Dominique Anglade et la richesse de la diversité 

Par Victor Dionne 

En ce Mois de l’histoire des Noirs, il est inconcevable de ne pas mettre en valeur les membres de la communauté noire qui travaille à embellir le Québec. Que ce soit par la culture, l’implication sociale, la recherche ou autres, ces individus contribuent à faire évoluer la nation dans toute sa splendeur et sa diversité. Dans le paysage politique provincial, ce flambeau est porté par plusieurs; mais l’une de ces personnalités se démarque. De racines haïtiennes, Dominique Anglade est passée d’ingénieure à cheffe de l’opposition officielle à l’Assemblée nationale. 

Dans une entrevue avec Le Collectif, Mme Anglade nous a fait part des éléments de son parcours personnel et professionnel. Elle a notamment abordé les raisons fondamentales de son intérêt pour la politique et ce qu’elle a appris en tant que femme noire dans ce domaine. De plus, elle a discuté de représentations et d’enjeux politiques pour la communauté noire.  

D’ingénieure à politicienne 

La Cheffe du Parti libéral du Québec avance qu’il y a deux raisons principales à son intérêt envers la joute politique : la famille et l’engagement.  

« En fait, je viens d’une famille très politisée. Mon père a fait de la politique, mon grand-père a fait de la politique, mon arrière-grand-père a fait de la politique, donc je pense, à quelque part, que ça fait partie de mes gènes », dit-elle. En effet, son père, Georges Anglade, a mené une carrière honorable en tant que membre fondateur du département de géographie de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et conseiller politique des gouvernements haïtiens de Jean Bertrand Aristide et René Préval. Mme Anglade souligne aussi les implications importantes de sa mère, Mireille Neptune, économiste et féministe : « ma mère était très impliquée dans la communauté et donnait beaucoup sur toutes les questions des femmes en économie et sur leur rôle dans la société. »  

La politicienne énonce aussi la place de l’engagement dans ses choix de carrière. Puisqu’elle a baigné dans un environnement où l’implication était prédominante, elle a trouvé le moyen de l’exploiter par le chemin de la politique. « J’ai beaucoup investi comme ingénieure, mais parallèlement à ça, j’ai toujours été très impliqué dans la communauté, et s’il y avait un moyen de rejoindre ces deux axes, c’était vraiment la politique », mentionne-t-elle. 

Néanmoins, dans un monde politique composé majoritairement d’homme blanc, Mme Anglade adopte une approche positive quant à sa place en tant que femme noire. 

 Quand j’ai commencé à travailler après mon GNI, je suis partie en Ontario et j’étais quatre fois minorité. J’étais une jeune femme noire francophone dans un milieu complètement différent, et j’ai appris que chaque niveau de diversité amène un niveau de complexité, mais aussi un niveau de richesse, car tu arrives à tendre la main à l’autre et bâtir des liens. Je pense que c’est ce qu’on doit constamment faire, notamment en politique.

— Dominique Anglade 

La cheffe de l’opposition précise que si chacun et chacune participent, le débat s’enrichit. D’ailleurs, l’un des rôles du politique est d’être représentatif de la société qu’il dirige. 

« Nommer les choses, ça existe! » 

Avec les élections provinciales qui arrivent à grands pas, Mme Anglade désire avoir des élues et élus représentatifs de la diversité québécoise. « Je veux qu’ils sentent qu’ils ont une voix au sein de notre formation politique. Nous voulons des gens qui réfléchissent différemment et qui ont envie de progrès, qui ont envie de parler d’ouverture et de modernité, de luttes aux changements climatiques », continue-t-elle. Elle soulève qu’il est important de situer où sont les barrières, et qu’avec les données obtenues, il est capital de se poser les bonnes questions à l’égard de la représentation et de la diversité. 

D’autre part, si elle est élue, l’ingénieure de formation souhaite reconnaître le racisme systémique. « Pas besoin de fermer les yeux et de faire comme si ça n’existait pas! Ça fait partie de ce que l’on vit. Maintenant que tu le reconnais, qu’elles sont les actions à poser? C’est le style de leadership que je veux incarner », s’exclame-t-elle.  

Elle voudrait aussi discuter de l’interculturalisme. Elle explique qu’à la différence du multiculturalisme canadien, le Québec considère les particularités de ses nouveaux arrivants, en plus de bâtir une culture commune, notamment avec le français. La députée de Saint-Henri–Sainte-Anne légifèrerait dans un premier temps sur ces différentes questions. 

Un mot pour les étudiantes et étudiants noirs de l’UdeS 

Mme Anglade énonce clairement que la différence est une force : « le fait d’être originaire d’ailleurs, ou d’être né ici, parce qu’il y a plusieurs personnes qui sont noires à Sherbrooke et qui sont des Québécois nés au Québec, toute cette différence, c’est une richesse que l’on a. On en a besoin. »  Elle souligne aussi que c’est avec la diversité culturelle que l’on bâtit une culture commune.  

De plus, la cheffe de la première opposition mentionne l’importance de l’implication dans sa communauté. « Trouver parfois des groupes, ou s’impliquer dans des associations noires et autres, c’est très bien. Il faut s’impliquer partout. Essayer toutes sortes de choses pour trouver sa voie, sa passion, pour trouver ce qu’on a envie de faire, et de ne pas hésiter à pousser pour ce qui nous passionne », conclut-elle.  


Crédit photo @ Parti libéral du Québec

Scroll to Top