L’égalité des mamelons

Par Audrey Cournoyer et Émilie Lalonde

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Nous vivons à l’ère des changements et de la prise de parole. Comme le proclame haut et fort, Justin Trudeau, notre nouveau premier ministre: «Nous sommes en 2015!» Ceci explique pourquoi les deux sexes sont représentés en nombre équivalent à son cabinet. Toutefois, l’égalité, l’avons-nous atteinte?

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Nous ne le croyons malheureusement pas. Malgré l’effervescence des réseaux sociaux qui caractérise notre époque, les femmes sont encore brimées dans leur liberté d’expression. Les normes sociales les empêchent de se montrer seins nus, alors qu’aucune censure n’est exercée pour les hommes. Un mouvement protestataire au nom accrocheur a donc vu le jour aux États-Unis en 2012 pour contrer cette inégalité: Free The Nipple. Voilà exactement ce que nous désirons!

D’abord, la Charte canadienne des droits et libertés ne discrimine ou ne favorise personne en fonction de l’origine, la religion, l’âge ou, dans le cas qui nous concerne actuellement, le sexe. Elle s’applique également à tout un chacun. Alors pourquoi les réseaux sociaux tels que Facebook, Instagram ou Twitter mettent-ils en place des politiques discriminatoires basées sur le sexe? En effet, la nudité masculine est davantage tolérée que la nudité féminine sur ces plateformes. On acceptera la photo d’un homme torse nu, mais une image similaire représentant une femme seins nus sera rapidement retirée par les autorités du site. Ces règlements n’iraient-ils pas à l’encontre des droits et libertés des Canadiennes? Nous croyons que oui: une telle ségrégation s’avère anticonstitutionnelle.

Profondément ancrées en nous, ces valeurs de justice créent un désir de s’impliquer pour la cause. Des femmes de tête telles que Lena Dunham, Liv Tyler et Miley Cyrus se rebellent avec Free The Nipple. De plus, des hommes se rallient au mouvement. L’acteur, Matt McGorry, a publié une photo de lui torse nu où il a remplacé ses mamelons par ceux de deux personnalités féminines connues. La légende du cliché explique la signification et la portée de son geste. Nous devons mettre fin aux arrière-pensées transformant la femme en objet. L’organisation souhaite le changement des politiques sur les réseaux sociaux, certes, mais elle encourage également des réformes sociales plus profondes.

La discrimination ne s’arrête pas à l’espace numérique. Sur la place publique, c’est-à-dire les endroits où les peaux s’exposent, on retrouve une situation semblable. En effet, dans les publicités, dans les magazines, à la télévision ou dans les lieux communs, les corps des femmes, bien que présents, sont toujours plus cachés que ceux des hommes. On considère acceptable de voir les pectoraux d’un homme, mais la poitrine d’une femme doit absolument être couverte. Il s’agit là pourtant du même morceau de chair. Si nous poussons la réflexion plus loin, on notera qu’un sein dénudé nourrissant un enfant n’est pas accepté unanimement non plus, alors qu’il représente un acte naturel. Cette comparaison démontre clairement l’inégalité et le ridicule d’une telle conjoncture. Le fait de tolérer une certaine nudité masculine en public, mais de refuser une nudité féminine similaire constitue une forme de discrimination sexuelle.

Pour toutes ces raisons, nous souhaitons l’égalité: que les femmes détiennent, comme les hommes, le choix de se montrer ou non. Libérons les mamelons!


© Vivy – Tous les jours de ma vie

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