Par Meg-Anne Lachance

La ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, est au cœur d’une controverse après être intervenue dans le contenu d’un cours au Collège Dawson portant sur la Palestine. Cette ingérence a suscité de vives critiques de la part des syndicats des personnes enseignantes et des partis d’opposition, qui y voient une atteinte à la liberté académique.
La ministre a avoué mardi, de s’être mêlée du contenu d’un cours portant sur la Palestine en août. Mme Déry a admis être intervenue dans le contenu d’un cours de français au Collège Dawson portant sur « l’appartenance palestinienne », invoquant un climat tendu sur les campus et demandant de privilégier un sujet moins sensible.
Face à cet aveu, la Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université (FQPPU) s’est dit indigné du comportement de la ministre, en affirmant que cette dernière a porté une « atteinte grave à la liberté académique, pilier fondamental de l’enseignement supérieur ».
La FQPPU souligne que cette ingérence s’inscrit dans une série d’actions arbitraires de la ministre, rappelant notamment le blocage de la nomination de la professeure Denise Helly au conseil d’administration de l’INRS en 2024.
La présidente de la FQPPU, Madeleine Pastinelli, a exprimé une profonde inquiétude face à ces interventions répétées, affirmant que « chaque fois que la ministre s’arroge le droit d’intervenir sur le contenu des cours ou sur la gouvernance des établissements, ce sont les fondements mêmes de nos réseaux collégial et universitaire qui vacillent ».
Les partis d’opposition ont également réagi. Le député péquiste Pascal Paradis a qualifié l’intervention de la ministre de « très préoccupante ». De son côté, le député de Québec solidaire Sol Zanetti a critiqué le gouvernement d’avoir bloqué une motion dénonçant toute ingérence politique dans le contenu des cours du réseau collégial québécois. Il a également qualifié ce qu’il appelle « la volte-face de la CAQ » comme étant « très inquiétante ».
Agir pour un environnement « sain et sécuritaire »
Malgré l’indignement, Pascal Déry soutient avoir agis en réponse à des plaintes de la communauté étudiante du CÉGEP.
En décembre dernier, Mme Déry avait déclaré avoir reçus « plusieurs signalements » de la part d’élèves par rapport à la montée des tensions concernant la question de la guerre à Gaza.
La ministre de l’Enseignement supérieur avait par la suite annoncé le déclanchement d’une enquête visant à évaluer si les collèges Dawson et Vanier avaient mis en place « toutes les mesures à leur disposition pour garantir la sécurité physique et psychologique des étudiants ».
Selon un article du Devoir publié mercredi, le Centre des affaires israéliennes et juives (CIJA), dont Mme Déry a été membre du conseil d’administration de 2016 à 2022, aurait joué un rôle dans le déclenchement d’enquêtes aux collèges Dawson et Vanier. Cette liaison a notamment fortement été critiqué par les partis d’opposition.
Pour le président de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec, Benoît Lacoursière, les actions de la ministre sont une ingérence pure et dure de l’État. « Cette bévue de la ministre indique qu’il est temps de renforcer et d’étendre la loi sur la liberté académique au réseau collégial, comme le réclamait la Fédération dès 2021 », conclut-il.
Crédit : Jacques Boissinot

Meg-Anne Lachance
Étudiante en politique, Meg-Anne a toujours été intéressée par les enjeux internationaux, sociaux et environnementaux. Après avoir occupé le rôle de journaliste aux Jeux de la science politique, elle a eu la piqûre des communications. Guidées par un sentiment d’équité, elle s’efforce de donner une visibilité aux actualités oubliées. Féministe dans l’âme, vous pourrez certainement retrouver cette valeur dans certains de ses textes!