Par Nicolas Dionne
Depuis 1995, le mois de février sert à commémorer l’histoire des Noirs au Canada. La cause raciale s’étant émancipée de manière exponentielle depuis la tragique histoire de George Floyd aux États-Unis, ce mois est encore plus important à souligner que jamais. Ce mois-ci, mais aussi tout au long de l’année, il faut s’engager, illustrer, partager et souligner l’histoire des individus noirs marquants de notre histoire. Le sport, un univers indispensable pour l’avènement de changements sociaux à travers le temps, est une scène où la communauté noire a su briller de façon grandiose.
Des athlètes de talent ont fait des actions concrètes pour changer les choses. Le monde sportif permet et aura permis à plusieurs sportifs et sportives noir.es de donner une lueur d’espoir à plusieurs membres de leur communauté.
Des athlètes d’exception
Les sportifs ayant été inspirants à une époque où la communauté noire était mise de côté de manière injuste sont nombreux. Plusieurs connaissent l’histoire de Jesse Owens, le spécialiste en sprint et saut en longueur et quadruple médaillé d’or aux Jeux olympiques de Berlin en 1936. Non seulement ses exploits sont extraordinaires, mais cela coïncide avec la montée de l’Allemagne nazie. Même encore aujourd’hui, l’influence d’Owens se fait ressentir et traverse l’espace-temps, notamment avec la sortie du très grand film 10 secondes de liberté en 2016.
Également, lorsque le grand Jackie Robinson a foulé pour la toute première fois un terrain de baseball des ligues majeures à Brooklyn le 15 avril 1947, il est devenu le tout premier joueur noir de l’histoire à le faire, alors qu’à cette époque, les Noirs devaient se contenter de pratiquer leur sport dans la Negro League. Robinson est reconnu pour ses exploits sportifs, tels que son titre de joueur le plus utile en 1949, mais aussi pour ses actions proactives concernant la discrimination raciale qui donnent un héritage fort encore aujourd’hui dans la lutte pour l’égalité.
Il est impossible de passer sous le silence la contribution d’une des plus grandes vedettes de tennis au monde, Serena Willliams. Au moment d’écrire ces lignes, elle n’est qu’à un seul titre du Grand Chelem afin d’atteindre le plateau de 24 victoires, ce qui égaliserait le record de tous les temps.
La gymnaste renommée Simone Biles, quadruple championne olympique en 2016, domine complètement le monde de la gymnastique à l’heure actuelle. Elle a été la première femme à remporter cinq titres de championne nationale dans sa discipline.
Le sport comme solution
Ces exemples présentent de grands modèles du domaine sportif pour la communauté noire. Il est primordial de souligner le courage de l’ancien quart-arrière dans la NFL Colin Kaepernick lorsque ce dernier a déposé son genou au sol lors de l’interprétation de l’hymne national américain avant un match en 2016. Rappelons que ses actions ont mis fin à sa carrière de footballeur. Son activisme a été lourd de conséquences, mais passera sans doute à l’histoire.
Le sport, un excellent moyen pour changer les mentalités.

Les valeurs partagées dans le sport permettent un espace où le talent, la détermination et le respect ont souvent le dessus sur la discrimination. « Dans le sport, la couleur ne compte pas : l’important, ce sont les capacités athlétiques de chacun. C’est dans cette mesure que le domaine sportif permet de propager et d’encourager la tolérance. D’autant plus que le sport permet de côtoyer des personnes qu’on n’aurait peut-être jamais côtoyées, ce qui rend l’expérience enrichissante sur tous les points de vue », explique Sophie Ba, spécialiste du sprint depuis trois ans pour le Vert et Or de l’Université de Sherbrooke.
« On se sent interpellés lorsque nous regardons le sport, car nous sommes représentés : l’exemple de la NBA ou de la NFL où presque la majorité des joueurs sont noirs. Le fait qu’on puisse facilement voir des athlètes comme nous, c’est certain que ça donne espoir », souligne Damien Irep, joueur de football du Vert et Or et militant très actif pour le mouvement Black Lives Matter (BLM) sur les réseaux sociaux, entre autres.
« Sur le terrain, il n’y a pas cette question de couleur, car chaque équipe a le même objectif : gagner. Plus les minorités sont représentées, plus le mouvement s’améliore rapidement. C’est pour cette raison que le sport est la sphère idéale pour combattre la discrimination envers les minorités, non seulement pour la minorité noire, mais également pour la minorité LGBTQ+ ou autochtone, par exemple », poursuit celui qui est étudiant de première année en certificat en sciences de l’activité physique.
Des modèles

Crédit : Vert et Or
« La société a besoin de modèles issus de la communauté noire et le sport est une bonne tribune pour cela. La présence de sportifs provenant des minorités permet d’encourager la tolérance de toute la société, non seulement parce qu’on les voit, mais parce que ces derniers et dernières sont vu.es comme des modèles pour la communauté », explique Mme Ba, étudiante qui a complété son baccalauréat en droit dans le cheminement coopératif l’hiver dernier et qui, depuis cet automne, a continué son parcours en médecine.
Le sport, à l’époque où les mouvements sociaux sont partagés, défendus et sensibilisés à vitesse grand V, peut servir de modèle pour nos institutions actuelles. Pour la cause raciale, notamment, l’image d’ouverture et d’inclusion que projette une équipe sportive ou un groupe d’athlètes est pertinente pour comprendre ce que ressentent les minorités qui se sentent délaissées par le système systémique discriminatoire.
Bien que plusieurs problématiques d’inégalités sociales persistent dans le sport comme dans les autres sphères de la société, il est essentiel de ne pas en négliger l’importance.
Crédit photo @ École secondaire Mgr de Charbonnel