Par Elizabeth Gagné
Notre-Dame de Paris, la cathédrale la plus célébrée de tous les temps, chef-d’œuvre de l’architecture gothique, a été menacée de destruction par les flammes, il y a près de cinq ans maintenant, le 15 avril 2019. Témoin de l’histoire de Paris, elle renaît de ses cendres et a ouvert ses portes pour la première fois depuis l’incendie, le 8 décembre dernier.
Un moment partagé avec un certain nombre de dignitaires et chefs d’État pour célébrer une première messe dominicale remplie d’émotions. L’histoire de la construction de la plus grande cathédrale jamais construite révèle l’exploit de la force humaine qui s’étale sur près de 200 ans de chantier.
Le projet faramineux provient de l’idée de grandeur de l’évêque de Paris, Maurice de Sully, en 1163. À l’époque, c’est le temps des cathédrales. Chaque ville d’Europe veut le plus beau monument dédié à la gloire de Dieu, mais Maurice de Sully voit les choses en grand. Le défi est de taille. La cathédrale a été bâtie sur le sol argileux de l’île de la Cité. Les premiers bâtisseurs ont dû creuser à près de neuf mètres de profondeur afin de poser les fondations. Le chantier a été comparé par des historiens de l’art à une véritable invasion de matériaux.
Notre-Dame de Paris représente une véritable révolution architecturale pour l’époque. Entre autres, la construction de ses voûtes à croisée d’ogives est une avancée qui a permis de donner de la hauteur, près de 35 mètres sous voûte, et de la stabilité à la cathédrale. Pour l’époque, c’est gigantesque. Afin d’éviter que l’édifice s’effondre et pour la protéger du vent, les bâtisseurs ont décidé de mettre les arcs-boutants bien visibles à l’extérieur de l’édifice. Ce sont les plus grands du monde.
La construction de la cathédrale a connu plusieurs étapes et s’étale sur plusieurs siècles. De 1163 à 1182, c’est la nef et le chœur qui sont achevés en premier, à l’aide de matériaux provenant des carrières voisines. En 1177, le chœur de la cathédrale accueille de nombreuses reliques de l’évêché de Paris, des objets qui ont été en contact avec des saints ou des fragments de leur corps que vénèrent les croyants. Parmi ces reliques, un cheveu de la vierge, une pierre qui aurait été utilisée pour lapider Saint-Étienne et un bras qui serait celui de l’apôtre André. Les reliques sont très précieuses pour l’époque. Elles servent à protéger Paris, mais elles servent également à protéger le pouvoir de l’évêché. De 1182 à 1250, le bâtiment principal est enfin achevé. La façade occidentale, le transept (les bras de la croix) et les tours sont construits au XIIIe siècle, entre 1190 et 1230. À cette époque, la cathédrale commence à prendre forme. Entre 1250 et 1350, la finition et les ajouts sont apportés. On y installe entre autres les célèbres vitraux et la flèche trônant sur la cathédrale.
Malheurs de Notre-Dame de Paris
Bien que la cathédrale ait survécu jusqu’à nos jours, elle n’a pas tout le temps connu des jours heureux. Le feu du 15 avril 2019 n’était pas le premier que Notre-Dame de Paris a connu. En effet, dans la nuit du 14 août 1218, deux voleurs auraient pénétré la cathédrale et auraient renversé une chandelle enclenchant un brasier. Même si l’on ne connaît pas l’étendue des dégâts, le feu aurait donné le prétexte pour enclencher une série de travaux de grande envergure, en 1220, pour remettre la cathédrale au goût du jour et pour la solidifier. Les bâtisseurs voulant faire entrer la lumière devaient refaire l’entièreté de la charpente. Constituée de bois, elle a été reconstruite pour qu’elle soit plus résistance. La charpente est également surnommée la forêt, puisqu’elle aurait nécessité près de 2000 chênes. Cette dernière a résisté durant près de huit siècles avant d’être détruite par ce second incendie. La charpente a tout de même protégé les voûtes de l’incendie jusqu’à ce que la flèche cède et s’effondre sur le toit, ce qui a créé le plus de dégât.
Durant la Révolution française, la cathédrale était perçue comme un symbole monarchique et elle a été victime de vandalisme. La galerie des rois, constituée de vingt-huit statues de 3,5 m de haut, qui trônait sur la façade de la cathédrale a été détruite, puisqu’elle symbolisait la monarchie. En 1843, Notre-Dame est en mauvais état. De l’eau s’infiltrait par la toiture jusque dans les colonnes. Sa flèche avait été retirée puisqu’elle présentait des risques d’effondrement. L’édifice avait été abandonné depuis plus d’une soixantaine d’années. Victime du temps et de l’acte humaine, la cathédrale sera pourtant restaurée grâce à l’ouvrage du romancier Victor Hugo. Son livre à succès Notre-Dame de Paris a démontré l’importance historique de la cathédrale pour le peuple français. Ce livre mobilisera toute la nation française dans un effort collectif pour restaurer la cathédrale. Les architectes entreprennent alors une restauration totale de la cathédrale afin de la fortifier et de la redorer : restauration de la galerie des rois, restauration de la flèche médiévale plus monumentale que la précédente, pesant près de 550 tonnes, restauration des vitraux médiévaux et des gargouilles. Ce travail monumental, on le doit au jeune architecte Eugène Viollet-le-Duc, qui a dessiné lui-même toutes les gargouilles et la célèbre flèche. L’inauguration des rénovations, le 15 août 1859, marque la dernière grande construction avant notre époque.
Les célébrations de la grande réouverture de la cathédrale marquent également le travail de moine des différents spécialistes qui ont participé à la reconstruction et à la restauration de Notre-Dame. La forêt a été reconstruite de manière identique avec les mêmes matériaux et les mêmes techniques médiévales. Respectant les techniques d’époque de construction et en sauvegardant le plus de matériaux originaux, la cathédrale a retrouvé son éclat. Les travaux ont également permis de faire quelques découverts archéologiques, comme certaines sculptures médiévales et architecturales, notamment sur la construction des voûtes. Le nettoyage des murs, qui n’avait pas été fait depuis 1834, a révélé des couleurs inimaginables.
Enfin, si vous désirez en apprendre davantage sur l’histoire de la cathédrale, je vous invite à regarder le documentaire, d’où proviennent mes informations, sur Télé-Québec.
Source: Famille Chrétienne