Par Judith Doré Morin
Le 7 septembre dernier, la Maison du cinéma accueillait la première sherbrookoise du documentaire Qu’est-ce qu’on attend? Avec ce long-métrage, la cinéaste engagée Marie-Monique Robin invite le public à faire la connaissance de la commune française Ungersheim, où, depuis 2009, un projet anime la petite localité : atteindre l’autonomie intellectuelle, énergétique et alimentaire.
Nous sommes à l’aube du 21e siècle. Toute la France est dévastée par la hausse du prix des dernières réserves de pétrole… Toute? Non! Car un village peuplé d’irréductibles Alsaciens et Alsaciennes est parvenu à s’affranchir des énergies fossiles par le développement d’une démocratie participative.
Des villes à l’échelle humaine
L’ère de l’après-pétrole n’a pas débuté et, pourtant, des communautés partout à travers le monde décident d’engager une transition écologique afin de réduire leurs impacts sur l’environnement. Rob Hopkins, enseignant en permaculture, fait figure d’initiateur du mouvement des villes en transition. C’est à Totnes, au Royaume-Uni, que s’est développée la première initiative de transition vers une communauté impliquée et résiliente.
Le but des villes en transition ne consiste pas à revenir au mode de vie d’autrefois. Il s’agit plutôt d’utiliser les outils et les connaissances disponibles aujourd’hui pour développer un avenir plus respectueux de l’environnement. Il s’agit de porter une vision nouvelle du cadre dans laquelle les communautés évoluent. En favorisant le passage à l’action et l’implication de l’ensemble des membres de la communauté, les sentiments d’impuissance et de solitude face aux crises environnementales s’éliminent au profit de l’espoir et de la création d’un tissu social résistant.
Un modèle qui rayonne
U-n-g-e-r-s-h-e-i-m. Ungersheim. Un petit village d’Alsace, entouré par des cultures intensives de blé et de maïs, compte 2200 individus. En 2009, portée par un maire charismatique et dévoué, la transition s’enclenche au sein de la commune afin de créer un milieu de vie sans pétrole, sans pesticide et sans déchet. Dès lors, la commune développe 21 actions, adaptées au contexte du 21e siècle, en prônant les valeurs de solidarité et de citoyenneté.
Un terrain de huit hectares est converti en jardin afin d’approvisionner la population en produits maraîchers biologiques et locaux, tout en faisant figure de programme d’insertion sociale. Des panneaux solaires ainsi qu’une éolienne, construite sur place, fournissent de l’électricité à l’ensemble de la commune. Une cuisine collective utilisant les invendus du jardin est inaugurée afin de concocter des repas sains pour les enfants fréquentant l’école communale. Une monnaie locale, le Radis, est instaurée afin de favoriser le développement d’initiatives économiques locales et solidaires.
Sherbrooke en transition
Il y a déjà quelques années, suite au visionnement du documentaire Demain, illustrant le parcours de Rob Hopkins à Totnes, des idées de transition émergent au sein du public et mènent à la création de Sherbrooke en transition. Que ce soit par un projet-pilote de monnaie locale ou des ateliers de sensibilisation dans les écoles primaires, les membres du groupe s’activent pour que leur vision d’une ville écologique et solidaire devienne réalité.
À l’occasion de la première sherbrookoise du documentaire Qu’est-ce qu’on attend?, des membres de Sherbrooke en transition, dont Christine Labrie, candidate de Québec solidaire pour les prochaines élections, ont invité les citoyens et les citoyennes à partager leurs idées et leurs projets. La discussion s’est d’ailleurs poursuivie jusqu’à la Buvette du Centro.
Crédit Photo @ Ungersheim, Capitale de la Transition