Le coup de circuit (accidentel) des 4 nations, signé Gary Bettman (et Trump) 

Par Olivier Boivin 

Gary Bettman aura su attirer une audience monstre pour cette confrontation des 4 nations, la finale attirant 16,1 millions de téléspectateurs nord-américains. 

Comment se fait-il que le pari risqué d’un tournoi composé de seulement quatre pays, critiqué dès le départ pour l’effort que les joueurs y mettraient et le prix exorbitant des billets, ait pu finalement s’avérer un succès sur toute la ligne? 

Il n’est pas sans dire que la LNH a joué avec la chance sur celle-là. À trois mois du tournoi, nombreux vouaient déjà à l’échec la création de ce tournoi « sans importance », qui excluait d’ailleurs plusieurs pays importants dont l’Allemagne, la République tchèque et la regrettée Russie. Toutefois, personne n’a vu venir dans son angle mort les États-Unis, qui ont réussi à créer un engouement hors du commun pour cet évènement dans le contexte politique actuel. 

Trump jette de l’huile sur le feu 

Inutile de vous rappeler pour une énième fois les flèches que le président américain, Donald Trump, s’amuse à envoyer dans les médias de façon hebdomadaire à son homologue canadien depuis cette rencontre, en décembre, où il avait déclaré à la blague que le Canada deviendrait le 51e État s’il n’était pas capable de survivre à ses tarifs de 25 %. La désignation répétée de Trudeau comme «  gouverneur du Canada », liée aux tarifs, a nourri dernièrement une vague de nationalisme et de ralliement au drapeau qui ne s’était pas observée ici depuis bien longtemps. 

Je te hue, tu me hues, il me hue… 

Des semaines avant le tournoi, les partisans canadiens avaient mis la table en exprimant leur mécontentement, alors que huer l’hymne américain avant les matchs était dorénavant devenu un exercice de routine. Cette situation a créé des frictions quand les médias ont questionné les hockeyeurs d’origine américaine à ce sujet, visiblement irrités face à cette situation.   

Malgré les demandes répétées des joueurs canadiens et des annonceurs locaux pour le respect de l’interprétation de la Bannière étoilée, les huées se sont tout de même transportées jusqu’au match du samedi soir au Centre Bell entre États-Unis et Canada, où les tensions étaient déjà élevées. Ces tensions ont atteint un point d’ébullition en début de match, alors que trois bagarres ont éclaté en l’espace de neuf secondes. Les Américains sont finalement sortis vainqueurs par un score de 3-1 dans ce match rempli d’émotions qui a attiré l’attention de nombreux spectateurs inhabituels, notamment de fanatiques de la NBA qui cherchaient une alternative au match des étoiles qui éprouve des difficultés depuis quelques années en ce qui a trait au spectacle offert. 

Tous les yeux vers la LNH 

Le match du samedi a tout d’un coup braqué tous les projecteurs nord-américains sur ce tournoi des 4 nations, à un niveau d’attention médiatique inhabituel pour les standards de la LNH. Les bagarres qui étaient survenues en début de match avaient alimenté ce fantasme chez plusieurs de voir ces alliés depuis toujours en venir aux poings, après plusieurs semaines de vives tensions politiques.  

D’ailleurs, les sorties provocatrices dans les médias se sont multipliées entre cette rencontre de ronde préliminaire et la grande finale, certains joueurs américains en venant même jusqu’à questionner le niveau de patriotisme de leurs rivaux canadiens. La grande surprise est toutefois survenue à l’aube du match ultime lorsque le président américain a lâché un coup de fil à l’équipe américaine pour leur souhaiter une victoire; JT Miller et Noah Hanifin iront même jusqu’à dédier ce 2e affrontement entre Américains et Canadiens à Trump.  

Le Canada aura eu le dernier mot dans cet opus des plus enlevants, l’emportant 3-2 en finale sur un but de Connor McDavid en prolongation qui a calmé les ardeurs de la foule locale à Boston et qui a jeté une douche froide à toute une nation. Cette victoire morale aura été un énorme soulagement pour les partisans partout au Canada. 

Cotes d’écoute : pari gagné pour Bettman? 

Finalement, Gary Bettman a-t-il gagné ce pari risqué qui était de supprimer le match des étoiles au profit d’un tournoi ne comportant que quatre pays? Nous ne saurons jamais si le succès aurait été tel sans le contexte politique qui s’est immiscé au cœur de celui-ci, mais une chose est sûre : Bettman a touché le gros lot. 16,1 millions de personnes, c’est le nombre de téléspectateurs qu’a attiré le commissaire de la LNH en Amérique du Nord pour la finale, équivalent au 2e match de hockey le plus regardé de la dernière décennie.  

Une chose est sûre, la visibilité de la LNH a pris son envol significativement en l’espace d’une semaine. La suite s’annonce très prometteuse; direction Milan en 2026 pour le hockey international! 


Source : LNH

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