Par Julien Moslener

En l’espace d’une saison à peine, Cooper Flagg a enflammé les parquets de la NCAA, attiré l’attention des recruteurs NBA, et solidifié son statut d’espoir générationnel. À peine arrivé déjà reparti, et avec lui, un autre clou dans le cercueil du basketball universitaire. Dans un monde où les équipes de développement ont fait leurs preuves, comme le Ignite dans la G-League jusqu’en 2024, l’importance du parcours académique disparait peu à peu auprès des joueurs.
Est-ce cependant un vrai départ si le joueur n’a jamais eu l’intention de rester ?
Le fameux “one and done”
La règle du « one-and-done », instaurée par la NBA en 2006, oblige les joueurs à attendre une année postsecondaire avant d’être admissibles au repêchage. Pensée comme un compromis entre développement et business à l’époque, cette décision a plutôt mené à un exode plus rapide des talentueux joueurs universitaires vers la NBA. Certains d’entre eux, certes, ont mené une carrière universitaire digne des récits hollywoodiens, mais, pour plusieurs autres, une seule saison, une seule année sur les bancs d’école aura suffi avant de faire le saut chez les adultes.
Aujourd’hui, rares sont les joueurs qui ont des carrières collégiales à la Stephen Curry par exemple, à la J. J. Reddick, des parcours de trois à quatre ans à se développer et apprendre comment se comporter en société. Cette époque est rendue loin, malheureusement. Présentement, c’est l’époque des Zion Williamson, des Cooper Flagg, des sensations du Web qui ont une image plus grande que leurs écoles elles-mêmes.
Il ne s’agit pas ici de critiquer des joueurs qui ont un talent indiscutable. Au contraire : ces joueurs émanent le talent et c’est indéniable. Mais il ne faut pas se méprendre sur ce qu’est réellement rendu la NCAA pour les espoirs de premier plan : un tremplin légal vers la NBA et non un projet éducatif.
Et la NCAA dans tout ça ?
Elle s’adapte. Avec les ententes NIL (Name, Image, Likeness), les universités essaient de retenir les étoiles montantes à coup de partenariats et de contrats. Mais même les millions offerts aux étudiants-athlètes ne rivalisent pas avec le prestige d’un contrat NBA recrue et d’une marque personnelle qui explose sur les réseaux sociaux.
Pour attirer les meilleurs joueurs, on va même jusqu’à donner une valeur aux espoirs qui sont encore dans les rangs scolaires de type « High School ». AJ Dybantsa, est l’un de ces jeunes joueurs de basketball de « high school » à qui on a été projeté une valeur NIL établie à près de 3,8 millions par année. Le prochain à recevoir sa valeur sera Bryce James, fils aîné de Lebron. Si l’on se fie à la présente valeur sur le marché des joueurs issue d’une dynastie, comme Arch Manning au football, où près de 6 millions de dollars lui sont versés annuellement pour le conserver dans les rangs universitaires, Bryce devrait se situer entre lui et Cooper Flagg qui avait une valeur de 4,8 millions.
La présence médiatique des joueurs est désormais rendue un investissement pour les équipes collégiales américaines. Avec plus de 3,4 millions d’abonnés combinés sur ses réseaux sociaux, le fils de Lebron James représente, pour une équipe, l’investissement idéal, et c’est l’Université du Kentucky qui a fait le “Slam Dunk”.
Un avenir mystérieux
Cooper Flagg n’est ni le premier ni le dernier. Mais il est peut-être celui par qui l’illusion s’effondre : celle d’un basketball universitaire encore maître de son récit. L’université, jadis lieu de légendes, n’est plus qu’un hall d’entrée vers la NBA. Une vitrine bien éclairée où l’on ne s’attarde pas. Le vrai jeu, la vraie gloire et les vraies décisions se jouent désormais ailleurs.
Et dans ce nouvel ordre, Flagg n’a pas trahi l’institution. Les deux parties s’étaient entendues, une saison, il a simplement joué le rôle qu’on attendait de lui. Brillant. Éphémère. Inoubliable. Et fort probablement, le premier choix total du repêchage 2025 de la NBA.
Source : Duke University


Julien Moslener
Grand sportif dans l’âme, le monde du sport n’a plus de secret pour lui. Diplômé du baccalauréat en études politiques appliquées, Julien approfondit maintenant ses connaissances dans le monde de la communication. Après de multiples expériences dans le monde de la politique, au municipal comme au provincial, Julien prête maintenant sa plume au collectif comme journaliste sportif. Suivez son émission de radio Hors-Jeux, sur les ondes de CFAK 88.3 chaque mardi midi de 12 h à 13 h.