Jean-Herman Guay : un prix de l’enseignement mérité

jean_herman_guayLégende parmi les étudiants de l’École de politique appliquée, le professeur Jean-Herman Guay a récemment reçu le tout premier prix de l’enseignement de la Société québécoise de science politique. Pour souligner cet honneur, le Collectif a pris le temps de lui poser quelques questions.

Colleen McCool

L’École de politique appliquée

« Ce n’est pas la première fois que je fais une entrevue pour Le Collectif », m’indique le professeur Guay pendant que je m’installe. En 1991, il a fait la couverture du journal étudiant pour un article portant sur l’inauguration d’un certificat en études politiques, et le début de ce qui deviendra l’École de politique appliquée. À l’époque, le professeur Guay était le seul professeur en politique de toute l’Université.

« On m’avait embauché pour avoir un politologue à l’université, dit-il, on n’envisageait pas encore à quel point ça allait grandir. »

Pendant ses quatre premières années à Sherbrooke, il est le seul enseignant en sciences politiques. En 1994, il est joint par le professeur Pierre Binette, qui siège aujourd’hui à la tête du département. Pendant les six prochaines années, ils forment une équipe à deux. Ils développent une grande amitié, même s’ils jouent aux rivaux devant leurs étudiants (c’est pour amener un moment de légèreté au cours, selon M. Guay). Au courant des années 2000, l’École de politique appliquée continuera de grandir.

Enseignant avant tout

Au début de notre entretien, je lui demande s’il a toujours voulu enseigner. « Je pense que oui », dit-il.

Très jeune, il voulait être architecte. Il conserve un amour pour l’architecture aujourd’hui. Ses cours sur les différents systèmes politiques ne sont jamais complets sans un (très plaisant) moment dédié à l’architecture des édifices parlementaires.

C’est au fil de ses études qu’il s’est redirigé vers les sciences sociales et puis vers la politique. Au courant de son baccalauréat à l’UQAM, il va travailler avec deux professeurs, Jacques Levesque et André Bernard, qui vont le pousser vers l’enseignement.

En discutant avec lui, on remarque très vite une passion pour l’enseignement qu’on aurait voulu voir chez tous nos professeurs de mathématiques et de français découragés au secondaire. C’est un homme qui cherche continuellement à comprendre, à analyser, à décortiquer et à partager ses connaissances. Il est toujours un peu insatisfait après ses cours, m’explique-t-il, car il n’a pas toujours la certitude que sa matière a bien été comprise.

La question de l’heure

Pour ses étudiants, un des grands mystères entourant M. Guay est son allégeance politique. Quand je lui pose la question, il me corrige rapidement. « Je n’ai pas vraiment d’allégeance… », explique-t-il, « j’ai appris avec le temps que la meilleure attitude est de ne pas en avoir ».

Certes, ça n’a pas toujours été le cas. Pendant les années 2000, il a travaillé avec le Parti québécois. En 1995, il a été proche du camp du oui. Par contre, cette ancienne allégeance ne l’a jamais empêché de donner des conférences pour le Parti libéral du Québec ou d’écrire des articles pour le Conseil du patronat.

L’important, pour lui, au fil des années, est la compréhension des phénomènes politiques et le partage de ceux-ci. Aujourd’hui, lorsqu’il vote, c’est par devoir citoyen et non par allégeance partisane.

Le beau, le bien, et le vrai

Je finis mon entrevue avec une question platonicienne, suggérée par une collègue du baccalauréat en politique.

« Qu’est-ce le beau, le bien et le vrai? »

Pour le beau, M. Guay, amateur de la musique classique, énumère les arts – la peinture, la sculpture, l’architecture. Pour le bien, il mentionne la justice et la démocratie, les qualifiant de « valeurs fondamentales ». Et pour le vrai, il me répond de façon platonicienne :

« Le vrai, c’est l’effort continuel de comprendre. C’est de toujours être dans le doute. On n’est jamais complètement certain de ce que nous savons, c’est un effort continuel. C’est peut-être cet effort qui m’anime le plus. »

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