Par Benjamin Le Bonniec
Emblématique rendez-vous du centre-ville pour les amateurs de jolis mots, les cabarets «Lis Ta Rature», organisés par David Goudreault et Kiev Renaud, sont de retour en ville depuis le début de l’automne. Délaissant le centre de diffusion ArtFocus, c’est désormais à la microbrasserie du Boquébière que se tiennent ces rencontres légères, teintées d’humour, entre une certaine désinvolture et attachement pour les belles paroles. Le jeudi 26 novembre se tenait le quatrième volet d’une cinquième saison autour de la thématique du «Biolocaléquitable».
«C’est notre année la plus difficile» a lâché David Goudreault avant de laisser la place pour le micro-ouvert aux spectateurs les plus téméraires. Pourtant, le succès public semble toujours présent et l’on dénombrait pas moins d’une soixantaine de personnes dans le sous-sol du Boque pour cet avant-dernier cabaret «Lis Ta Rature» avant les fêtes de fin d’année. Comme le veux la formule qui prévaut depuis la création de ces soirées littéraires, plusieurs invités de marque étaient conviés pour venir clamer leurs belles paroles sur le thème de la soirée. Et on n’était pas déçu du plateau proposé pour cette fois avec la chanteuse et actrice Chloé Sainte-Marie, l’impertinent journaliste Dominic, la prometteuse romancière Mikella Nicol, mais aussi un personnage incontournable de ces évènements, Marie-Christine Benoît, et enfin une étudiante en littérature Marianne L’Espérance.
Chloé Sainte-Marie fut la première à prendre le micro, «cette lectrice, diseuse, muse et généreuse femme» selon les termes du slameur et animateur des cabarets. Habile dans la lecture des poèmes, elle nous fit la lecture de morceaux choisis présents dans son live–album À la croisée des silences, dans l’introspection sur les thèmes de l’amour et de la tristesse. De Louise Dupré à Patrice Desbien, en passant par Saint-Denys Garneau ou Claude Gavreau, l’artiste sut admirablement transmettre ses émotions et états d’âme. Plus légère, mais aussi plus drôle, c’est en grande habituée de «Lis Ta Rature» que Marie-Christine Benoît déboula sur scène pour détendre l’atmosphère avec un texte lu théâtralement comme à son habitude, une nouvelle écrite pour l’occasion «à base d’aliments bio et sans gluten» comme la préparation de cette purée «à la couleur de vomi» qu’elle décrit.
Le tour de Mikella Nicol venait avec un texte mature sur l’histoire d’un test de grossesse dont on ne connaîtra jamais le résultat, une anecdote de pipi où «les femmes se font couper les seins dans une plantation non équitable» pour savoir si elle est enceinte. Avant la pause, Tardif prenait lui aussi le micro avec une mise en scène à l’américaine qu’il affectionne. Il nous lut ces petits textes écrits au dos de pochettes d’albums à l’attention de son regretté compagnon de shows, Alex Lys, parti couler des beaux jours à Seattle. Entre arrogance et irrévérence, l’incontournable journaliste de La Nouvelle nous fit rire avec ces histoires finissant inéluctablement dans un taxi pour rentrer chez lui rue King-George.
La fin de la soirée permit à certains membres du public de prendre la parole pour un micro-ouvert et plusieurs se succédèrent pour lire leurs textes écrits durant la pause. On termina avec un joli texte d’Yves Langlois, «J’ai honte» une belle soirée, entre rires et même fous rires pour certains. David Gaudreau remercia les «auteurs de talent et aussi Dominic Tardif» d’avoir participer à l’évènement, dernier petit pique d’un affrontement épique tout au long de la soirée entre les deux amis.