Par Elizabeth Gagné

Le film Les perdants, qui a pris l’affiche à la Maison du Cinéma le 7 mars dernier, entreprend de répondre à cette question : Notre système électoral est-il vraiment démocratique?
Réalisé par Jenny Cartwright, le documentaire, produit par l’Office national du film canadien, suit trois personnes candidates aux élections provinciales québécoises de 2022. Au même moment, le film explore l’histoire, le fonctionnement et les potentielles failles du système électoral québécois. Parmi les candidats et candidates suivis, Renaud Blais, du Parti nul, cherche à faire reconnaître les votes blancs, tandis que Chef Thémis du Parti culinaire du Québec propose de remettre l’alimentation au centre de nos décisions. Elza Kephart, quant à elle, donne une voix aux revendications climatiques.
Complexe, le système politique québécois
Comprendre le système politique québécois n’est pas facile. Il a fallu énormément de temps et de recherche de la part de la réalisatrice pour mener ce film à terme. Au commencement du projet, Jenny Cartwright avait l’ambition de couvrir les élections de 2018.
« Avec le recul je trouve que j’avais beaucoup d’ambition de faire ce film-là, en 2018, j’avais beaucoup moins d’expérience en tant que réalisatrice. À l’époque, je n’avais pas eu l’idée de faire des moments capsules donc des moments animés, je voulais vraiment suivre les gens. Puisque j’ai eu quatre ans de plus pour y penser, je me suis mise à faire beaucoup de pré entrevues, j’ai parlé à une quarantaine de personnes, dont ceux présentés dans le film. Puis, à un moment donné, quand je me suis rendu compte que c’étaient toujours les mêmes obstacles qui revenaient, j’ai pensé à faire des capsules qui allait désigner ces aspects-là. »
Tels des capsules éducatives, ces « moments animés » apportent une tout autre dimension au film. En effet, elles permettent à travers des exemples clairs et précis d’expliquer certains aspects du système électoral qui sont plus complexes à comprendre sans support visuel. La réalisatrice s’est également servie de ces capsules afin d’appuyer ses propos en montrant des sources documentaires et des statistiques scientifiques donnant ainsi une grande crédibilité au film.
Le pouvoir pour tout le monde?
Comme le dit la narratrice du documentaire : « Dans un système conçu pour et par les gens au pouvoir, le pouvoir n’est pas accessible à tous. » Or, on réalise assez facilement à travers le parcours des trois personnes candidates que cette affirmation est vraie. Si l’on n’a pas les ressources financières et la main-d’œuvre suffisante, il est presque impossible d’accéder au pouvoir. Pourtant ce n’est pas vrai, comme le mentionne Catherine Dorion, que ça prend une maîtrise ou un doctorat pour siéger à l’assemblée. L’ancienne députée renchérit ces propos en disant qu’il n’est pas normal qu’aucune coiffeuse, qu’aucun mécanicien ou qu’aucun barman ne participe à la prise de décision.
Ce documentaire ouvre nos yeux et nos oreilles sur des enjeux graves de notre système politique. Ils nous invitent à réfléchir lors des prochaines élections et à nous poser la question : « De quoi aurait l’air un Québec où les décisions se prennent avec les personnes concernées autour de la table ? »
Source : Office national du film du Canada (ONF)

Elizabeth Gagné
Étudiante à la maîtrise en histoire, Elizabeth a toujours été passionnée par les arts et la culture. Travaillant de pair avec ses collègues depuis 2022 à promouvoir le programme des Passeurs culturels à la faculté d’éducation, elle travaille également depuis un an au Centre culturel de l’Université de Sherbrooke. Intriguée par tout ce qui nous rend profondément humains, elle souhaite élargir et approfondir le sens de la culture en proposant des articles parfois hors normes.