres au bénéfice de la science médicale

Par Martine Dallaire

Si le mot cadavre provoque une certaine forme de dégoût, voire de peur chez certains, il n’en demeure pas moins que l’étude de cadavres s’avère une nécessité pour mieux comprendre le fonctionnement des organes, mais aussi leurs pathologies.

L’Université de Sherbrooke est l’une des seules institutions en Amérique du Nord à plastiner des organes dans le but de former ses étudiants, un processus qui rend ces organes quasiment indestructibles et allonge leur durabilité.

La plastination des cadavres consiste à retirer les liquides organiques et à les remplacer par du silicone. Les tissus déshydratés, sans être déformés, conservent ainsi leur nature et leur plastique. La technique comporte maints avantages, dont des organes sans odeur et qui peuvent être manipulés à mains nues. Cela les rend transportables hors des laboratoires, ce qui n’est pas le cas lors de nécropsies (autopsies de cadavres) et de dissections.

Un processus de longue haleine

Le processus se poursuit durant plusieurs mois et requiert des installations et des dispositions particulières. La plastination commence dans le laboratoire universitaire d’anatomie, où une vingtaine de cadavres sont conservés dans des réfrigérateurs de morgue ou des congélateurs. Chacun est identifié en fonction du sexe, de l’âge et de la date de décès du donateur. Aucune information nominative ne s’y retrouve.

Le corps est ensuite disséqué sur une table d’opération. La dissection d’un membre complet peut durer jusqu’à sept jours, mais le processus en entier dure près de six mois.

Les spécimens sont ensuite transportés dans une autre pièce, où ils trempent alternativement dans des bacs d’acétone, dont la concentration va de la plus faible à la concentration maximale. Ils macèrent près d’un mois dans chaque récipient et sont brassés quotidiennement.

L’acétone permet aux spécimens de former un mélange homogène avec le silicone lorsqu’ils seront recouverts. Une fois imbibés d’acétone, les techniciens de laboratoire les placent dans des caisses à pression négative pour les préparer au remplacement des sucs organiques par du silicone. Ils sont ensuite essuyés et plastinés.

Un laboratoire hautement sécurisé

L’acétone étant une matière explosive, la salle où baignent les organes fait l’objet de procédures de sécurité particulières, notamment l’exclusion des téléphones cellulaires et le scellement des prises électriques, et ce, pour éviter tout risque d’incendie.

Le laboratoire est également aménagé de manière à ce que toute déflagration soit projetée vers l’extérieur en cas d’explosion.

Pour offrir le maximum de connaissances aux futurs médecins, on compte dans le laboratoire un nombre plus que considérable d’organes. Ces derniers sont utilisés dans le cadre des formations à la Faculté de médecine.

On y trouve, entre autres, des appareils urinaires, des cerveaux, des foies et des rates, de même que des cœurs de tous âges, atteints ou non de diverses pathologies.

Le respect de la personne avant tout

Bien que l’organe devienne objet, ce dernier est traité avec grand respect. De même, afin de souligner la générosité de ceux qui ont fait don de leur corps à la science, des plaques commémoratives sont accrochées au mur à proximité du laboratoire d’anatomie.

Même si certaines familles souhaitent que leur être cher conserve l’anonymat, la plupart des plaquettes portent le nom du défunt.

Depuis 1993, près de 1 400 personnes ont fait don de leur corps à l’Université Sherbrooke.


Crédit Photo @ Université de Sherbrooke

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