Par Alizé Cassivi
Dans le cadre de la semaine culturelle autochtone, le comité Kassiwi diffusait, le 8 février dernier, le documentaire Ce silence qui tue à La Capsule. Réalisé par Kim O’Bomsawin, le reportage dénonce l’indifférence générale du sort de milliers de femmes autochtones violentées, disparues et assassinées au Canada.
Une trentaine d’individus se sont rassemblés vendredi soir au Bistro Cinéma La Capsule pour assister à la projection de Ce silence qui tue. En guise d’introduction, il y est dit que le reportage choque : il est possible de sortir au besoin. Ainsi s’amorce le périple, d’une heure et vingt minutes, au cœur de la réalité brutale des femmes autochtones.
Elles ne se tairont plus
Par son documentaire, la cinéaste abénaquise Kim O’Bomsawin vise à faire connaître la problématique que vivent les femmes autochtones. Au Canada, il est estimé que 80 % des femmes autochtones ont subi de la violence. C’est grâce aux témoignages de femmes comme Angel Gates, Audrey Siegl, Lorelei Williams et Gil Kiit Jaad que ce nombre évoque un autre sens. Il est question ici de personnes ayant des émotions et des sentiments. En racontant leurs histoires au passé commun, les femmes autochtones désirent briser la chaîne de violence qui s’opère depuis des générations.
Dans le reportage, Angel Gates décrit une enfance volée. Cette autochtone de 40 ans, dont la mère a connu un mari violent, a commencé la prostitution à l’âge de dix ans. Aujourd’hui, elle tente de se reconstruire malgré des souvenirs qui la hantent. Ainsi, les femmes autochtones subissent les conséquences d’un passé douloureux. Drogues, tortures, viols, suicides, assassinats : ces mots désignent leur quotidien. Les femmes autochtones sont ciblées et elles en ont assez.
« Les femmes autochtones ont huit fois plus de chances d’être assassinées que n’importe quel autre citoyen canadien. »
Un passé qui se répète
En 1876, la loi sur les Indiens est adoptée au Canada. Les Autochtones sont placés dans des réserves, et ils n’ont plus de droits. Aux yeux de l’État, ils deviennent des enfants, lesquels il faut rapidement assimiler. Les pensionnats ont ébranlé la vie de toutes les communautés autochtones. Ils ont déchiré des familles, enlevé l’enfance de plusieurs, et surtout, causé un traumatisme sur des générations entières.
« Ce sont nos nouveaux pensionnats autochtones. »
Pris dans un cycle de violence, plusieurs Autochtones, qui espèrent une vie meilleure, quittent leur réserve pour le milieu urbain. Mais, l’histoire continue. À Vancouver, les plus démunis se retrouvent à Downtown Eastside, un des quartiers les plus pauvres de la Colombie-Britannique. L’itinérance, la prostitution et la drogue sont présentes. Sans moyens, plusieurs se logent dans des habitations à prix modique peu sécuritaires. « Ce sont nos nouveaux pensionnats autochtones », explique Gil Kiit Jaad. Encore une fois, ils sont victimes de nombreux abus. L’histoire recommence.
Une question de sécurité
Le reportage remet en cause la sécurité accordée aux femmes autochtones. Selon le documentaire, le système canadien actuel échoue quant à la protection de ces femmes. En 2014, la GRC recensait plus mille femmes autochtones assassinées ou disparues au Canada. De plus, il est mentionné que le racisme envers les autochtones existe toujours aujourd’hui.
« Les solutions passent par le système politique et les choix de société que nous ferons tous. »
La semaine culturelle autochtone à l’UdeS
Du 4 février au 8 février dernier, la culture autochtone était à l’honneur à l’Université de Sherbrooke. Organisée par le comité Kassiwi, la semaine culturelle autochtone visait à sensibiliser la communauté de l’UdeS à la réalité autochtone d’aujourd’hui.
Le comité Kassiwi, créé au mois d’août 2018 par des étudiants, a pour but de faire découvrir la culture autochtone, mais aussi de faciliter l’intégration d’étudiants autochtones au sein de l’Université.
Crédit Photo @ Canal D