Sabrina Lavoie porte deux chapeaux : mère de trois enfants et étudiante en communication appliquée.
Par Virginie Roy
L’Université de Sherbrooke a annoncé dernièrement que les cours en présentiel seraient privilégiés à la session d’hiver 2021. Les avis divergent quant à l’hybridité des dernières sessions et Le Collectif s’est penché sur la situation des parents aux études en cette période de pandémie.
Sabrina Lavoie étudie au baccalauréat en communication appliquée, en plus d’être mère de trois enfants âgés respectivement de six, cinq et trois ans. Leur présence à la maison lui a fait vivre une fin de session rocambolesque en mars dernier. « Heureusement, j’ai un conjoint très présent et impliqué auprès des enfants. Il m’a toujours encouragée », mentionne-t-elle, reconnaissante.
Sabrina Lavoie est loin d’être la seule dans cette situation. Plus de 900 étudiants et étudiantes auraient fait inscrire leur statut de parents aux études à leur dossier, relate la nouvelle directrice aux affaires internes du Regroupement étudiant de maîtrise, diplôme et doctorat de l’Université de Sherbrooke (REMDUS), Marie-Pier Audet.
« La majorité des parents aux études sont aux cycles supérieurs », explique-t-elle, mais le nombre d’inscrits n’est toujours pas détaillé et comprend donc des personnes étudiantes de tous les cycles.
Cet enregistrement volontaire est possible depuis le début de l’automne et a été mis en place par l’UdeS dans le cadre de sa Politique relative aux parents aux études adoptée en décembre 2019. Les accommodements liés à ce statut sont difficiles à définir, selon Marie-Pier Audet, puisqu’ils varient du bac à la maîtrise.
« Par contre, ce statut change surtout quelque chose auprès du ministère [de l’Enseignement supérieur] puisque lorsque tu es parent aux études, tu es considéré à temps plein avec moins de crédits que normalement », précise-t-elle, un détail important dans le cadre des prêts et bourses par exemple.
Naviguer dans une mer de spécificités
La directrice aux affaires internes du REMDUS soulève que l’anxiété des parents aux études varie selon le programme dans lequel ils se trouvent. « Lorsqu’on rapporte des situations problématiques au rectorat, il nous explique que c’est spécifique à chaque faculté. »
Des étudiants devant rester à la maison parce que leur enfant a été placé en quarantaine, Marie-Pier Audet en a vu passer plus d’un. Selon elle, si certains professeurs ou chargés de cours sont très collaboratifs, certains sont moins ouverts d’esprit. « Ça varie grandement d’une faculté à l’autre », commente-t-elle.
À la Faculté des lettres et sciences humaines, Sabrina Lavoie est pour sa part très satisfaite de l’aide obtenue. « J’ai toujours trouvé les professeurs et chargés de cours très compréhensifs à ma situation, raconte-t-elle. Au début de la pandémie, plusieurs professeurs m’ont proposé de prolonger des délais de remises de travaux. »
La mère aux études rapporte toutefois une diminution de son sentiment d’appartenance auprès de l’institution elle-même. « Je m’attache toujours autant aux professeurs et chargés de cours, mais l’expérience n’est plus aussi intéressante qu’elle l’était dans les années antérieures. »
Changement de cap
Si elle se considère être en bonne santé mentalement, cette mère de famille a revu sa façon d’entrevoir son parcours scolaire. « Je crois que ça m’a sauvée. Mes priorités ont changé et j’ai lâché prise à bien des égards. Je combine présentement trois cours avec un travail à temps partiel. J’ai aussi quitté le cheminement COOP afin d’avoir la liberté de terminer mes cours à mon rythme. Je vise simplement à faire mon possible alors qu’auparavant, je tenais à performer », témoigne Sabrina Lavoie.
Bien qu’elle n’ait jamais remis en doute la poursuite de ses études, l’étudiante en communication aurait aimé avoir accès à divers outils pour l’aider dans sa conciliation famille-étude. Elle suggère par exemple un guide indiquant la charge attendue d’un cours disponible lors de la période de choix.
« Cela m’aurait permis de mieux équilibrer mon horaire. Par exemple, cette session-ci, je prévoyais faire quatre cours, mais l’un d’eux était si exigeant que j’ai dû l’abandonner. Ce n’était pourtant pas un cours obligatoire et j’aurais pu en choisir un autre mieux adapté à ma situation », conclut Sabrina Lavoie.
Crédit Photo @ Sabrina Lavoie