Une victoire pour un pays en entier  

Par Amélia McGuire St-Onge  

L’équipe du Canada a soulevé la coupe de la Confrontation des quatre nations hier soir, après une victoire enlevante par la marque de 3 à 2 en prolongation.

« Vous ne pouvez pas prendre notre pays — et vous ne pouvez pas prendre notre sport. » Les mots du premier ministre du Canada, Justin Trudeau, ont résonné partout au pays, jeudi soir. Une soirée de février 2010, Sidney Crosby s’est assuré du titre de capitaine Canada pour sa génération. Son but en or en finale aux Jeux olympiques de Vancouver demeurera dans les esprits des Canadiens.   

Petits et grands, vous vous souvenez tous de vos occupations lors du 28 février 2010.  

15 ans plus tard, le 20 février 2025, Connor McDavid a inscrit le but en or lors de la Confrontation des quatre nations, en surtemps, face aux Américains. Le flambeau est passé et le Canada est couronné dans des circonstances sportives et politiques qui font vivre de plus belle la rivalité entre les deux pays. Ce but a mis un terme à une partie enlevante, stressante, où les Canadiens ont parfois paru intimidés par le jeu physique de leurs adversaires.   

Mais la fin cinématographique n’aurait même pas pu être écrite par les meilleurs scénaristes d’Hollywood.  

La mise en jeu entre Auston Matthews et Connor McDavid, deux des joueurs les plus influents de leur génération. La remise sans faille de Mitchell Marner pour repérer le #97.   

But.  

Les deux formations étaient portées par cette énergie de représenter leur pays fièrement.   

Sur la glace, Jordan Binnington s’est imposé devant sa cage, dissipant les doutes à son sujet. Ses deux arrêts tour à tour en prolongation ont permis au Canada de s’emparer du momentum dans un match où il était changeant. Quelques instants plus tard, McDavid soulevait les quelques amateurs du Canada de leurs sièges au TD Garden, à Boston. « J’espère que ses détracteurs le laisseront tranquille maintenant », a réagi l’attaquant des Oilers d’Edmonton quant aux critiques à l’endroit de son gardien de but.  

En préparation aux Jeux olympiques, plusieurs joueurs portant la feuille d’érable devaient prouver qu’ils méritent leur considération pour Milan en 2026. De ce nombre, Sam Bennett a prouvé son apport avec son jeu physique. Il ne jouait qu’une quinzaine de minutes par match, en tant que joueur de soutien, bien loin de son rôle de meneur chez les Panthers de la Floride.   

Mine de rien, chacune de ses présences dérangeait l’adversaire. S’il y avait les deux frères Tkachuk du côté des États-Unis, Bennett ne donnait pas sa place non plus.   

Une victoire imposante  

Il n’y a pas de secret : les États-Unis connaissent une montée dans le hockey. Après tout, les deux dernières victoires des Américains au Championnat du monde de hockey junior (CMHJ) démontrent cet essor. Il ne faut pas penser aussi loin lorsque l’on regarde le succès des équipes américaines dans la Ligue nationale de hockey. La coupe Stanley n’a pas fait son passage en sol canadien depuis 1993.   

Au niveau individuel, cette médaille s’ajoute au coffre bien rempli du # 87. Selon ce que rapportait Stéphane Leroux de RDS, Sidney Crosby aurait dit à son vestiaire canadien qu’il savait qu’il n’allait pas gagner avec les Penguins cette année. C’était alors d’autant plus important pour lui de remporter la Confrontation des quatre nations. Il peut dire mission accomplie. D’ailleurs, Crosby n’a pas perdu depuis plus d’une décennie quand il avait la chance de porter le drapeau rouge et blanc. 

« C’était une expérience fantastique, a dit le capitaine de l’équipe. C’est difficile de classer cette victoire par rapport aux autres. De faire partie de ce groupe, de gagner le tournoi, c’était incroyable. »  

« Le Canada avait besoin qu’on gagne, et les joueurs ont pris cette responsabilité sur leurs épaules », a réitéré l’entraîneur-chef du Canada, Jon Cooper. « Les gars ont pris ce rôle au sérieux. Ce n’est pas une victoire pour eux. C’est une victoire pour 40 millions de personnes. »  

Chapeau  

Malgré l’engouement, il y a eu quelques interrogations quant à la pertinence de la Confrontation des quatre nations.   

Le titre le dit. Ce tournoi ne résume pas l’entièreté de la puissance du hockey au niveau mondial, avec l’exclusion des Russes, mais aussi des autres pays des joueurs vedettes. Dans cette même lignée, le deuxième, troisième et huitième meilleur pointeur de la LNH n’étaient pas présents ; Leon Draisaitl (Allemagne), Nikita Kucherov (Russie) et David Pastrnak (Tchéquie).   

Mine de rien, les sceptiques auront été convaincus. La planète hockey était attirée vers son téléviseur et les amateurs, autant à Montréal qu’à Boston, et malgré des prix quelque peu exorbitants, ont répondu présents. Les partisans étaient engagés et passionnés. Le tournoi a prouvé qu’il ne se résumait pas à la simple présence de joueurs étoiles. Le fait que ce soit de courte durée rendait chaque affrontement sans lendemain.   

L’enjeu était plus grand. Et il met la table pour le rendez-vous attendu de tous. Les nations se reverront en Italie, l’hiver prochain.   


Source : NHL

Amélia McGuire St-Onge
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