Le cabinet des ministres, un sujet chaud

Par Gabrielle Lapierre

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Le nouveau premier ministre canadien a dévoilé récemment la composition de son cabinet des ministres.

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Le premier ministre Justin Trudeau a dévoilé son cabinet des ministres le 4 novembre dernier et, pour la première fois dans l’histoire du Canada, celui-ci est composé d’autant d’hommes que de femmes.  Ne vous méprenez pas, le mot parité n’est pas synonyme d’égalité. Toutefois, il m’est impossible en tant que femme d’ignorer et je suis fière de ce tour de girouette de la part du gouvernement canadien. Dans tous les cabinets précédents, que ce soit celui de Stephen Harper, de Paul Martin ou de Jean Chrétien, les femmes représentaient environ 30 % des ministres. Désormais, les élus qui sont en charge de départements importants de la gestion du Canada sont dirigés par des femmes et des hommes à parts égales.

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La méritocratie

Si vous êtes moindrement intéressé par la politique, cette histoire de parité a peut-être occupé une grande place dans vos derniers débats de fin de soirée. Les discours souvent passionnés aboutissent presque tous à la même place: la parité, c’est sexiste.

C’est en tout cas la direction que prennent beaucoup de discussions concernant le nouveau cabinet des ministres. En tant que femme, je trouve ce discours aberrant. Pourquoi, maintenant que les ministres sont représentés de façon égale par les deux sexes, l’idée de la compétence devient soudainement importante? Pourquoi est-ce que les gens, surtout des hommes, mais aussi des femmes, portent soudainement un jugement sur la compétence des ministres? Les cabinets de Stephen Harper n’ont jamais suscité de telles passions. Pourtant, les ministres de l’ancien cabinet passaient d’un ministère à l’autre sans que personne ne se pose de questions. Par exemple, l’ancien ministre de la Défense, Jason Kenny, a aussi été ministre du Développement social après avoir été celui du Multiculturalisme et de l’Immigration. Ne venez pas me dire que cet homme-là avait toutes les compétences les plus hautes dans ces quatre domaines! Alors pourquoi le mérite et la compétence deviennent soudainement des questions importantes dans le choix des ministres canadiens?

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La réalité des quotas

Pourquoi autant de débats? Le premier ministre Trudeau a publié une partie des curriculums vitæ de ses ministres pour justifier leur nomination et pour la première fois depuis longtemps, les réalisations passées des nouveaux ministres sont brillantes et reflètent le ministère qui est désormais à leur charge. Alors pourquoi tous ces débats? Selon moi, c’est en partie en raison de la nouveauté, mais aussi en raison que l’idée d’avoir des quotas basés sur le sexe est ridicule.

Oui, les quotas basés sur le sexe sont ridicules. Ils reflètent en tout point l’incapacité d’une société à accepter la compétence des femmes de façon égale à celle des hommes dans une situation de pouvoir. Malheureusement, c’est effectivement le cas au Canada. Les journaux nationaux se mêlent du débat en indiquant que de choisir des femmes compétentes, c’est peut-être écarter des hommes plus compétents. Mais comment se mesure la compétence? Est-ce qu’elle est basée uniquement sur les réalisations d’envergure ou bien aussi sur la capacité à évoluer dans l’adversité? Une femme qui sait se démarquer dans un domaine d’homme, parce que oui des domaines d’homme et de femmes ça existe encore, est-elle plus compétente qu’un homme qui a réussi à atteindre le même niveau dans ce domaine?

La réalité au Canada, c’est que les hommes occupent encore la plupart des postes de pouvoir. C’est en partie dû à un héritage historique favorisant le genre masculin, mais aussi à l’organisation globale des systèmes de pouvoirs, qui valorisent les caractéristiques masculines chez les dirigeants. Pour le moment, le Canada a besoin de quotas.

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La représentativité

Il y a un élément qui ne ressort pas souvent dans les débats sur le cabinet des ministres, c’est la représentativité. La parité des sexes, mais aussi la représentation des minorités, comme les autochtones, les handicapés et les immigrants, est importante dans un cabinet. Les trente ministres ont comme mandat de prendre des décisions dans les sphères les plus importantes du gouvernement. Il est donc important, selon moi, que la population puisse se rattacher à ces hommes et ces femmes.

Une chose est certaine: je suis fière de voir autant de femmes prendre des postes de pouvoir au gouvernement. J’ai l’impression que moi aussi, je peux faire plus, que j’ai le droit et que je pourrais, si je le voulais, être assez compétente un jour pour devenir ministre. C’est ce que la parité du gouvernement Trudeau indique aux femmes: vous avez le droit et les compétences pour devenir importantes, alors foncez.


© Dmitrij Paskevic via Unsplash

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