Par Olivier Normandin

Après le gouvernement fédéral, c’est au tour du gouvernement du Québec de légiférer par rapport au nombre d’étudiants étrangers pouvant étudier dans les établissements d’études supérieures sur le territoire. C’est un coup dur pour les universités québécoises en raison de l’incertitude financière associée à cette mesure.
Le 26 février dernier, dans l’optique du projet de loi 74 mené par le ministre caquiste de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, Jean-François Roberge, des quotas ont été établis sur le nombre de demandes que pourront faire les établissements d’études supérieures pour accueillir des étudiants étrangers. En pratique, les établissements d’études supérieures verront leur capacité d’accueil d’étudiants étrangers réduite de 20 %. Les cégeps et les programmes universitaires de deuxième cycle, qui ont une plus grande proportion d’étudiants étrangers, seront particulièrement touchés par la situation.
Le ministre estimait qu’il était nécessaire d’agir sur cette situation, alors que le nombre d’étudiants étrangers admis au Québec a augmenté de 140 % entre 2014 et 2023, passant de 50 000 à 120 000 étudiants. Ce grand nombre d’individus engendrerait une pression supplémentaire sur le système d’éducation. Aussi, cette mesure a pour objectif de favoriser l’intégration des étudiants étrangers.
Une mesure inutile ?
Cependant, plusieurs questionnent déjà cette partie du projet de loi du ministre Roberge, puisqu’au courant de l’année 2024, le gouvernement du Canada avait déjà légiféré sur la question. Le ministre libéral de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté de l’époque, Marc Miller, annonçait que le Canada accorderait 35 % moins de visas d’études pour des étudiants internationaux, passant d’environ 480 000 visas octroyés en 2023 à environ 360 000 visas octroyés en 2024.
Depuis l’imposition de cette mesure, les universités ont remarqué une nette baisse des étudiants internationaux dans leurs établissements. Par exemple, l’Université Sherbrooke a remarqué une baisse d’environ 24 % dans les demandes entre l’année scolaire 2023-2024 et l’année scolaire 2024-2025.
Incertitude financière
Cette baisse d’étudiants étrangers représente une importante diminution de revenus pour les universités. À noter que les frais de scolarité d’un étudiant étranger sont beaucoup plus élevés que celui d’un étudiant québécois. Par année, les étudiants internationaux universitaires ont des frais d’environ 12 000 $ par rapport à environ 5 000 $ pour un étudiant québécois. Certaines universités, surtout anglophones, ont mentionné que toutes les dernières mesures visant les étudiants étrangers pourraient amener des coupures dans certains programmes.
Les universités insatisfaites
Depuis l’annonce des quotas, plusieurs recteurs ont exprimé leur mécontentement dans les médias. C’est notamment le cas du recteur de l’Université de Montréal, Pr Daniel Jutras, du recteur de l’Université Bishop’s, Pr Sébastien Lebel-Grenier, mais aussi du recteur de l’Université de Sherbrooke, Pr Pierre Cossette, qui se désolent de la situation en raison des effets mentionnés plus tôt. En entrevue avec Radio-Canada Estrie, Pr Pierre Cossette a mentionné que cette situation est une opportunité manquée.
« Avec ce qui se passe au sud de la frontière, on aurait une opportunité d’attirer ici les meilleurs talents, de se positionner dans une économie du savoir. »
Crédits : Jean-François Roberge LinkedIn