Par Éric Robillard
Le groupe acadien Radio Radio nous revient avec une nouvelle formule pour son quatrième opus, Ej Feel Zoo. Appelons-la « la formule allégée » : le trio devient un duo. Si seulement le régime du band s’était arrêté là. Et non! Ils ont coupé dans le bon gras : on a le droit à des textes peu approfondis, souvent redondants et des flows qui tombent souvent à plat.
Une intro incisive, je l’avoue. En vérité, le nouvel album de Radio Radio n’est pas si médiocre. Il peut toutefois être décevant quand on s’attend à un successeur à Havre de grâce, de loin leur album le plus complet et mature.
Beatmaking génie
Radio Radio étant dorénavant un duo sur les planches, le troisième (ex-)membre, Arthur Comeau, moins reconnu pour son aisance sur scène, signe la totalité de la production. Clairement un beatmaker de nature, Arthur Comeau, aussi connu sous les pseudonymes Nom de Plume et Zander McQuigan, assure côté production.
Reconnu pour sa palette incommensurable d’influences et ses mélanges de genres musicaux, il nous offre un paysage sonore diversifié, original et très entrainant. Des accents rigodons de SuHold, à la bouffée de house de Boomerang, à la vague psychédélique en constante évolution de Psych, cet album est fait pour vous faire danser!
Lyrical déception
Là où Ej Feel Zoo manque d’aplomb, c’est au niveau des textes et du flow. Certes les gars de Radio Radio n’ont jamais été reconnus pour la profondeur de leurs textes. Cependant, ils nous avaient habitués à de textes plus recherchés, à une bordée de nouvelles expressions acadiennes et à une livraison plus élaborée depuis leurs deux derniers albums.
Sur leur dernière galette, ils semblent avoir opté pour l’approche plus simpliste de la répétition. Comptez le nombre de fois que vous entendrez le mot « beige » dans les trente premières secondes de 50 shades of beige.
Showmen
La formule a aussi ses bons côtés. Les chansons vous resteront prises entre les deux oreilles, et ce, même après la première écoute. Dettes et Ej Feel Zoo sont de loin les chansons les plus accrocheuses de l’album. À vrai dire, c’est le genre de chansons qui prennent tout leur sens en spectacle avec une foule déchaînée.
Justement, c’est là où selon moi, Ej Feel Zoo prendra vie. Pour ceux et celles qui ont vu Gabriel Malenfant et Jacobus Aldou se déchaîner sur scène, vous savez que ces deux hommes en brassent de l’air. Avec un album plus coloré, plus dansant et plus pop, je parie sur des spectacles hauts en couleur et explosifs. Du moins c’est ce que la nouvelle formule allégée de Radio Radio laisse présager.
Avec cet album, Radio Radio a fait un choix. Les fans de hip-hop leur en voudront sûrement. Cependant, mettons un petit deux que beaucoup de nouveaux visages assisteront à leurs spectacles et que les chiffres des ventes eux ne suivront pas le même régime que le groupe.
Ej Feel Zoo : 4/7
Crédit photo © Radio Radio