Par Elizabeth Gagné

Du haut de ces 97 ans, Fernand Dansereau, connu du public québécois pour ses documentaires sociaux et poignants, présente son dernier documentaire, À la lumière du soir. Produit par Ginette Petit de Les Films Outsiders, le réalisateur se lance dans cette nouvelle aventure qui nous plonge dans le troisième âge.
Fernand Dansereau est un cinéaste, scénariste et producteur québécois dont l’œuvre a profondément marqué le cinéma et la télévision. Après une première expérience comme chroniqueur syndical au Devoir, il rejoint l’Office national du film (ONF) en 1955, où il joue un rôle clé dans la révolution du cinéma direct. En tant que producteur, il soutient des films fondateurs comme Pour la suite du monde (1963) et Golden Gloves (1961). En tant que réalisateur, il remporte de nombreux prix internationaux, notamment pour Alfred J.(1957), primé à Vienne, et La Canne à pêche (1959), qui obtient le premier prix à Monaco. Dans les années 1970, il fonde le groupe In-Media et réalise des films comme Faut aller parmi le monde pour le savoir (1972), sélectionné à Cannes, et Simple histoire d’amours (1973). Il s’engage également dans des projets télévisés marquants, comme Les filles de Caleb (1991), récompensé par un prix Gémeaux, et Le Parc des braves (1987). Dans les années 2000, il réalise des documentaires tels que L’Autre côté de la lune (1995) et Les porteurs d’espoir (2009). Son dernier film, Le vieil âge et l’espérance (2019), poursuit son exploration du vieillissement. Toujours actif, il poursuit ses projets créatifs tout en étant un défenseur de l’industrie cinématographique québécoise.
L’apaisement du vieillissement
Dans le prolongement de son exploration du vieillissement, À la lumière du soir nous prend par la main et nous amène dans une quête de soi. Avec une sagesse que seuls les aînés possèdent, Fernand Danserau discute avec amis, connaissances et membres de sa famille des grandes questions existentielles tels que la mort, la vie, l’amour, la spiritualité, le contentement, le désir, la liberté, l’autonomie, la sérénité, le deuil et le vieillissement. Parmi ces personnes, des visages connus comme celui de Denys Arcand, Marcel Sabourin, Janette Bertrand, Joséphine Bacon, Micheline Lanctôt et plusieurs autres. Elles partagent leur vision des choses et leurs expériences. À un moment, le réalisateur partage avec ses petits-enfants leurs préoccupations sur l’avenir et les enjeux auxquels notre génération et celle de nos enfants devront faire face.
Empreint de douceur, le présent documentaire est magnifiquement réalisé. Entrecoupé des peintures du réalisateur et de ces poèmes, les transitions sont ainsi habillement menées, aiguillées d’une réflexion intime et d’un moment coloré. Tout au long du film, une certaine sérénité persiste malgré les sujets parfois difficiles à entendre. Le temps est ici suspendu dans le réel comme si nous étions dans un univers parallèle. On ne ressent pas l’urgence de la vie qui, à un plus jeune âge, semble dicter le moindre de nos faits et gestes. Touchant, c’est avec émotion qu’on pense à nos grands-parents pour qui la réalité et le temps se vie différemment et ô combien ils auraient à nous apprendre sur la vie.
Le film À la lumière du soir de Fernand Dansereau sortira en salle le 9 mai au Québec. Une invitation à prendre un moment pour s’arrêter, écouter, réfléchir et aimer.
Crédit : Maryse Boyce


Elizabeth Gagné
Étudiante à la maîtrise en histoire, Elizabeth a toujours été passionnée par les arts et la culture. Travaillant de pair avec ses collègues depuis 2022 à promouvoir le programme des Passeurs culturels à la faculté d’éducation, elle travaille également depuis un an au Centre culturel de l’Université de Sherbrooke. Intriguée par tout ce qui nous rend profondément humains, elle souhaite élargir et approfondir le sens de la culture en proposant des articles parfois hors normes.