Michel Barrette, sans filtre et « sans masque »

Par Camille Sévigny

Comme l’Université de Sherbrooke qui continue d’offrir des cours en présentiel, le Centre culturel continue d’offrir des représentations sécuritaires à capacité réduite. Ce fut le cas samedi soir dernier, le 10 octobre 2020, alors que la salle Maurice-O’Bready a accueilli l’humoriste Michel Barrette pour sa toute première représentation depuis le début de la pandémie.

De façon symbolique, ce fut le début d’un dernier chapitre professionnel pour la légende de l’humour québécois, car la tournée du spectacle Sans masque est censée être son ultime lever de rideau.

C’est donc avec beaucoup d’énergie que le comédien a fait son entrée sur une scène épurée, ne comptant qu’une chaise berçante comme accessoire. Michel Barrette était heureux de son retour sur scène, et les quelques centaines de spectateurs, distancés, le lui rendirent bien, emplissant le vide de leurs rires, désireux d’oublier le chaos actuel du monde le temps du spectacle.

À saveur de nostalgie et de mésaventures jurées véridiques, le comédien raconta ces anecdotes comme on les raconte à un grand chum qu’il est bon de retrouver. Faisant les cent pas d’un côté de la scène à l’autre, Michel Barrette ne démordit pas de sa passion évidente de raconter des histoires. Il a peint un portrait attachant, auquel on peut s’identifier facilement et surtout, un peu exagéré de son entourage.

De son talent de conteur naturel, d’une anecdote impossible à l’autre, il nous transporta dans ses souvenirs. Il se remémora par exemple les voyages à Old Orchard avec 10 membres de sa famille, pêle-mêle, et pas attachés en station wagon, et les célébrations des Fêtes avec ses oncles malaisants. Il n’a pas oublié de mentionner sa passion bien connue pour les chars, mais aussi ses grands-parents centenaires qui tiennent bon malgré tout. Un moment marquant fut son sketch sur un voyage en Californie en Winnebago avec ses fils, qui fut teinté d’un empoisonnement alimentaire.

Comme à son habitude, l’humoriste a tenu son public en haleine, laissant libre cours à son franc-parler, ses jurons et ses onomatopées variées, car après tout, le spectacle était censé ne pas comporter de filtre. Son excellente maitrise du sarcasme et de l’ironie a aussi ajouté une saveur toute particulière de demi-vérité à ses histoires.

Une panne d’électricité momentanée, causée par l’orage automnal environ trente minutes après son début, a marqué la représentation. Par contre, cet imprévu n’a pas eu d’autres effets sur l’ambiance dans la salle de spectacle que de créer une plus grande intimité avec l’humoriste. En désarçonnant un peu le quatrième mur, cet imprévu l’a rendu encore plus sympathique (si c’est possible).

Le spectacle de Michel Barrette, Sans masque, fut sans contredis un baume sur le cœur solitaire de tous les spectateurs présents dans la salle. Généreux de sa personne, et désirant marquer le clash des générations présentes dans la salle de façon concrète, l’humoriste a même remis un billet de 10 $ (désinfecté) à un jeune homme dans la vingtaine pour payer sa prochaine brosse.

On lui souhaite de pouvoir conclure cette dernière tournée, mais si jamais la pandémie l’en empêche, on ne sera pas mécontent non plus de profiter de son génie comique encore quelques années.


Crédit Photo @ Michel Barrette

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