L’environnement à l’aube des élections provinciales

Par Judith Doré Morin

Québécois et Québécoises s’unissent pour souligner le caractère exceptionnel des canicules ayant affecté la province cet été. Force est de constater que les désagréments occasionnés par ces conditions météorologiques extrêmes ont permis aux changements climatiques d’intégrer l’actualité québécoise, et ce, à l’aube du déclenchement des élections législatives. Toutefois, bien que les aléas du climat représentent l’enjeu environnemental préconisé par certains partis au cours de la présente campagne, il en existe bien d’autres qui méritent d’intégrer les débats actuels.

La campagne électorale tend à diviser la population en différentes couleurs. Pourtant, certains individus parviennent à s’unir autour d’un seul et même ton: le vert. De plus en plus visible sur les réseaux sociaux, le carré vert ne constitue pas un outil de promotion pour un parti politique. Le carré vert illustre un désir partagé par plusieurs, celui de projeter l’environnement au premier plan pendant la campagne électorale. L’économie, la santé et l’éducation ne forment donc pas les seules thématiques pouvant orienter les décisions de l’électorat d’ici le 1er octobre.

Déjà, en mai, onze groupes environnementaux, dont Équiterre et la Fondation David Suzuki, se regroupaient pour rédiger 23 demandes destinées au futur gouvernement. La réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) ainsi que la bonification des transports collectifs figurent évidemment dans le document publié. En considérant le contexte climatique actuel, ces groupes conviennent que plusieurs actions devront être entreprises par le prochain gouvernement afin d’assurer la pérennité de la province.

Climat et transport

Le mercure continue de grimper tandis que les pancartes électorales se multiplient en périphérie des voies routières. L’accélération des changements climatiques, qui se manifeste notamment par une hausse de la température dans la province, semble préoccuper les membres de la sphère politique. En effet, les promesses liées à la réduction des émissions de GES, responsables du réchauffement à l’échelle globale, émergent au cours des différents débats. Toutefois, s’engager à atteindre des cibles de réduction des émissions de GES ne suffira pas pour ralentir le processus de dérèglement climatique.

Au Québec, une grande majorité des émissions de GES proviennent du secteur du transport. Il convient de prendre des mesures pour assurer la mobilité durable de la population et des marchandises sur l’ensemble du territoire. Cela débute par éliminer la nécessité d’utiliser les véhicules privés pour se déplacer, qu’ils soient électriques ou qu’ils consomment des énergies fossiles. Pour ce faire, il est notamment possible d’investir dans des infrastructures cyclables et piétonnières, de réaménager les villes afin de favoriser la diversification et la densification des quartiers ainsi que de rendre les transports collectifs accessibles et abordables.

Gestion des matières résiduelles

Initialement prévu pour 2020, le bannissement des matières organiques des sites d’enfouissement québécois se fait attendre. Pourtant, ces matières représentent parfois la moitié des ordures produites par les ménages québécois. De plus, leur décomposition dans un milieu sans oxygène, comme c’est le cas dans les sites d’enfouissement, produit un GES plus puissant que le dioxyde de carbone: le méthane. L’élaboration de politiques précises en faveur de la mise en place du compostage dans toutes les municipalités de la province ainsi que de la captation du biogaz dans les sites d’enfouissement constitue donc des enjeux prioritaires.

La contamination des flux de matières recyclables parvenant aux centres de tri constitue une problématique majeure. Cela nuit au développement d’une économie circulaire, laquelle prône la réutilisation des ressources, puisque les matières tendent à s’accumuler dans des entrepôts ou à être enfouies au lieu d’être achetées par des entreprises locales. Instaurer des mesures encourageant les entreprises à employer des matériaux usagés, uniformiser la liste des matières recyclables à l’échelle de la province, créer des lois pour réduire la consommation de plastique de la province et instaurer la consigne sur davantage de contenants figurent parmi les solutions proposées par certains partis et groupes environnementaux.

La réduction de la consommation de la population forme un objectif à ajouter au programme du prochain gouvernement. Que ce soit par la lutte à l’obsolescence programmée, par la diminution du gaspillage alimentaire dans les commerces et les institutions ou par des campagnes favorisant l’achat de produits en vrac ou usagés, il convient de diminuer la consommation de nouvelles ressources naturelles des Québécois et des Québécoises.  

Ressources naturelles et biodiversité

Que ce soit en milieu urbain ou en plein cœur d’une forêt mature, les écosystèmes naturels rendent service aux communautés humaines qui les entourent. En ville, par exemple, les espaces verts permettent de réduire les îlots de chaleurs et peuvent même diminuer l’ampleur des inondations printanières. De plus, certains milieux naturels terrestres et aquatiques abritent des espèces à statut particulier qui menacent de s’éteindre. Ainsi, la conservation des milieux naturels dans des aires protégées, le verdissement des villes, le bannissement des pesticides et l’exploitation forestière durable constituent des actions à prioriser au cours des quatre prochaines années.

Les situations de stress hydrique se multiplient à l’échelle planétaire, que ce soit parce que les sources d’eau douce sont inaccessibles ou parce que les communautés ne disposent pas des infrastructures nécessaires pour les traiter. L’important réseau hydrographique du Québec permet aux ménages et aux industries d’accéder à de l’eau potable en plus d’abriter diverses formes de vie et permettre une panoplie d’activités récréotouristiques. Qu’il s’agisse des lacs, des rivières ou de l’eau souterraine, il importe de protéger cette ressource naturelle et de l’utiliser à bon escient, car elle n’est pas intarissable. De ce fait, assurer un traitement adéquat des eaux usées, éviter la pollution diffuse des cours d’eau par les rejets agricoles et industriels ainsi que réduire le gaspillage d’eau potable dans les ménages et les entreprises devraient figurer parmi les priorités du prochain gouvernement.

Énergie

De façon générale, la province génère une quantité suffisante d’hydroélectricité pour combler les besoins de sa population. Au lieu d’investir dans de nouvelles infrastructures pour répondre à la hausse de demande en période hivernale, il apparaît pertinent et davantage durable de miser plutôt sur l’efficience énergétique des bâtiments.

Le programme électoral de certains partis suggère de cesser d’encourager l’exploitation, la production et l’utilisation des énergies fossiles telles que le pétrole et le gaz naturel dans la province. Cela aurait notamment pour effet d’améliorer la qualité de l’air et de permettre d’investir les ressources financières des contribuables dans des projets énergétiques durables sur les plans social, économique et environnemental.

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