Tensions à Québec : les parlementaires voteront leur augmentation salariale

Par Lé Bonneau

Le projet de loi 24 déposé le 11 mai dernier propose une augmentation de 30 000 $ pour la rémunération des personnes élues à l’Assemblée nationale. L’adoption de ce projet de loi ferait passer le salaire de base des parlementaires de 101 561 $ à 131 766 $. Bien que cette révision soit recommandée par un comité indépendant, la proposition demeure controversée.

Déposé par Simon Jolin-Barette, le projet de loi donne suite à un rapport d’un comité indépendant chargé d’étudier la rémunération des individus députés. Ce comité était composé de trois personnes, dont deux ayant déjà siégé à l’Assemblée nationale, et d’un spécialiste des ressources humaines.

La rémunération actuelle rattachée à la fonction de parlementaire est souvent au-dessus du 101 561 $ de base. En effet, des fonctions supplémentaires bonifient ce montant. Ces bonifications augmenteraient, elles aussi, si le projet de loi est adopté. Le salaire des ministres passerait, par exemple, de 177 732 $ à 230 591 $ et celui du premier ministre de 208 200 $ à 270 120 $. 

Un comité qui souhaite « valoriser la fonction de parlementaire »

Le comité a émis cette recommandation afin de valoriser le travail de député et de le rendre attirant. Le Devoir et La Presse rapportent quele comité a justifié cette augmentation en soulignant certaines conditions de travail des personnes élues comme la pression grandissante due à la présence des réseaux sociaux, la charge de travail et les horaires atypiques.

Afin d’orienter leurs recommandations, les membres du comité consultatif ont comparé la rémunération des personnes députées de la province à celle des autres provinces ainsi qu’aux salaires de personnes occupant des postes de gestion dans des organismes publics ou privés. Le comité souligne par exemple que les sous-ministres ou les conseillers et conseillères politiques peuvent obtenir de meilleurs salaires que les ministres ou personnes élues.

Une fonction publique mécontente et une opposition « malaisée »

La réaction est vive du côté des fonctionnaires de la province. La hausse immédiate de 30 % est bien au-dessus des hausses salariales obtenues par la fonction publique dans les dernières années. Cela est souligné par plusieurs organisations syndicales, dont la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ).

Magali Picard, présidente de la FTQ, voit cette nouvelle comme un signe que le gouvernement caquiste prend conscience des impacts de l’inflation et qu’il accorde des moyens aux personnes députées de « faire face à l’augmentation des prix ». Elle souhaite cependant que le gouvernement « applique la même logique pour celles et ceux qui ont tenu à bout de bras le Québec pendant la pandémie ». Dans sa réponse au projet de loi, la FTQ signale que le gouvernement a offert, à ses travailleuses et travailleurs, une hausse salariale de 1,8 % sur 5 ans et que la moyenne salariale de ces personnes travailleuses est de 44 000 $ par année.

Seules les personnes qui siègent à l’Assemblée nationale peuvent modifier leur salaire. Ainsi, les parlementaires devront voter leur propre augmentation salariale. Une posture à laquelle Québec solidaire s’oppose et que le Parti québécois qualifie de malaisante.


Crédit image @Facebook de François Legault

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