Par Sarah Gendreau Simoneau

Le changement d’heure effectué le 9 mars dernier fait encore parler ce printemps, tout comme il a fait couler beaucoup d’encre l’automne dernier. Chaque fois, c’est la même chose, les gens trouvent cette pratique inutile et dépassée.
D’ailleurs, le ministre de la Justice et procureur général du Québec, Simon Jolin-Barrette, a profité du retour à l’heure avancée pour annoncer les résultats de la consultation publique menée à ce sujet l’automne dernier.
Selon cette dernière, 91 % des répondants souhaitent qu’on cesse d’avancer et de reculer l’heure chaque printemps et chaque automne.
Parmi les 214 000 réponses enregistrées, 72 % des personnes répondantes ont indiqué qu’ils voudraient la fin du changement d’heure, mais souhaitent conserver l’heure d’été tout au long de l’année.
La population, dans les commentaires de cette consultation en ligne, semble préoccupée par les effets du changement d’heure, notamment sur le sommeil, la santé physique et mentale et les heures d’ensoleillement.
Rappelons que les participants pouvaient opter pour l’adoption permanente de l’heure normale, opter pour l’heure « d’été » ou encore choisir le statu quo.
« Des réflexions et des consultations supplémentaires sont nécessaires pour s’assurer de prendre la meilleure décision pour les citoyens. La volonté des Québécoises et des Québécois de mettre fin au changement d’heure est très claire et soyez assurés qu’elle guidera la suite de nos travaux dans ce dossier », a déclaré le ministre Jolin-Barrette par voie de communiqué.
Un débat partout, un historique plus que centenaire
Le débat entourant le changement d’heure se pose également dans d’autres provinces, notamment en Ontario, où les parlementaires ont adopté en 2020 une loi abolissant la pratique à condition que le Québec et l’État de New York fassent pareil.
Notons qu’ailleurs au Canada, la Saskatchewan ne change plus l’heure depuis le milieu du 20e siècle, de même que le Yukon depuis 2020. Dans plusieurs pays des autres continents, notamment au Mexique, en Argentine, en Russie et en Turquie, le changement d’heure a été aboli dans les dernières années. Le questionnement est également présent en France et aux États-Unis.
C’est pendant la Première Guerre mondiale, en 1918, que la Chambre des Communes du Canada a adopté la Loi concernant l’utilisation de la lumière du jour dans le but d’économiser l’électricité et de maximiser l’utilisation de la période d’ensoleillement. Puis, en 2006, le Canada a adopté la Loi sur le temps légal visant à normaliser l’heure entre le Canada et les États-Unis, qui venaient d’adopter l’Energy Policy Act de 2005 ayant pour but l’économie d’énergie dans une optique environnementale.
Depuis 2007, la période d’application de l’heure avancée est plus longue de quatre ou cinq semaines, puisque nous avançons maintenant l’heure le deuxième dimanche de mars (plutôt que le premier dimanche d’avril) et que nous revenons à l’heure normale le premier dimanche de novembre (plutôt que le deuxième dimanche d’octobre).
Les effets néfastes du changement d’heure
Une étude américaine indique que les Américains apprécient l’heure d’été parce qu’il y a plus de lumière le soir et qu’on peut faire plus de choses en soirée. L’autre facteur qui joue en faveur d’une conservation de l’heure d’été à l’année est le coût social et sur la santé de la population du changement d’heure saisonnier.
Selon les recherches, il ne s’agit évidemment pas seulement de perdre ou de gagner une heure de sommeil. C’est un dérèglement de l’horloge biologique qui régule le cycle éveil-sommeil, mais aussi plusieurs autres fonctions physiologiques dans le corps.
Le changement d’heure a des effets néfastes sur les fonctions cardiaques, la tension artérielle, la régulation des hormones, le métabolisme, le système immunitaire, l’humeur et certaines fonctions intellectuelles.
L’anxiété et la dépression sont également augmentées, notamment chez les enfants, les adolescents, les personnes âgées et les gens atteints d’une maladie chronique.
Des études font même un lien avec une augmentation des accidents routiers et des blessures au travail. La perte d’exposition à la lumière matinale, qui permet à notre horloge biologique de se réguler efficacement, en est la principale cause. Les chercheurs recommandent donc qu’on revienne à l’heure normale de façon permanente (heure d’hiver) plutôt que d’adopter l’heure avancée à l’année.
Parce qu’en somme, l’heure d’été n’apporte pas plus de lumière, on induit plutôt un décalage dans les périodes où on est exposé à la lumière. Oui, c’est pratique avoir une heure de plus le soir pour s’adonner à des activités, mais, en réalité, on a avant tout besoin de la lumière le matin. Il s’agit d’une question de santé plutôt que de préférence.
Faits sur le changement d’heure
— La France avance l’heure environ deux semaines après le Canada au printemps. L’hiver, les Français reculent l’heure environ une semaine avant nous.
— D’ailleurs, le changement d’heure ne se fait pas aux mêmes dates dans tous les pays. L’adaptation des horaires coûte plus de 100 millions $ aux compagnies aériennes. C’est un problème pour toute l’industrie de transport de passagers, même si le changement d’heure s’effectue la nuit.
— Les Îles-de-la-Madeleine vivent toujours à l’heure des Maritimes (heure de l’Atlantique).
— Terre-Neuve affiche une demi-heure de moins que les autres provinces de l’Atlantique.
— On perd en moyenne 40 minutes de sommeil quand on passe à l’heure avancée.
— Seulement le quart de la population mondiale applique le changement d’heure. Des pays populeux comme le Japon, la Chine et l’Inde gardent l’heure normale en tout temps. Les pays près de l’équateur ne changent pas l’heure, car la différence de lumière du jour entre les saisons est négligeable.
— L’industrie des bonbons a fait campagne plus de 20 ans pour allonger la période à l’heure avancée. Depuis 2007, l’heure normale revient seulement en novembre. Les enfants ont ainsi une heure de plus de lumière pour passer l’Halloween. L’industrie du golf a aussi utilisé des lobbyistes pour que l’heure avancée dure jusqu’en novembre. Les fabricants de grills estiment qu’il se vend annuellement aux États-Unis 200 millions de plus de charbon de bois depuis qu’on a étiré l’heure avancée de quelques semaines.
Source : FreePik

Sarah Gendreau Simoneau
Passionnée par tout ce qui touche les médias, Sarah a effectué deux stages au sein du quotidien La Tribune comme journaliste durant son cursus scolaire, en plus d’y avoir œuvré en tant que pigiste durant plusieurs mois. Auparavant cheffe de pupitre pour la section Sports et bien-être du journal, et maintenant rédactrice en chef, elle est fière de mettre sa touche personnelle dans ce média de qualité de l’Université de Sherbrooke depuis mai 2021.
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