Par Laurie Jeanne Beaudoin
Au début du mois de février, une nouvelle enquête de l’Université de Sherbrooke et du CIUSSS de l’Estrie – CHUS a été publiée. Celle-ci présente un portrait réaliste de la santé psychologique des jeunes de 12 à 25 ans. Les chiffres ne mentent pas : c’est maintenant l’occasion de se réaligner et d’apporter renfort aux jeunes, les universitaires inclus.
L’enquête a vu jour grâce à une collaboration entre la direction de santé publique de l’Estrie et trois externes du doctorat en médecine, sous la supervision de la Dre Mélissa Généreux, professeure à la Faculté de médecine de l’Université de Sherbrooke et médecin-conseil à la Direction Santé publique du CIUSSS de l’Estrie — CHUS. Des enquêtes similaires avaient été réalisées : une en janvier 2020, celle-ci en Estrie seulement, visait le vapotage et les jeunes du secondaire, et une autre en janvier 2021 en Estrie et en Mauricie–Centre-du Québec qui s’ouvrait déjà plus à des enjeux de santé psychologique. Puis, cette année, en janvier 2022, les régions de la Montérégie et des Laurentides se sont jointes à l’étude et donc près de 33 000 jeunes provenant de 106 établissements d’enseignement ont répondu au sondage en ligne.
Depuis le début de la pandémie, le questionnaire remplit des critères plus axés sur la santé mentale, afin de comparer l’évolution des jeunes à travers la crise et de démontrer la hausse de la détresse mentale. Pour finalement savoir, est-ce qu’on se dirige dans la bonne direction ou non?
Plus qu’un virus
L’enquête a pu démontrer qu’à partir de l’âge de 16 ans, au moins 50 % des jeunes présentent des symptômes d’anxiété ou de dépression modérés à sévères. En tant que conseillère pour la lutte contre la COVID, la Dre Mélissa Généreux est au cœur de l’action et confirme que les mesures sanitaires ont toujours pesé lourd sur la santé mentale de tous. Elle ajoute que : « il est important de retenir que le risque lié à la pandémie, pour les jeunes, ce n’est pas d’attraper le virus, mais principalement les effets au niveau de leur santé psychologique. » En effet, les chiffres et les statistiques COVID ont toujours été mesurés, alors d’un autre côté, il va de soi de documenter les enjeux psychologiques aussi, afin de les partager aux institutions scolaires et influencer les grandes décisions.
L’enquête se voulait donc avant tout un outil, un levier pour mobiliser les dirigeants vers de nouveaux changements. Selon La Dre Généreux, cette enquête pourra maintenant être considérée dans la prise de décision : « La santé mentale elle-même sera beaucoup plus prise en considération, voilà pourquoi il faut les diffuser ces données-là et conscientiser tout le monde à la situation. »
Des solutions plus optimistes
Parmi les pistes de solutions proposées à la suite de l’enquête, on peut lire : miser sur des actions porteuses dans les milieux de vie, en rendant les environnements physiques et sociaux favorables à la santé mentale et renforcer l’optimisme et réduire le sentiment d’impuissance des jeunes par la cohérence, la prévisibilité et idéalement la stabilité des mesures sanitaires et plusieurs autres.
Pour la communauté étudiante, c’est ce sentiment d’appartenance tant voulu envers leur milieu scolaire qui se fait attendre. Les liens sociaux et les activités parascolaires participent à mettre en place un milieu de vie global. « Les jeunes veulent retrouver leur quotidien : leurs activités, leur sport et leurs contacts sociaux. Ils ont besoin d’un soutien et d’une mobilisation sans pareil de la part des partenaires des milieux académiques et communautaires », confie Mélissa Généreux.
Des efforts pour longtemps
La solution évidente : un retour à la normale. Toutefois, les effets se feront possiblement ressentir plus loin encore. En prenant exemple sur la tragédie du lac Mégantic, un grand traumatisme collectif, les impacts documentés ont duré plusieurs années. La pandémie engendre le même genre de stresseur. Selon la professeure Généreux, la manière dont on va guérir de cette crise et de ses effets va beaucoup dépendre du type de soutien ou de changement qu’on va apporter pour contribuer au bien-être des jeunes.
Des problématiques reliées à la consommation d’alcool
Pour cette enquête, six thèmes ont été abordés : la santé psychologique, l’optimisme, la consommation de substances, l’attrait pour l’école, la conciliation études-travail et les impacts perçus de la pandémie sur différentes sphères de la vie. La proportion des jeunes qui consomment de l’alcool de manière excessive, c’est-à-dire, plus de 5 verres par occasion, est en hausse. Un lien inquiétant qui met en lumière que l’alcool chez les jeunes serait utilisé pour certains comme moyen d’atténuer leur détresse psychologique. Un simple constat à garder en tête, dans un esprit où il faut agir rapidement.
L’UdeS à l’écoute
Depuis le début de la pandémie, les cégeps et les universités ont souvent été oubliés. Une enquête comme celle-ci n’est peut-être pas porteuse de bonnes nouvelles, toutefois, elle peut apporter un baume sur le cœur de plusieurs, de savoir qu’ils sont entendus et validés et qu’à partir d’ici ça ne peut qu’aller mieux.
De plus, le recteur de l’Université de Sherbrooke, Pierre Cossette, a toujours pris à cœur ce genre de données dans sa prise de décisions. Il se réjouit de pouvoir tranquillement permettre la reprise d’activités sportives et sociales.
Crédit image @ Unsplash