La mission des universités québécoises s’articule principalement autour de deux concepts : la transmission du savoir et la recherche de nouvelles connaissances. Ainsi, les universités regroupent de nombreux chercheurs qui, par leurs innovations, contribuent au progrès de notre société. Néanmoins, le gouvernement du Québec a annoncé des coupes de 203,6 millions de dollars pour les universités et de 18 millions de dollars pour les Fonds de recherche du Québec (FRQ). Ces mesures s’additionnent aux coupes que le gouvernement du Canada a faites au cours des dernières années qui s’élèvent à plus de 10 milliards de dollars pour la recherche universitaire de l’ensemble du pays.
Par Arnaud Prud’homme
Pourtant, la recherche universitaire contribue à l’avancement de notre société. On le constate par la main-d’œuvre hautement qualifiée que constituent les étudiants qui participent aux recherches puisqu’ils sont aptes à travailler dans plusieurs domaines. De plus, ces recherches sont faites dans l’optique de produire des développements et des découvertes qui seront appliqués de façons concrètes. D’ailleurs, les organismes fédéraux exigent au minimum une lettre d’un partenaire industriel attestant que le projet représente un potentiel intéressant pour lui avant d’octroyer une subvention.
Ces recherches permettent également au Québec de compétitionner au niveau international dans certains domaines économiques. Par exemple, la recherche dans le domaine des pâtes et papiers fait bien plus que favoriser le développement des régions forestières puisqu’elle permet également aux forêts québécoises de recevoir une certification environnementale. Grâce à cette certification, les industries québécoises peuvent se démarquer sur le marché mondial des pâtes et papiers qui est de plus en plus exigeant concernant les normes environnementales.
Bien que les mesures du gouvernement du Québec aient été prises récemment, leurs impacts se font déjà ressentir. Deux concours de subventions ont été annulés alors que l’on allait annoncer leur octroi. Ainsi, des chercheurs de l’Université de Montréal qui ont élaboré et entamé des projets de recherches dans le domaine de la santé et des nanotechnologies se sont vu couper l’herbe sous pied. Ce sont pourtant des domaines en pleine expansion qui jouent un rôle important dans notre société et dans l’économie québécoise. D’ailleurs, Sylvain Cloutier, doyen de la recherche à l’École de technologie supérieure (ETS), affirme que le simple gel des embauches nuirait sérieusement à la qualité de la recherche puisque les nouvelles idées proviennent souvent des jeunes professeurs.
Devant ces mesures, la mobilisation de la communauté universitaire est déjà entamée. Des membres de l’Alliance de la Fonction publique du Canada, région du Québec (AFPC-Québec), manifestent le 19e jour de chaque mois sur le campus de l’Université Laval. Cette association regroupe plus de 40 000 membres dans le secteur public fédéral, dans le secteur privé ainsi que dans les universités québécoises. De plus, plusieurs centaines de personnes ont participé à la grande marche pour l’éducation qui se tenait à Montréal. Cette marche a réuni des groupes étudiants et syndicaux.
Renoncer ainsi au progrès, à l’innovation et à notre développement socio-économique semble un choix plutôt étonnant de la part de nos élus. D’ailleurs, cette décision contraste avec les dernières politiques qui ont fait en sorte que le Québec comptait trois universités parmi les dix premières du classement des universités canadiennes pour les fonds de recherche en 2013. En diminuant ainsi l’apport des fonds publics ou en l’octroyant sous condition, le caractère industriel et commercial que l’on a si souvent reproché aux recherches universitaires ne peut que s’accroître. C’est à se demander ce qui motive réellement la recherche : le bien-être de la population ou le seul bien-être de certaines industries?