Le chemin ardu de la maternité en science

Julie Beaulieu est étudiante à la maîtrise en microbiologie


Par Julie Beaulieu

Lorsque l’on brosse le portrait de la communauté scientifique, on remarque inévitablement un déséquilibre entre les hommes et les femmes. Bien que les contributions et les avancées technologiques de ces dernières soient nombreuses, les femmes sont encore sous-représentées dans les secteurs des sciences pures et de l’ingénierie.

Dans la dernière décennie, on remarque une plus grande ouverture et une diminution des stéréotypes sexuels en sciences. Il n’y a plus de discrimination sur les travaux effectués et présentés par une femme et la même rigueur scientifique s’applique à tous et à toutes sans exception. Toutefois, une inégalité subsiste : la maternité.

Carrière et mère : est-ce que cela rime vraiment ?

Concilier famille et emploi est probablement la première inquiétude que chaque femme désirant une famille ressent lorsqu’elle entreprend des études en sciences. Il existe une véritable compétition lors des études supérieures, surtout lorsqu’une étudiante aspire à devenir chercheuse ou professeure universitaire.

Le nombre de postes étant très limité, les candidates doivent se démarquer par de nombreuses publications d’articles scientifiques, l’obtention de bourses, les contributions diverses et les collaborations. Les travaux se doivent d’être effectués de façon régulière et d’être de standard élevé. Il s’agit de critères qui, malheureusement, ne sont pas compatibles avec la maternité. Les femmes font donc face à un choix difficile : leur carrière ou la maternité.

Pour les mères scientifiques — et courageuses — qui ne veulent pas faire de compromis, les difficultés ne s’arrêtent pas à l’obtention d’un emploi futur, mais également à l’obtention même de leur diplôme. Avoir des enfants en recherche académique est, en effet, encore marginal et les programmes ne sont pas adaptés à ces situations.

Par exemple, il y a peu, ou pas, d’installations familiales comme une salle d’allaitement ou de tables à langer dans les facultés. Afin de ne pas trop retarder leurs études, les femmes ne profitent pas d’un congé de maternité complet et doivent recourir à des garderies en très bas âge.

Il ne faut pas oublier que les études supérieures se font sous la supervision de chercheurs et que la plupart craignent les départs et les retards occasionnés par la parentalité. Plusieurs chercheurs n’ont d’ailleurs pas d’enfants ou ont une conjointe avec un emploi plus flexible leur permettant une meilleure conciliation travail-famille.

Meilleure représentation : passons à l’action !

Il y a de l’espoir puisque tout récemment, la Faculté des sciences de l’Université de Sherbrooke a créé la Bourse Maternité en sciences. D’une valeur de 5000 $, ce fonds permettra aux nouvelles mères de prendre un congé de 18 semaines au cours de leur maternité.

L’obtention de la Bourse permet, entre autres, d’expliquer et de combler le vide sur le curriculum vitae de la candidate, en plus de lui apporter un soutien financier. Pour la Faculté, « chaque femme qui abandonne la science est un peu de savoir envolé. »

Il faut continuer d’innover afin d’améliorer la représentation des femmes dans la communauté scientifique. Des initiatives comme Les filles et les sciences permettent réellement d’attirer et de déclencher un intérêt, dès le secondaire, pour les programmes en sciences pures et en ingénierie.


Crédit Photo @ Julie Beaulieu

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