Une 22e tuerie de masse depuis janvier aux États-Unis

Par Gabrielle Goyet

Selon la Northeastern University, 553 tueries de masse ont été perpétrées en sol américain depuis 2006, établissant le bilan à 2880 décès. La plus récente attaque de ce genre s’est produite le 6 mai dernier, à Allen, au Texas. L’événement choquant a ainsi contribué aux statistiques avec ses 8 décès et 7 personnes blessées. Bien qu’il s’agisse du 22e incident de ce type recensé depuis janvier, la tragédie a ravivé une fois de plus les débats sur l’encadrement des armes à feu aux États-Unis.

Il s’agissait d’un samedi comme les autres pour plusieurs personnes effectuant leurs courses dans ce centre commercial texan, jusqu’à ce qu’un tireur s’y précipite et y ouvre le feu. Selon les témoignages rapportés par l’Agence France Presse, le meurtrier n’aurait même pas pris le temps de se garer avant d’ouvrir le feu sur les individus passant devant lui.

Les premières balles ont été tirées à même le stationnement, tandis que plusieurs victimes se sont retrouvées coincées dans sa mire devant un H&M. Heureusement, un policier se trouvait sur les lieux pour un autre dossier non relié; ce dernier a ainsi pu répondre rapidement à la situation et a abattu le tireur avant que le bilan s’exacerbe. Autrement, le nombre de victimes aurait pu s’avérer encore plus élevé.

Un scénario qui se répète

Mauricio Garcia, 33 ans, a été identifié par les autorités comme étant l’instigateur de ce drame. Sur les lieux du crime, ce dernier aurait porté trois armes en plus d’en posséder d’autres dans son véhicule. Officiellement, aucun motif n’a été reconnu pour ses actions, mais plusieurs articles se sont intéressés à la question au cours des derniers jours.

Selon CNN, les réseaux sociaux de Garcia auraient révélé une obsession pour l’idéologie nazie, les armes et d’autres fusillades passées. Ces informations auraient été dévoilées via son profil sur le média social russe Odnoklassniki, où des photos de factures et d’un billet d’avion auraient permis d’identifier le profil de Garcia. Il ne s’agit pas du premier tireur à avoir préalablement manifesté s’identifier à des idéologies de ce genre : on pense notamment à la tuerie de masse d’El Paso, au Texas, qui avait été orchestrée par un individu ayant des motifs similaires en 2019.

Le geste était vraisemblablement prémédité, alors que le compte de Garcia aurait publié une capture d’écran de Google Maps du centre commercial Allen Outlets, quelques semaines avant l’attaque, afin de mettre l’accent sur les périodes de la journée où l’endroit était le plus bondé. Il aurait également publié des commentaires perturbants sur les caractéristiques rendant une tuerie de masse « importante », selon NBC. Cette même source rapporte également qu’il idolâtrait le responsable de la fusillade du 27 mars dernier à Nashville, qui a coûté la vie à six personnes, dont trois enfants.

Une controverse ravivée

À Allen, une fois la fusillade terminée, les dégâts ont été constatés alors que huit individus ont été déclarés inertes. Parmi ceux-ci, deux enfants ont perdu la vie, soit les sœurs Daniela et Sofia Mendoza. Incontestablement, toutes les tueries de masse soulèvent de vives émotions, mais, lorsque des enfants sont parmi les victimes, le dégout est souvent encore plus vif.

Steven Spainhouer, témoin et vétéran de l’armée américaine, était présent sur la scène du crime. Son fils étant employé au H&M devant lequel s’est déroulé le drame, ce dernier l’aurait contacté alors qu’il se cloitrait dans l’arrière-boutique. Une fois arrivée sur place, Spainhouer a affirmé que l’ampleur du carnage était « insondable », selon CNN.

Après avoir assisté à cette scène horrifiante et constaté le décès des deux fillettes, il se positionne en faveur d’une réforme des armes à feu, soulignant l’inadéquation des pensées et des prières face à ce genre d’incident. « Si nous ne modifions pas nos lois sur les armes à feu, si nous ne mettons pas en place des lois sur les signaux d’alarme et si nous ne retirons pas les armes de grande capacité de la circulation, cela se reproduira », a déclaré M. Spainhouer à CNN.

Vers une année record?

Jusqu’à présent, les données pour l’année 2023 contrastent avec celles des années antérieures. Associated Press (AP) rapporte que les États-Unis ont mis sur pied une base de données compilant des statistiques sur les tueries de masse depuis un certain temps. Cette ressource témoigne que, normalement, on recense 30 tueries de masse ou moins par année. Étant déjà à 22 au mois de mai, l’année s’annonce sombre selon plusieurs.

L’agence AP souligne que les causes de la violence derrière ces homicides sont multiples. Parmi les crimes enregistrés, on trouve des meurtres-suicides, de la violence domestique, des guerres entre gangs de rue rivaux et des fusillades dans des écoles ou lieux publics. Leur point en commun : tous ces événements ont pris la vie d’au moins quatre individus.

Bien que certaines personnes prennent la parole pour dénoncer l’accessibilité aux armes à feu, à l’instar de Steven Spainhouer, plusieurs embuches persistent. Les fusils semi-automatiques sont accessibles et pour plusieurs, il est improbable que le Congrès rétablisse l’interdiction d’autrefois. La Cour suprême, gouvernée par une majorité conservatrice, a choisi de remettre en question plusieurs restrictions à l’échelle nationale sur les armes à feu. 

La question demeure : que faudra-t-il pour sortir les États-Unis de cette impasse? Est-il possible de réconcilier le respect du second amendement constitutionnel et un monde sécuritaire?


Crédit image @Pixabay

Scroll to Top