Fin des bourses Perspective : autopsie d’une mesure contestée 

Par Olivier Normandin 

Pascale Déry, ministre de l’Enseignement supérieur, a annoncé la fin du programme des bourses Perspective. 

Le vendredi 7 février, la ministre de l’Enseignement supérieur caquiste, Pascale Déry, communiquait la fin d’un important programme de bourses annoncé quatre ans auparavant : le programme des bourses Perspective. Quand on déambule dans l’Université de Sherbrooke, on sent rapidement la grogne, alors que l’on constate que cette décision déplait à certains membres de la communauté étudiante.  

Cette annonce survient plusieurs mois après que le gouvernement caquiste ait annoncé le budget le plus déficitaire de l’histoire du Québec et que de grandes discussions sont en cours sur la précarité étudiante. Depuis sa création, 257 976 bourses ont été remises pour environ 538 millions $. 

Annoncées en 2021, mais mises en branle pour la session d’automne 2022, les bourses Perspective étaient des bourses remises aux étudiants de certains programmes collégiaux et universitaires. En établissant ce programme de bourses, le but du gouvernement était d’augmenter les inscriptions dans des programmes qui menaient à des emplois actuellement en forte demande sur le marché du travail. Au niveau collégial comme universitaire, les programmes visés étaient des programmes liés à l’enseignement ainsi qu’à l’éducation à l’enfance, des programmes en génie, en santé et en services sociaux.   

Les bourses Perspective remises aux étudiants collégiaux étaient de 1 500 $ par session. Du côté universitaire, les bourses remises aux étudiants étaient de 2 500 $ par session. Pour obtenir la bourse, il fallait simplement être inscrit dans l’un des programmes éligibles, effectuer un nombre de crédits minimal et réussir ses cours. La bourse était remise après la session scolaire.  

Une population étudiante mitigée  

Dès l’annonce de la bourse, une grande partie des étudiants s’étaient montrés dubitatifs et certains se questionnaient : pourquoi pour ce programme et pas le mien? En effet, pour certains, ceci créait un double standard, car il y avait les programmes « boursés » et les « non boursés ».  

Le Collectif s’est entretenu avec Vincent Poudrier, étudiant de deuxième année en génie électrique, qui bénéfice de la bourse. 

« Je reconnais que ça pouvait créer des injustices, mais ça représentait honnêtement une belle aide financière pour nous qui en bénéficions. De mon côté, les bourses n’ont pas été pas un facteur qui m’a emmené à m’inscrire dans ce programme, car mon choix était déjà fait. Cependant, je ne comprends pas pourquoi le programme de bourse s’arrête maintenant. J’espère sincèrement que l’argent économisé sera réinvesti pour la communauté étudiante. » 

Une des raisons qui a été mentionnée pour justifier l’arrêt de ces bourses est le fait que l’objectif initial ne fut pas atteint. En effet, depuis l’établissement du programme de bourses, une augmentation des inscriptions n’a été remarquée que dans les programmes en génie, alors que les programmes en enseignement et en santé n’ont pas enregistré de hausse. 

Pour Kassandra Martel, étudiante de troisième année au baccalauréat en enseignement préscolaire et primaire, la décision de la ministre est difficile, mais compréhensible. 

« C’est sûr que de bénéficier de cette bourse a été d’une grande aide pour moi. C’est précieux de vivre sans une pression financière supplémentaire. En revanche, je peux comprendre le gouvernement : si la politique n’atteignait pas l’objectif de départ, je peux comprendre que ça s’arrête. »  

Clause grand-père 

À noter que les étudiants qui bénéficiaient déjà de ces bourses ne perdront pas cet avantage, alors qu’en raison d’une clause grand-père, ils en bénéficieront jusqu’à la fin de leur parcours.  


Crédit : Pascale Déry-LinkedIn

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