Art de rue. Moyen d’expression. Vandalisme. Propagande. Le graffiti a porté plusieurs chapeaux depuis ses débuts dans les métros de New York. Aujourd’hui, il bénéficie d’une reconnaissance sur la scène artistique. De nombreuses tentatives ont été faites pour rendre la pratique légale, mais elles ont apporté leur lot de conditions. Les graffiteurs sont-ils condamnés à pratiquer dans l’illégalité pour respecter l’essence de leur art?
Par Laurence Chiasson
Un peu d’histoire…
La culture du graffiti fait partie de celles qui ont vu le jour à l’ombre des gratte-ciel de la Big Apple, vers la fin des années 60. En peu de temps, cette nouvelle forme d’expression graphique et ses tableaux improvisés se répandront un peu partout aux États-Unis, puis dans quelques grandes villes d’Europe. La popularité du mouvement illégal attirera rapidement les réprimandes des autorités. C’est ce mélange de besoin de création, de défi et de controverse qui poussa des artistes comme Fab Five Freddy à sortir de l’ombre, à officialiser leur titre de « graffiteur » et à troquer les murs de briques pour un tableau. Bien que plusieurs artistes aient suivi les traces de Fab Five en pratiquant leur art de façon plus régulière, d’autres ont préféré rester dans la clandestinité. Se conformer aux lois irait à l’encontre de ces artistes de l’ombre qui préfèrent revendiquer la liberté d’expression et passer un message. C’est dans cette opposition d’idées que certains tracent la ligne entre artistes et activistes.
Pour le Parisien Karim Bourkecha, le graffiti est un art, qu’il soit exercé dans la légalité ou non. Une chose est sûre : cet art est né dans la rue et devrait y rester. « Quand un mec fait une toile de graffiti, j’ai toujours l’impression qu’il a compacté son art », dit l’artiste. Dans son livre qui porte sur les brigades antigraffitis, il explique que cette répression n’a pas eu que des effets négatifs. Selon lui, les styles, les changements de nom et les façons de peindre évoluent en fonction des tentatives coercitives. Graffiti et illégalité iraient donc de pair!
Du côté de la loi…
La lutte aux actes criminels est plus organisée que jamais. Plusieurs grandes villes ont une politique antigraffitis. L’Association canadienne d’échec au crime propose un service d’aide et d’information ainsi qu’une ligne dédiée à la dénonciation d’un acte de vandalisme.
Toutefois, ces mesures ne suffisent pas à bloquer la vague créatrice des artistes de rue. Beaucoup d’entre eux y voient même un défi ou une raison de plus de contourner les règles pour défendre la liberté d’expression. Les autorités et les artistes en sont venus à un certain compromis. Dans le but de laisser place aux artistes de rue et d’alléger les coûts reliés aux programmes antivandalisme, des municipalités offrent maintenant des surfaces où le graffiti peut être pratiqué en toute légalité.
Le hic? La plupart du temps, les espaces sont payants et le graffiti doit être approuvé par un responsable. D’où l’avantage de laisser aller sa création sans limites… et sans permission!