À quoi s’attendre en environnement pour 2025? 

Par Sarah Gendreau Simoneau 

Les catastrophes météorologiques, telles les inondations, ont encore une fois marqué l’année qui vient de se terminer. 

L’année 2024 a été marquée par des événements météo exceptionnels partout dans le monde. C’est, malheureusement, ce qu’annonçaient les prévisions des scientifiques ces dernières années. Le réchauffement de la planète augmente les risques de tempêtes et d’intempéries de tous genres, et ce, de plus en plus intensément.  

Pluies torrentielles, inondations, sécheresses, feux de forêt, ouragans et cyclones ont frappé de plein fouet la Terre ces 12 derniers mois. Encore une fois, 2024 entre dans le record historique de réchauffement climatique et 2025 risque fort d’accoter ces mêmes températures élevées, selon des données publiées la semaine dernière par Environnement et Changement climatique Canada (ECCC). 

Ce sont des tendances alarmantes de réchauffement planétaire qui sont mises en lumière par les prévisions climatiques fédérales. Le ministère précise que « 2025 s’annonce être une année plus chaude que toutes les années consignées avant 2023 ». 

La température moyenne mondiale annuelle en 2025 devrait concrètement se situer « entre 1,35 °C et 1,55 °C (avec une estimation centrale de 1,45 °C) » au-dessus de la moyenne de la période préindustrielle, soit avant l’utilisation massive d’énergies fossiles. Ça sera la « douzième année consécutive où les températures dépasseront d’au moins 1,0 °C les niveaux préindustriels », précise ECCC. 

Le ministère explique que les températures sans précédent des dernières années sont dues à de multiples facteurs, notamment des eaux océaniques exceptionnellement chaudes et un puissant El Niño, aggravés par la tendance à long terme du réchauffement planétaire d’origine humaine.  

Est-il trop tard? 

Selon des experts, il n’est pas trop tard pour agir en matière de climat et d’environnement. Il faut cependant accélérer les efforts. 

En gros, ce n’est pas encore la fin du monde et on peut toujours faire quelque chose pour améliorer le sort de la planète. « On a franchi le niveau où il y a plus d’événements perturbateurs, mais ça ne veut pas dire que tout le monde meurt », explique à La Presse la professeure Sophie L. Van Neste, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en action climatique urbaine de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS).  

Alain Bourque, directeur général du consortium québécois de recherche sur la climatologie régionale et l’adaptation aux changements climatiques Ouranos, ajoute que « ce n’est pas parce qu’on dépasse un seuil psychologique que ça change fondamentalement ce qu’il y a à faire ». 

Le seuil de 1,5 °C dépassé en 2024 pourrait redescendre si des actions nécessaires sont réalisées. « On a encore quelques années devant nous pour essayer de renverser la tendance ainsi que tous les outils disponibles et une acceptabilité sociale grandissante pour le faire », souligne le professeur Jérôme Dupras, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en économie écologique et titulaire de la Chaire UNESCO en évaluation socio-économique de la biodiversité et des écosystèmes.  

Pas de panique! 

Ce qui est positif, c’est que nous sommes au courant des solutions et que ces dernières sont maîtrisées, rappellent les experts qui soulignent également que c’est sur la volonté d’agir rapidement et profondément qu’il faut travailler. 

C’est sûr que, si nous pensons au retour au pouvoir de Donald Trump, de la menace des conservateurs d’abolir des mesures climatiques fédérales, la guerre en Ukraine, etc., c’est inquiétant pour le climat, mais il ne faut pas oublier le travail effectué par les gouvernements infranationaux. « Quand on parle des solutions climatiques, il faut aussi parler des provinces, des États, des municipalités, où les actions sont importantes », rappelle Rick Smith, président de l’Institut climatique du Canada. 

Voir le franchissement du seuil de 1,5 °C de réchauffement doit donner l’impulsion à des changements systémiques importants et accélérés en matière climatique, notamment en adaptation, selon les experts. 

Sophie L. Van Neste croit que c’est « peut-être une étape nécessaire pour arrêter de se mettre la tête dans le sable » et rappelle que l’action climatique sera bénéfique, peu importe où le mercure s’arrêtera sur le thermomètre. 

Quels enjeux surveiller en 2025 

Même s’il ne faut pas s’affoler, en plus des vagues de chaleur et des phénomènes météorologiques préoccupants, l’année 2025 sera déterminante pour plusieurs enjeux environnementaux majeurs au Québec et dans le monde. En voici deux que nous suivrons certainement au Collectif

Trump et le climat 

Le retour de Donald Trump à la tête des États-Unis sera certainement à suivre, particulièrement en matière de lutte contre la crise climatique. Défenseur de l’exploitation des énergies fossiles, il a nié à plusieurs reprises la réalité du réchauffement de la planète. Il espère aussi augmenter l’extraction pétrolière et gazière dans un pays qui est déjà le premier producteur mondial de pétrole et le premier exportateur de gaz naturel liquéfié. 

Il se pourrait que le gouvernement de Trump abolisse différentes mesures essentielles à la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) des États-Unis, notamment avec la mise de côté de l’objectif de décarbonation du réseau électrique, l’abrogation des nouvelles réglementations sur les émissions des voitures et le retrait de soutiens financiers aux énergies renouvelables. Il a d’ailleurs l’intention de retirer les États-Unis, deuxième émetteur mondial de GES, de l’Accord de Paris. 

Le caribou forestier 

Au Québec, on surveillera les populations de caribous qui sont en déclin. Les analyses scientifiques indiquent que l’exploitation forestière industrielle serait particulièrement responsable du recul d’une espèce considérée comme « un indicateur de la santé de nos écosystèmes », indique Le Devoir

Une stratégie est attendue depuis plus de cinq ans pour freiner le déclin. En 2024, le gouvernement Legault a lancé une « consultation » sur des mesures censées mieux protéger 3 des 13 populations qui vivent sur le territoire québécois. Il souhaite ainsi mettre en place des mesures de protection pour les caribous de la Gaspésie, pour ceux actuellement en captivité dans Charlevoix, et pour une population de la Côte-Nord. On pourra suivre l’avancement de tout ça cette année, mais le gouvernement a prévu de laisser la porte ouverte à la poursuite d’activités industrielles dans des habitats propices…  

Le fédéral, quant à lui, songe toujours à imposer un éventuel décret pour protéger l’habitat des hardes de Val-d’Or et de Charlevoix, et celle du Pipmuacan, qui subsiste au nord-est du Lac-Saint-Jean. Le territoire de cette dernière a déjà été ciblé pour la création d’une aire protégée, mais le projet a été rejeté en 2020 par Québec. 


Source: Futura Sciences

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