Par Elizabeth Gagné

Actions interculturelles Sherbrooke lançait, le vendredi 21 mars dernier, sa campagne On se ressemble plus qu’on pense. En concordance avec la journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, l’organisation a donné le coup d’envoi en révélant les quinze affiches qui seront exposées un peu partout à Sherbrooke, mais également à travers le Québec.
Il s’agit d’une belle occasion de faire rayonner la ville de Sherbrooke à travers la province et d’afficher son ouverture à l’autre.
Pour l’occasion, divers partenaires de la campagne, dont le recteur de l’Université de Sherbrooke, Pierre Cossette, se sont rassemblés afin d’assister au dévoilement. M. Cossette était accompagné d’une des figurantes de l’affiche, Perle Aurore Sana, diplômée au Baccalauréat multidisciplinaire à l’UdeS et en Études féministes et de genre.
Parmi les partenaires, on retrouve également le CIUSSS de l’Estrie – CHUS, le Baobab Café, le Cégep de Sherbrooke, le Centre Saint-Michel, la Résidence Manoir St-Francis, la Maison des Grands-Parents de Sherbrooke, le Théâtre Granada et plusieurs autres.
Sur l’affiche de la campagne figure l’archidiocèse de Sherbrooke, l’Association Culturelle Islamique de l’Estrie (ACIE), l’église Unie Plymouth-Trinity et le Centre Culturel Islamique de Sherbrooke (CCIS). Lors d’un exercice de discussion et de rapprochement, ces différentes congrégations et associations religieuses se sont rassemblées afin de partager un moment symbolique d’unification immortalisé en photo et repris pour la campagne. « Un moment qui marquera l’histoire de Sherbrooke », s’est exclamé Mahomed Soulami, directeur général d’Actions interculturelles, au moment de dévoiler l’affiche.
Plusieurs personnalités politiques étaient présentes au lancement, dont Élisabeth Brière, députée fédérale de Sherbrooke, Raïs Kibonge, conseiller municipal du district du Lac-des-Nations, qui se présente aux élections municipales, ainsi que Fernanda Luz qui est venue représenter la mairesse de Sherbrooke, Évelyne Beaudin. Plusieurs visages de la campagne et des représentants des partenaires étaient aussi au rendez-vous, ce qui a donné des moments d’échange et de collaboration.
Dans l’objectif de créer des ponts entre les communautés et de mettre de l’avant les valeurs communes qui nous unissent, la campagne veut marquer l’occasion en affichant un peu partout dans la ville des affiches et des publicités qui illustrent la richesse et l’apport inestimable des communautés culturelles à notre société.
« Chaque visuel capte des instants de vie authentiques dans divers milieux, où des personnes de la communauté d’accueil et des communautés culturelles interagissent, collaborent et évoluent ensemble, démontrant ainsi que l’inclusion se construit au quotidien. » Les objectifs de cette campagne sont de briser les barrières, de combattre les préjugés et de bâtir ensemble une société plus inclusive, où chacun trouve sa place et contribue à un avenir commun empreint de respect et de solidarité.
Coup d’œil sur Actions interculturelles
Actions interculturelles est une organisation pancanadienne qui intervient à l’échelle régionale, mais également au provincial et aux national. Il s’agit d’un organisme de chez nous qui œuvre depuis plus de 35 ans à promouvoir l’inclusion, l’égalité des chances et la sensibilisation au vivre-ensemble. Son fondateur, Mohamed Soulami, ancien étudiant de l’Université de Sherbrooke originaire du Maroc, est venu effectuer deux mois de stage à l’époque.
En arrivant à l’Université, dans les années en 1990 et 1991, il a été marqué par le nombre d’étudiants internationaux présents sur le campus et le fait que très peu de gens étaient au courant de cette diversité. De nature sociable, M. Soulami allait à la rencontre de ces étudiants et étudiantes avec qui il a partagé une grande richesse culturelle. Se rendant compte qu’il ne devait pas être le seul à profiter de ces échanges extraordinaires, lui et quelques-uns de ses amis ont organisé des activités qui permettaient de faire découvrir cette richesse culturelle avec le reste de la communauté universitaire.
La première activité, le Souper des peuples du monde, ayant connu un succès fulgurant, ils ont décidé de fonder l’Association interculturelle de l’Université de Sherbrooke. Puis, ils se sont impliqués avec la semaine interculturelle nationale, décrétée en 1991 par le gouvernement, en organisant plus d’une dizaine d’activités sur le campus. De fil en aiguille, plusieurs activités ont eu lieu tel qu’un 5 à 7 hollandais, une soirée latino avec un défilé, une soirée québécoise, etc. Durant les premières années de l’Association, ils ont dénombré des étudiants de 52 origines diverses, « mais les gens n’en savaient rien », dit Mohamed Soulami. C’est pour cette raison qu’ils ont créé l’association afin de faire profiter de cette richesse à tout le monde. L’Association interculturelle de l’Université de Sherbrooke a été le noyau à la base de l’organisme Actions interculturelles que nous connaissons aujourd’hui qui s’implique à travers le Canada.
Une force rassembleuse
Mohamed Soulami pense que la « diversité est une force qui nous rassemble et enrichit notre société. À travers cette campagne, nous souhaitons démontrer que nos différences ne sont pas des barrières, mais des passerelles vers une meilleure compréhension et un vivre-ensemble harmonieux ». Les stratégies d’Actions interculturelles « reposent sur l’éducation, la sensibilisation et l’insertion socioprofessionnelle qui se traduisent sur le terrain par des projets et des activités communautaires, de la formation et des services-conseils ». Parmi ces projets, Les voix de la diversité aide des jeunes estriens âgés entre 15 et 35 ans préoccupés par les enjeux du racisme et de la discrimination à poser des actions concrètes pour bâtir une société plus ouverte et inclusive. D’ailleurs, afin de souligner le Mois de l’histoire des Noirs, ce projet avait pour but d’organiser un concours vidéo qui avait pour objectif de faire découvrir la culture noire de l’Estrie. En tout, ce sont 23 jeunes qui ont participé au concours et 19 vidéos ont été présentées au jury, le 14 mars dernier.
La campagne On se ressemble plus qu’on pense ne devait durer que quelques semaines, mais avec l’aide du gouvernement, elle sera prolongée sur trois mois.
Crédit : Actions interculturelles

Elizabeth Gagné
Étudiante à la maîtrise en histoire, Elizabeth a toujours été passionnée par les arts et la culture. Travaillant de pair avec ses collègues depuis 2022 à promouvoir le programme des Passeurs culturels à la faculté d’éducation, elle travaille également depuis un an au Centre culturel de l’Université de Sherbrooke. Intriguée par tout ce qui nous rend profondément humains, elle souhaite élargir et approfondir le sens de la culture en proposant des articles parfois hors normes.