Par Élodie Bourget
Le vendredi 13 mars 2020 va marquer à jamais l’histoire du Québec. Le gouvernement annonce la fermeture des écoles primaires, secondaires et universitaires en raison de l’augmentation du nombre de cas dans la province du nouveau virus COVID-19. Pas besoin de faire un récapitulatif des événements marquants depuis le début de cette pandémie, le premier ministre et le directeur de la santé publique s’en sont chargés en donnant rendez-vous aux Québécois et Québécoises tous les jours à 13 h. Mais au-delà des statistiques, des aînés, des finissants du secondaire, des fermetures des commerces, de la mise en place des mesures sociosanitaires, des travailleurs essentiels ou de la ruée vers le papier de toilette, il y a eu nous. Nous qui sommes à l’université. Nous qui provenons des quatre coins du Québec et de partout dans le monde. Nous qui avons aussi vu notre quotidien bouleversé. Nous qui avons besoin de dire haut et fort ce que nous pensons.
Regard sur les pensées, les réflexions, le cheminement d’étudiants de l’Université de Sherbrooke
Avant la première conférence de presse du premier ministre du Québec, Aurélie, étudiante en deuxième année au baccalauréat en compatibilité, effectue son septième mois de stage sur huit dans un cabinet de comptables à Montréal. Un des aspects qu’elle affectionne particulièrement de son emploi : l’ambiance de travail. Des grandes salles où le travail en équipe est favorisé et où la socialisation est appréciée. Comme la plupart d’entre nous, les nouvelles venues d’ailleurs nous semblaient bien loin à cette époque. Mais le 17 mars, à la demande de la santé publique, un courriel du PDG met fin à cet environnement de travail en obligeant tous ses employés à se mettre en mode télétravail.
Aurélie passe alors 5 jours par semaine à la maison, chose qu’elle n’avait jamais encore eu la chance de faire depuis son départ de Sherbrooke en décembre 2019. La transition, elle l’a trouvée assez facile. En l’absence de paperasse, il lui a suffi de se créer un bureau adéquat pour se concentrer et se construire un horaire afin de garder une certaine routine. La séparation entre l’espace de travail et celui de la maison est primordiale pour rester sain d’esprit. Pour faciliter cette délimitation, elle s’est mise à faire du sport tel que la course, le vélo et la musculation, et ce, tous les jours. Et bien qu’elle adore sa famille, la côtoyer 24 heures sur 24 ajoutait une source de stress émotif et donc, le chalet de ses parents au fond des bois devenait un havre de paix pour les silences plus que désirés.
Le télétravail en 2020 : Aurélie a constaté ses nombreux avantages durant le confinement. En effet, une multitude de logiciels existent pour faciliter les communications. Que ce soit pour discuter avec des clients ou pour demander des conseils à ses supérieurs, elle n’avait aucune excuse pour ne pas faire les tâches qu’on lui demandait. Pour sa part, rejoindre ses collègues par clavardage se faisait en un claquement de doigts. Comme quoi les avancées technologiques des dernières années n’ont jamais été aussi prisées que durant cette pandémie. Elle est d’ailleurs pas mal fière de l’autonomie qu’elle a su développer durant ces mois où la distance créait parfois des délais dans les correspondances.
Fin avril, Aurélie termine son stage de huit mois entre les quatre murs de sa chambre. Aucun au revoir en personne n’est alors possible. Une fin en queue de poisson avec une absence flagrante de contact humain. Huit mois de stage qui n’ont pas pu être célébrés comme il se doit. Pas le temps de se reposer trop longtemps, la session d’été commence et le retour face à son ordinateur dans sa chambre aussi. Même si elle s’y attendait étant donné les événements qui bouleversent le monde, la décision d’une session complètement en ligne a été difficile à digérer. Ce n’était pas tant le fait de devoir suivre des cours à distance, mais plutôt le fait de ne pas retrouver sa gang et de ne pas profiter de la vie étudiante à Sherbrooke, dont les 5@8 de l’été. Ouin… la pilule a été tough à avaler.
Déjà la moitié de la session qui vient de passer. Une bonne expérience, constate Aurélie, qui n’avait jamais suivi des cours autres que magistraux depuis la maternelle. Elle est agréablement surprise non par la facilité des cours en ligne, mais davantage par son adaptation face à la situation. Peu habituée à la remise de plusieurs petits travaux par semaine puisqu’habituellement il n’y a que deux examens durant la session, Aurélie a dû faire appel à une certaine discipline pour s’assurer de rester à jour dans les remises. Mais tout de même, elle s’ennuie de son Sherbrooke.
Ainsi, l’annonce de la session d’automne en présentiel lui donne la motivation nécessaire pour terminer celle qui est en cours. La normalité qui accompagne cette décision la rend fébrile de commercer cette autre étape, même si cela est dans un climat toujours incertain. La crainte d’une deuxième vague et de son intensité l’inquiète quelque peu, comme plusieurs. Au moins, elle est assurée d’avoir un stage dans la même compagnie à l’hiver prochain. En télétravail ou au bureau… à voir, dit-elle. Oui, à voir.
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