La Nuit des sans-abris 2019 : soutenir une communauté qui souffre en silence

Par Alexia LeBlanc

Le 18 octobre prochain aura lieu la 18e édition de la Nuit des sans-abris de Sherbrooke. Sous le thème de Citoyens et citoyennes, même dans la rue, l’événement se déroulera à la place du Marché de la Gare. Les participants auront droit à des prestations musicales, de la soupe et du chili en soirée. Il sera également possible de donner ou même de recevoir des vêtements chauds.

Comme on peut le lire sur la page Facebook de l’événement, « la Nuit des sans-abris est un événement de sensibilisation aux conséquences de la pauvreté, de la désaffiliation sociale et de l’itinérance auxquelles sont confrontés de plus en plus de Québécois. » Comme l’a indiqué un rapport du ministère de la Santé et des Services sociaux en 2018, le nombre de personnes en situation d’itinérance a augmenté depuis 2015. Dans plusieurs grandes villes du Canada, comme Montréal, les hommes et les autochtones sont d’ailleurs surreprésentés dans cette population.

L’historique de la Nuit des sans-abris

Des rassemblements de personnes qui viennent offrir leur soutien aux gens sans domicile fixe s’observent au Québec depuis 1989, le premier ayant eu lieu au centre-ville de Montréal. Plusieurs de ces rassemblements se tiennent devant les Auberges du Cœur du Québec depuis 1997. Ce regroupement de 30 ressources d’hébergement autonomes est le fondateur de l’événement. Il accueille plusieurs milliers de jeunes qui se retrouvent à la rue à Montréal, Québec, Hull, Drummondville et Rimouski chaque année.

À l’origine, l’événement se nommait « La Nuit des jeunes sans-abris » et elle porte son nom actuel depuis 2001, car les organisateurs le jugeaient plus rassembleur et inclusif. Aujourd’hui, la soirée se déroule devant certains organismes communautaires ou dans un parc, un stationnement ou quelconque lieu public. Elle réunit aussi des personnes provenant de différents milieux, dont des politiciens, des artistes, des citoyens ayant des conditions de vie variées, etc. Le nombre de participants et participantes change chaque année, mais depuis quelques années à Montréal, les organisateurs en comptent 5000 et, l’année dernière, il y avait plus de 1000 participants à Québec, 750 à Sherbrooke, 250 à Saint-Jérôme et 80 à La Prairie pour sa première édition.

Une manière efficace de parler des grands enjeux

L’année dernière à Sherbrooke, la Nuit des sans-abris s’est déroulée à la suite d’une période électorale. Les organisateurs de la soirée voulaient donc profiter de l’événement afin de discuter de certains enjeux et injustices que vivent les personnes sans domicile fixe. Par exemple, il est très difficile d’être inscrit sur une liste électorale lorsque nous n’avons pas d’adresse. Pourtant, il existe différents moyens pour ces gens afin qu’ils puissent eux aussi s’exprimer.

Comme l’expliquait à la Tribune Nancy Mongeau, co-porte-parole de la Table itinérance de Sherbrooke, « certains organismes peuvent leur prêter une adresse pour qu’ils aient un droit de vote comme tous les citoyens. Souvent, les personnes en situation d’itinérance se sentent à l’écart. »

De plus, à Sherbrooke, l’itinérance n’a pas le même portrait qu’à Montréal. Comme le soulignait Mme Mongeau, toujours à la Tribune, « les gens arrivent à s’en sortir, mais il y en a toujours de nouveaux qui se ramassent dans la rue. Il y a très peu de gens en itinérance chronique à Sherbrooke comme c’est le cas peut-être à Montréal, c’est plutôt de l’itinérance épisodique liée à une perte d’emploi ou à des problèmes de santé. » La Nuit des sans-abris est donc une occasion en or pour souligner l’importance d’entreprendre des politiques qui aideront ces personnes, selon leurs besoins particuliers. C’est aussi l’occasion de sensibiliser la population aux petits gestes quotidiens que l’on peut faire pour éviter que ces gens se sentent davantage à l’écart.

Des histoires inspirantes

Chaque année, l’événement est représenté par des porte-paroles qui ont vécu de près ou de loin la situation. L’année dernière, à Sherbrooke, il s’agissait de Céline Gendron, une femme qui avait été infirmière pendant 20 ans avant de se retrouver à la rue en raison d’un problème de santé. Elle était victime de fatigue chronique et, aux yeux des assureurs, elle n’était pas malade. Elle a perdu son domicile en 2015 et, contrairement aux préjugés que l’on entend souvent, Mme Gendron n’avait pas eu une enfance difficile et n’avait jamais connu de problèmes de drogues ou d’alcool.

Cette année, le porte-parole est Marco Poulin. Dans une vidéo publiée sur la page Facebook de l’événement, il explique qu’il est « quelqu’un qui a vécu des différences dans sa vie. » Il lance une invitation à ceux et celles qui veulent venir offrir leur soutien aux personnes ayant elles aussi vécu, ou qui vivent toujours, des difficultés. Il souhaite donc donner un message d’espoir lors de cette nuit.

Mieux soutenir la cause en communicant plus efficacement

Une nouvelle activité s’est ajoutée au programme cette année. En collaboration avec UPOP Sherbrooke et la Nuit des sans-abris de Sherbrooke, Marie-Dominique Duval, chargée de cours à l’Université de Sherbrooke, offrira un atelier sur la communication interpersonnelle, sous le thème de « l’art de bien interagir ». Elle donne d’ailleurs un cours complet sur le sujet aux étudiants en communication à l’Université.

De 17 h jusqu’à 18 h 30, Mme Duval tentera donc de répondre à certaines questions, comme comment bien entrer en contact avec les gens, ou bien comment gérer les conflits interpersonnels, ou encore comment bien interagir dans différentes situations. Le soi, les différentes personnalités, la communication verbale et non verbale, ainsi que la gestion de conflits seront donc les principaux volets de la formation.

Le 18 octobre prochain, venez donc offrir votre support aux citoyennes et citoyens de Sherbrooke qui en ont besoin. Il est important, en tant que communauté, de soutenir les personnes qui souffrent la plupart du temps en silence. La Nuit des sans-abris, à Sherbrooke ou dans une autre ville au Québec, est une occasion de leur dire que l’on ne les oublie pas.


Crédit Photo @ ROC de l’Estrie

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