Débourser pour travailler ?

Par Alexanne Laplante

« J’comprends pas les épais qui paient pour aller faire de l’aide humanitaire. Tu peux payer deux fois moins cher et aller passer une semaine dans un tout inclus à Cuba. » Voici un commentaire que j’ai vu passer dans mon fil d’actualité cette semaine. Pour les besoins de la cause, les fautes d’orthographe et les sacres ont été omis.

Je dois avouer que ça m’a un peu choqué. Tout être humain a droit à son opinion, mais dénigrer ceux qui pensent différemment dépasse les limites de la liberté d’expression. Qui que tu sois, ami d’un ami Facebook, voici pourquoi je te scande haut et fort que je préfère largement de´penser pour un voyage d’aide humanitaire que pour un tout inclus, tout en ayant vécu les deux situations.

Le principal argument est, selon moi, d’avoir la possibilité de joindre l’utile à l’agréable. Tu as la chance d’avoir eu accès à l’éducation, tu as peut-être la chance d’avoir des compétences manuelles et c’est gratifiant de partager ton savoir avec ceux qui n’ont pas eu les mêmes privilèges. C’est comme un échange de services; tu offres ton aide dans une communauté et, en échange, elle te fait découvrir un pays, une nation et une culture. Chose qui ne se produit pas vraiment dans un Club Med.

On ne peut ignorer le côté spirituel d’un voyage d’aide humanitaire. Qu’on le veuille ou non, on en ressort grandi. Après avoir vécu quelques semaines ou quelques mois dans une communauté plus démunie, on apprécie beaucoup plus les petits luxes qu’on avait fini par ne plus voir avec le temps. Quand tu as habité pendant un certain temps dans un endroit où l’eau chaude n’est pas courante, tu te rends compte à quel point c’est un luxe que de pouvoir prendre un bon bain chaud. Même chose pour la nourriture. En tant qu’occidentaux, nous sommes habitués à ce que les aliments parviennent à nous prêts à être cuisinés. Croyez- moi, on ne voudrait pas toujours savoir comment notre bouffe s’est rendue dans notre assiette…

Dans la plupart des cas, un voyage d’aide humanitaire peut s’inscrire dans l’écotourisme, ou le tourisme vert. C’est une forme de tourisme soucieuse de l’environnement et de la préservation des écosystèmes, mais aussi qui veille à fournir de l’emploi aux habitants locaux. C’est à ça que peuvent servir les frais dans un voyage d’aide humanitaire. Personnellement, j’aime mieux payer pour soutenir une communauté dans le besoin que de financer des multinationales qui ont ravagé des paradis terrestres avec leurs immenses complexes hôteliers.

Finalement, faire de l’aide humanitaire, ça te permet de sortir de ta zone de confort. Tu dépasses tes limites et tu apprends à te connaître. « Un voyage est la seule chose que tu achètes qui te rend plus riche. » Ce proverbe prend tout son sens. Je ne dis pas qu’aller passer deux petites semaines à Punta Cana est une mauvaise chose, j’essaie juste de promouvoir l’aide humanitaire et de convaincre quelques voyageurs de faire le grand saut!


Crédit photo © www.jvsmtogo.org

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