Par Josiane Demers
Depuis le début de la pandémie, la question des sports fait jaser et cause beaucoup d’incertitude. Pour beaucoup d’étudiantes et d’étudiants, les activités sportives influencent de façon majeure leur parcours académique. Il est évident que personne ne mourra à cause de l’arrêt d’une activité sportive. Par contre, cela peut avoir des impacts sur la santé physique et psychologique de certains.
Plusieurs étudiantes et étudiants mentionnent ressentir un manque de motivation dans plusieurs sphères de leur vie conséquemment à l’arrêt des compétitions. Bien que, comme à l’Université de Sherbrooke les athlètes puissent toujours pratiquer, cela n’est pas toujours suffisant pour conserver un intérêt accru. De plus, les plus âgés d’entre eux ont parfois effectué leur choix d’établissement en fonction de leur sport de prédilection.
Important, même au primaire
Selon Physical Health Canada (PHC), le sport en bas âge permet de socialiser, de développer des habiletés multiples, d’avoir un impact sur le développement psychomoteur d’un enfant et de prévenir l’obésité et la sédentarité. De plus, l’organisme avance que les cours d’éducation physique augmenteraient de façon significative les performances scolaires et aurait un impact marqué sur la motivation et le comportement des élèves. Heureusement, malgré le fait que certaines parties du Québec se retrouvent présentement en zone rouge, les cours d’éducation physique sont toujours au programme et les élèves peuvent y enlever leur masque. Une décision du gouvernement qui a été bien accueillie dans le réseau de l’éducation primaire et secondaire.
Choix de vie
Lorsque les athlètes évoluent dans du sport de plus haut niveau, soit collégial ou universitaire, ils doivent souvent faire des choix qui auront un impact sur leur avenir à court, moyen ou long terme. William Demers, joueur de crosse pour les Cougars du collège Champlain, explique avoir sélectionné ce cégep exclusivement à cause de son sport. De plus, il ajoute avoir choisi de faire son parcours collégial sur une période de trois ans au lieu de deux, afin de maximiser son nombre de saisons auprès de l’équipe. Cela lui donne l’impression de perdre son temps, étant donné que la compétition sportive est au point mort.
Plusieurs joueurs de football se trouvent dans la même situation. Ces derniers sont souvent courtisés par des établissements d’enseignement collégial ou universitaire. Bien que plusieurs vouent une importance à leurs études, il est évident que le contexte sportif influence considérablement leur choix quant à l’école qu’ils fréquenteront.
Quand l’absence de compétition change la donne
À la suite de plusieurs entrevues avec des sportifs des ligues collégiales et universitaires, l’effet de la pandémie présente comme dénominateur commun la baisse marquée de motivation lors des pratiques, mais aussi dans les autres sphères de leur vie. Pour Alizé Cassivy, nageuse pour le Vert et Or de l’Université de Sherbrooke, sa motivation à s’entrainer est campée dans ses objectifs à atteindre durant les compétitions. En l’absence de concours, elle a choisi de se concentrer sur ses études et d’arrêter de nager cette saison, même s’il lui est toujours permis de s’entrainer alors que Sherbrooke se trouve toujours en zone orange. « Je suis déçue parce que je voulais que ce soit ma dernière année universitaire dans l’équipe de natation. Je voulais réaliser des objectifs et finir en beauté. Je vais devoir attendre à l’année prochaine pour arrêter parce que je ne veux pas finir ma carrière de nageuse comme ça », mentionne-t-elle.
Un travail d’équipe
Du côté de l’équipe de rugby féminin du Vert et Or, la baisse de motivation se fait sentir chez certaines. « Il y a un plus grand nombre d’absentes lors des pratiques », confirme Émilie Oliver, qui fait partie de l’équipe. Malgré tout, les joueuses s’encouragent entre elles afin de se concentrer sur le fait qu’il y aura probablement une saison l’an prochain et qu’il est important de garder la forme afin de rester compétitives. Elles tentent de rester soudées en se rappelant leurs objectifs communs.
De plus, indépendamment de l’université, avec un budget recueilli entre elle ou en collectes de fonds, l’équipe a pris l’initiative de recourir aux services d’une psychologue sportive afin d’optimiser l’état d’esprit des joueuses. « On a plus de temps pour faire autre chose. Cela me permet de me concentrer sur mes études et de cheminer en tant que personne à travers ce que la pandémie nous apporte », explique d’un ton positif Mme Oliver.
Pour le plaisir afin de réussir
Beaucoup de gens attribuent leur réussite scolaire à la pratique d’un sport. Plusieurs études ont été menées à cet effet, surtout sur les enfants de moins de 12 ans. Dans une étude publiée en janvier 2019 dans la revue scientifique Preventive Medecine, on conclut que les jeunes d’âge scolaire (6-12 ans) qui pratiquent des sports performent mieux que ceux qui sont plus sédentaires. Dans cette même étude, on explique que le sport peut diminuer les symptômes du TDAH chez les jeunes filles. Il semble que ces effets positifs se fassent toujours sentir chez les adolescents et les jeunes adultes.
C’est le cas pour Florence Dion, étudiante en communication à l’Université de Sherbrooke, qui pratique le hockey cosom deux fois par semaine dans les intramuros. Pour elle, il ne s’agit pas seulement d’un intérêt, mais bien d’un besoin. C’est ce qui la tient allumée et motivée à l’université. « J’ai toujours eu de la difficulté à l’école et c’est vraiment ma petite joie ou motivation de savoir que je vais aller jouer au hockey », explique-t-elle. Elle ajoute que sans le sport, elle ne voit pas nécessairement l’intérêt de fréquenter un établissement d’enseignement supérieur. Aussi, elle mentionne sans gêne qu’elle a un TDAH. Lorsqu’elle dépense son énergie sur la surface de hockey, elle est ensuite plus calme et plus concentrée pour faire ses travaux.
Il est évident que la volonté de garder le sport dans les écoles durant la pandémie ne représente pas un caprice, mais bien une nécessité pour plusieurs. Si le sport est bénéfique pour le développement en bas âge au primaire, il l’est tout autant pendant le reste du parcours scolaire.