Le projet Amara, au-delà de l’innovation 

Par Laurie Jeanne Beaudoin 

Un groupe de 11 étudiants et étudiantes en génie mécanique dans la concentration bio-ingénierie de l’Université de Sherbrooke réalise le plus gros projet de leur bac : le projet Amara. Ils livreront, d’ici un an, un bras robotisé à une jeune adolescente quadriplégique prénommée Maï-Li.  

Le groupe est inscrit en génie mécanique dans la concentration bio-ingénierie, une concentration qui allie en fait l’ingénierie, mais aussi le corps humain. Élizabeth Rivard, une des membres de l’équipe, explique leur but durant la phase de recherche d’idée : « Nous voulions tous nous orienter vers la réadaptation et même la pédiatrie ». Ce fut donc un match parfait lorsqu’un ergothérapeute leur a proposé le projet d’aider une jeune fille atteinte de quadriplégie flasque.  

Des contraintes particulières 

Premièrement, l’équipe a dû déterminer comment elle allait aider Maï-Li à retrouver une certaine autonomie dans son quotidien. Un autre membre de l’équipe, Frédérick St-Onge, mentionne que leur choix s’est arrêté sur la fabrication d’une machine robotisée. Cet outil apportera un peu plus d’indépendance dans la vie de Maï-Li, mais aussi celle de sa famille.  

Deuxièmement, il faut savoir que son handicap engendre une paralysie de ses quatre membres de manière non rigide, c’est-à-dire qu’il n’y a aucune résistance aux mouvements des membres. Néanmoins, Maï-Li a conservé quelques mouvements qu’on caractérise de « résiduels » au niveau du bras droit, donc elle est en mesure de plier son bras, mais n’est pas en mesure de le déplier.  

« Sa famille fait beaucoup d’efforts en termes de réhabilitation et d’exercice pour maintenir le plus possible les mouvements qui lui restent », confie Frédérick St-Onge. La conception et la fabrication du système d’assistance robotisé devront donc l’aider à accomplir les mouvements qu’elle ne peut effectuer par elle-même au niveau de son bras droit, mais aussi continuer à préserver les mouvements dans ses muscles encore fonctionnels. 

Le projet sera d’une grande aide pour Maï-Li et sa famille.

Un projet humain  

Les membres de l’équipe s’entendent pour dire qu’un projet comme celui-ci est valorisant sur tous les niveaux. « Déjà, faire quelque chose de concret et voir le résultat de nos efforts, c’est beaucoup, alors en plus de venir en aide à quelqu’un, c’est vraiment ce qui nous anime », mentionne Élizabeth Rivard. Frédérick St-Onge ajoute que « Maï-Li, c’est une vraie boule d’énergie, c’est toujours plaisant de travailler avec elle ». En effet, l’équipe a déjà pris part à quelques rencontres avec la jeune fille afin d’en apprendre davantage sur sa situation.   

Finalement, le résultat du projet Amara saura répondre aux besoins précis de Maï-Li. Une chance unique pour cette jeune fille de voir sa vie changer, puisqu’aucune solution proposée sur le marché n’a fonctionné dans le passé. « On est heureux de pouvoir lui apporter ça », ajoute l’équipe.  

Des défis de taille 

L’équipe est consciente que certains défis se présenteront devant eux et c’est ce qui semble motiver les membres à donner le meilleur d’eux-mêmes. Rappelons-nous qu’il est déterminant d’utiliser les mouvements résiduels de Maï-Li pour conserver la force dans ces muscles et soustraire les risques d’atrophie. Élizabeth Rivard confie qu’il est primordial de respecter cette marche de manœuvre : « Si on tente d’aller au-delà de ces mouvements, cela pourrait mettre en danger la sécurité de ses ligaments et de ses tendons ».  

Comme ces mouvements sont très limités, l’équipe en génie se voit aussi limitée dans les options de contrôle du système. Notamment, le bras robotique devra exercer plusieurs variations de mouvement et ceux-ci devront être complètement contrôlés par Maï-Li ou par l’intermédiaire d’ordinateurs. « Le plus simple et intuitif possible », explique Frédérick, pour pallier également les troubles de communication de l’adolescente. Ensuite, Maï-Li ne possède pas une grande force, le bras robotisé devra donc être sensible à cet aspect, un autre enjeu important de sécurité à considérer.  

Enfin, sans vouloir rabaisser les membres de son équipe, Élizabeth met en lumière une difficulté supplémentaire : « Nous sommes des étudiants en génie mécanique, nous aurons donc beaucoup de recherche et de prototypages à faire en ce qui concerne les parties électronique et robotique du projet », des domaines moins explorés durant leur bac.  

Les étapes et l’avancement du projet  

Les 11 étudiants et étudiantes travaillent en sous-groupes sur différentes sections du bras robotisé. Il y a eu la phase d’idéation la session passée, maintenant l’équipe est passée à la conception et la fabrication du bras. Leur première version du système prend tranquillement forme et, d’ici la fin de session, les composantes mécaniques seront en place et ce sera au tour de la partie électronique. « Par la suite, il y aura certainement des tests à faire avec Maï-Li et beaucoup d’optimisation, pour par exemple alléger au maximum le produit final », conclut Frédérick.  

Des dons essentiels  

Le groupe est toujours à la recherche de commanditaires ou de donateurs, que ce soit en argent, en matériel ou en connaissances. Les dons ramassés serviront à acheter des matériaux ainsi que des composants mécaniques et électriques qui composeront le système d’assistance robotisé, mais surtout à changer la vie d’une personne. Vous pouvez contribuer au projet par le biais du GoFundMe ou en contactant directement les membres du projet sur leur page Facebook.  

Le projet final sera présenté dans le cadre de l’exposition MégaGÉNIALE en décembre 2022. 


Crédit image @ Projet Amara

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