Un divorce en public qui enflamme la toile et qui divise la droite américaine 

Par Alex Baillargeon 

Donald Trump et Elon Musk se sont embarqués dans un conflit sans précédent la semaine dernière, divisant la droite américaine.

Au terme de son mandat annoncé, le 30 mai dernier, en tant que responsable du DOGE (Département d’Efficacité gouvernementale, en français), un organisme paragouvernemental créé expressément pour lui dans le but de « réduire les dépenses de l’ État », Elon Musk accordait déjà des entrevues où il se montrait quelque peu réticent face au projet de loi que veut faire adopter Donald Trump intitulé : One Big Beautiful Bill. C’est via leurs réseaux sociaux respectifs, que le président des États-Unis et son ex-conseiller politique se sont invectivés, le 5 juin dernier, en se menaçant de représailles de part et d’autre, notamment. 

Les enchères ont débuté le samedi matin suivant le départ d’Elon avec une entrevue, au réseau américain CBS, qu’il avait accordé la veille de son départ. Invité à s’exprimer sur les différents décrets signés par son ex-patron, Musk a tenté de ne pas aborder les sujets du journaliste avant de minimiser les choses, notamment, en ce qui a trait aux frais de douanes sur les importations (dont ses compagnies doivent également composer avec ces mêmes augmentations de coûts) et sur les droits des étudiants étrangers réduits, comme il en avait bénéficié lui-même, à son arrivé aux États-Unis, d’une entrée au pays grâce au visa étudiant. Cependant, il ne s’est pas privé de commenter le Big Bill en le décrivant comme étant scandaleux et « dommageable » si celui-ci venait à être adopté à la chambre des représentants et au sénat. Il souligne également que son travail aurait été en vain avec l’ajout de l’énorme poids financier que risque d’engranger l’entrée en vigueur du projet de loi pouvant dépasser les 2 000 milliards de dollars. De retour sur sa plate-forme en ligne, il qualifiera le beau projet de l’administration Trump « d’abomination répugnante » et demandera aux membres du congrès de « KILL THE BILL ». 

Accusations et menaces 

Le 5 juin, en avant-midi, Donald Trump a alors été questionné sur les déclarations de Musk, des derniers jours, dans le bureau ovale. Il s’est dit déçu de son attitude après son départ, comme il pensait avoir une bonne relation avec lui tout en soulignant l’aide généreuse qu’il juge avoir offerte au patron de Twitter/X. Il ajoutera un peu d’huile sur le feu en supposant que Musk serait frustré de voir les subventions aux véhicules électriques abrogés. 

En simultané, sur X, Musk s’enflammait déjà en réagissant après chaque phrase du point de presse allant jusqu’à dire de Trump qu’il était ingrat car, sans la contribution du milliardaire, il aurait perdu l’élection présidentielle, la Chambre des représentants et le Sénat n’aurait eu « que » 51 républicains élus et 49 (SIC) démocrates (actuellement 53 R. versus 45 D + 2 indépendants siègent avec le groupe démocrate). 

Il faudra attendre la fin de l’allocution à Washington pour que Donald Trump commente à son tour les publications de son ex-conseiller sur son propre réseau Truth Social, créé par ailleurs, lorsqu’il avait été suspendu par Twitter avant l’arrivée de Musk à titre de propriétaire. Il écrira qu’il a choisi de mettre à pied Elon comme il commençait à lui taper sur les nerfs (même si son mandat avait bien une date de péremption, le 30 mai dernier), et répétant qu’il était devenu crazy parce que les subventions aux véhicules électriques étaient retirées. Il ajoutera quelques minutes plus tard que le meilleur moyen d’économiser des milliards dans le budget serait plutôt de couper tous les contrats gouvernementaux précédemment signés avec Elon, allant même jusqu’à dire que Joe Biden aurait dû le faire lui-même. L’action de Tesla s’écroulera de 14 % en bourse dans les minutes suivantes soit une évaluation de la valeur à 152 milliards disparus en un instant. En février dernier, Tesla devait obtenir un contrat estimé à 400 millions de dollars pour une flotte de 3 000 véhicules blindés pour l’appareil gouvernemental américain. 

Du tac au tac, Musk a menacé le président en déclarant que Space X et son vaisseau Dragon, qui servait entre autres pour la relève des astronautes de la NASA, ne ferait plus affaire avec l’agence américaine, et a ajouté sur les tarifs douaniers qui causeront, selon lui, une récession économique aux États-Unis dans la seconde moitié de l’année et commencera à republier des suppositions d’autres comptes des liens qui uniraient Jeffrey Epstein et Donald Trump dans les années 1990 et 2000. Elon a lancé une bombe finale en accusant Donald Trump de continuer à censurer la liste des clients du trafiquant sexuel de mineurs parce que son nom devrait s’y retrouver. « Have a nice day, DJT! » conclut-il, en prenant bien soin d’ajouter les initiales du président qui sont aussi les lettres d’appel de l’action en bourse de la Trump Media & Technologie Group, faisant plonger le titre de 8 % à son tour. 

Sur X, les adeptes de Musk l’encourageront à créer un 3e parti politique aux États-Unis (avec un sondage engrangé par Elon) et demanderont la destitution de Trump et la déclassification complète des documents d’Epstein. À l’inverse sur Truth Social, les disciples du président américain demanderont à ce qu’une enquête soit déclenchée sur les finances de Musk. Même l’ancien conseiller du président, Steve Banon, gracié avant son départ en 2021 pour un procès fédéral de détournement de fonds, suggérait dans un podcast le soir même que Musk devrait être enquêté et déporté pour être entrer aux États-Unis sous de faux prétextes et qu’il serait lui aussi un « illegal alien », qualificatif revenu dans la sphère publique décrivant les citoyens dits clandestins surtout par le clan MAGA. 

Vendredi, Trump ne voyait pas de gravité dans les échanges avec Elon dans une entrevue avec le média Politico, tout en disant du même souffle qu’il ne « souhaitait pas non plus s’entretenir avec Musk » à court terme avant de prendre un vol pour rentrer à son club de golf du New Jersey, au terme d’une semaine qui aura été néfaste pour les égos du chef américain et de l’homme le plus riche de la planète. 


Crédit : VigilantFox sur X

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