Une crise des médias sans précédent 

Les coupures chez TVA, le programme de départ volontaire qui coupe 125 postes chez les Coops de l’information, les décisions difficiles à prendre à Radio-Canada, le blocage des nouvelles des médias canadiens sur les plateformes de Meta : où s’en va l’information?  

Les salles de rédaction se vident. Les chaînes de télévision sont délaissées. Les budgets ne sont pas assez élevés pour la pérennité de notre culture. Comment feront les prochaines générations, et même la nôtre, dans quelques années, pour s’informer correctement? Déjà, on observe une désinformation qui s’installe. 

La crise des médias est de plus en plus foudroyante et l’information régionale disparaît tranquillement avec tout ce que ça implique pour les communautés hors des grandes villes. 

La faute aux journalistes? 

Pour le ministre de la Culture, Mathieu Lacombe, les journalistes auraient aussi leur part de responsabilité dans la perte de confiance d’une partie de la population envers le journalisme et les médias. 

Lors du congrès annuel de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), à Saint-Sauveur, il a évoqué cette méfiance de plusieurs envers le travail journalistique, même s’il a énoncé qu’il est essentiel de soutenir l’industrie. « Certains diraient qu’en tant que journalistes, notre capacité d’autocritique est un peu mince. Mais avec l’expérience professionnelle qui est la mienne, je crois vraiment que les médias doivent se demander ce qu’ils peuvent faire pour regagner la confiance des citoyens », peut-on lire dans Le Devoir.   

Le ministre a d’ailleurs évoqué un sondage de la firme Léger qui indiquait que 42 % des gens au Québec n’ont pas ou presque pas confiance en les médias. L’ancien président de la FPJQ, Michaël Nguyen, explique cette méfiance par le manque d’éducation aux médias puisque plusieurs personnes ne semblent pas faire la différence entre une chronique d’opinion et un article objectif, ce qui peut, en effet, être un problème pour la compréhension de l’actualité. 

Selon M. Lacombe, il ne s’agirait pas de la seule cause du manque de confiance de la part du public. Il pense que les critères déontologiques de la profession devraient être plus élevés, sans influencer pour autant le contenu. « Est-ce qu’il y a des formats de reportages, par exemple, que l’on devrait mieux soutenir? Il n’y a pas qu’un seul chemin pour retrouver la confiance du public », explique-t-il. 

Le nouveau président de la FPJQ, Éric-Pierre Champagne, énonce le fait que plusieurs mélangent les dossiers. En effet, il est d’avis que certains prennent la crise actuelle que vivent les médias en conséquence immédiate de la perte de confiance des gens. Il affirme que les journaux au Québec, même au Canada, n’ont jamais eu autant de lecteurs et de lectrices. Il conçoit que le niveau de confiance envers les médias est un enjeu, mais pour lui, ce sont deux sujets complètement différents.  

Le Devoir rapporte d’ailleurs que M. Champagne indique que « toutes les institutions connaissent une perte de confiance, dont le milieu politique qui joue un rôle important dans la confiance du public envers les médias ». Il rappelle que des politiciens ont évoqué des fake news en parlant d’articles « qui ne faisaient pas leur affaire » et que ça contribue à la méfiance du public envers les journalistes.   

Solutions et avenir des médias 

La ministre du Patrimoine canadien, Pascale St-Onge, espère que la Loi sur la radiodiffusion (C-11) et la Loi sur les nouvelles en ligne (C-18) pourront aider les médias étouffés par les géants du Web et les plateformes de diffusion numériques. 

Selon elle, il faut s’assurer de la viabilité et du succès des médias d’information « parce que c’est fondamental dans notre démocratie ». Elle est d’ailleurs ouverte à la création d’un Fonds d’urgence pour les médias. « Il y a eu beaucoup de fermetures, il y a eu des annonces de mises à pied, on le sait que nos salles de nouvelles sont fragilisées. Je suis à l’écoute de toutes les propositions et les solutions, mais la voie qu’on va choisir, ça va toujours être celle de préserver l’indépendance des médias », énonce-t-elle, en entrevue avec La Presse.  

La compétition entre les médias d’ici et les géants du Web est féroce. Le licenciement de 547 employés de TVA pour sauver le réseau de télévision en est la preuve.  

Une entente entre Ottawa et Google 

D’ailleurs, Ottawa a finalement réussi à s’entendre avec Google, trois semaines avant l’entrée en vigueur de la loi C-18. Le géant du Web menaçait de retirer de son moteur de recherche les liens vers les articles d’actualité, comme ce que fait Meta depuis cet été. Ce dernier n’a d’ailleurs pas l’intention de revenir sur sa décision.  

Ce qui est prévu par cette entente, c’est que Google prévoit verser une somme de 100 millions de dollars par année aux médias canadiens, indexée sur l’inflation. C’est tout de même moins que ce qu’avait estimé le ministère du Patrimoine canadien, qui visait 172 millions.  

Le fonctionnement déterminé est que Google versera la somme à un collectif qui lui pourra le distribuer aux médias d’information admissibles « selon leur nombre d’équivalents temps plein en journalisme », selon le ministère. La part que recevra chaque média n’est pas encore déterminée.  

La FPJQ est heureuse de ce dénouement. « Ces sommes vont contribuer à soutenir des médias d’ici qui souffrent de la domination presque totale des géants du Web dans le marché publicitaire au Canada », précise le président, Éric-Pierre Champagne. Il est d’avis qu’il est important « de se doter de lois face à ces grandes firmes ».  


Source: Pixabay

Sarah Gendreau Simoneau
Rédactrice en chef et directrice volet production, auparavant cheffe de pupitre SPORT ET BIEN-ÊTRE at journal Le Collectif | Website | + posts

Passionnée par tout ce qui touche les médias, Sarah a effectué deux stages au sein du quotidien La Tribune comme journaliste durant son cursus scolaire, en plus d’y avoir œuvré en tant que pigiste durant plusieurs mois. Auparavant cheffe de pupitre pour la section Sports et bien-être du journal, et maintenant rédactrice en chef, elle est fière de mettre sa touche personnelle dans ce média de qualité de l’Université de Sherbrooke depuis mai 2021.  

Elle s’efforce, avec sa curiosité légendaire, de dénicher les meilleurs sujets diversifiés pour vous! 

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