Que se passe-t-il au Parti conservateur du Canada? 

Par Éden Bélanger 

Le 2 février dernier, Erin O’Toole a été destitué de son poste de chef du Parti conservateur du Canada par les membres de son caucus. Cette mutinerie, au sein d’une formation qui en sera bientôt à son quatrième chef depuis 2015, a de quoi faire sourciller. Résumons ce qui se passe chez l’opposition officielle fédérale.  

Le mécontentement aura finalement eu raison d’Erin O’Toole. 62 % des députés conservateurs ont voté pour son éjection lors d’un scrutin de confiance. À première vue surréaliste, ce type d’épisode semble être devenu normal chez le parti depuis sa perte du pouvoir en 2015. 

L’échec d’un plan 

En novembre 2019, Andrew Scheer, alors chef du parti, démissionne. Selon Radio-Canada, l’incapacité de ce dernier à bien performer en Ontario et au Québec lors de l’élection de 2019 aurait en bonne partie eu raison de lui. Autrement dit, on le considérait trop à droite pour gagner.  

C’est pour pallier ce problème et fonder une large coalition qu’Erin O’Toole avait comme plan de recentrer le parti. L’Ontarien voulait proposer une offre attrayante autant pour la droite albertaine que pour les centristes de l’est du pays. Il s’est toutefois rapidement buté à des militants beaucoup plus conservateurs que l’électeur moyen. Le rejet par la base d’une motion sur la reconnaissance des changements climatiques en mars 2021, alors défendue bec et ongles par O’Toole, en disait déjà long en ce sens.  

Qui plus est, la démarche du chef sortant manquait de cohérence. Pour plusieurs, elle était conflictuelle avec celle du « vrai bleu » qu’il défendait contre le centriste Peter Mackay lors de la course à la direction de 2020, d’après Radio-Canada. Cette première tergiverse en fût suivi par beaucoup d’autres, notamment sur le dossier des armes à feu, où le plan conservateur a changé à même la campagne électorale.  

L’échec électoral de 2021 a libéré un mécontentement latent chez plusieurs qui n’en pouvaient plus de ces nombreuses pirouettes. Enfin, la position ambiguë du chef sur le convoi de camionneurs, que beaucoup d’influents conservateurs respectaient, fut la goutte de trop pour le caucus, qui le déchut.  

La suite : mission impossible? 

Candice Bergen, issue de l’aile droite, a été nommée cheffe intérimaire. Rapidement, ses prises de position et l’exclusion des députés québécois de son équipe de direction ont causé des remous. Si bien que, selon La Presse, « elle ne pourra pas [selon certains,] assurer l’intérim longtemps en raison de la controverse qui prend de l’ampleur. » Qu’une cheffe intérimaire soit en danger de destitution seulement quelques jours après son investiture est signe d’une situation intérieure pratiquement insoluble.  

Parallèlement, des aspirants se préparent. Pierre Poilievre, flamboyant critique aux finances et conservateur assumé, s’est lancé dans la course à la direction. Du côté progressiste, l’ancien premier ministre Jean Charest est sollicité par plusieurs, dont le député québécois Alain Rayes.   

Peu importe son positionnement idéologique, le défi du prochain chef conservateur sera le même : maintenir en place le château de cartes qu’est devenue cette coalition.  


Crédit photo @ Chris Desort

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