Rémi Brosseau-Fortier
L’entreprise américaine d’aéronautique Boeing a conclu une entente de principe avec le syndicat des machinistes de la région de Seattle, le 5 novembre dernier. C’est une nouvelle tuile qui s’abat sur le constructeur aéronautique après des années de tourmentes déclenchées par les incidents des modèles 737 MAX.
En grève depuis le 13 septembre, les 33 000 employés représentés par le syndicat sont finalement retournés au travail le 12 novembre.
La rémunération fut le principal point de divergence entre le patronat et les employés de Boeing. Le syndicat des machinistes, l’IAM-District 751, a obtenu une hausse salariale de 38 % sur quatre ans.
Les employés réclamaient depuis le mois de mai 2024 une hausse de 40 %, tandis que les précédentes propositions patronales sont passées de 25 % à 35 %.
Selon le syndicat, au courant des huit dernières années, l’employeur n’a augmenté que quatre fois les salaires des travailleurs à un taux de 1 %. Une augmentation insuffisante pour compenser la perte de pouvoir d’achat causée par l’inflation galopante depuis la pandémie de COVID-19.
Le salaire annuel des machinistes est passé de 75 608 USD à 119 309 USD en plus de l’ajout d’une prime de ratification de 12 000 USD. Même si cette augmentation de salaire des cols-bleus peut sembler intéressante à première vue, l’entente ne fait pas consensus.
Des gains syndicaux à saveur douce-amère
Voté le 4 novembre dernier, seulement 59 % des grévistes ont approuvé la dernière offre de Boeing avec un taux de participation de 80 %. Cela est loin du rejet à 95 % de la première proposition patronale.
Cette opposition de certaines personnes employées s’explique par le rejet de la demande syndicale de revenir à l’ancien modèle de plan de retraite aboli il y a des années. En effet, la nouvelle entente comprenant des contributions bonifiées de l’employeur au nouveau plan de retraite 401(k) n’est pas jugée suffisante pour compenser les pertes en épargnes.
La grève a cependant fortement affecté les deux principales usines de Boeing situées dans les villes Renton et Everett, qui produisent respectivement les modèles d’avions 737 MAX et les modèles 777 et 767.
Les pertes financières sont importantes pour Boeing : l’entreprise estime avoir perdu 100 millions USD par journée de grève. Selon l’institut de recherche privé Anderson Economic Group, les pertes totales s’élèvent à plus de 6.5 milliards USD pour l’entreprise américaine. La même analyse indique que l’économie américaine a perdu plus de 11.5 milliards USD.
Du côté des salariés, ceux-ci se sont vus privés de plus de 600 millions USD de salaires après plus de 53 jours de grèves. Selon CNN Business, il s’agit de la grève la plus couteuse en plus de 25 ans dans le pays de l’Oncle Sam.
Malgré la grève, 14 avions ont été livrés à leurs acheteurs pendant le mois d’octobre. Néanmoins, selon la banque d’investissement Jeffries, il faudra attendre jusqu’en 2026 pour revenir au niveau de production d’avant la grève. L’instabilité semble donc vouloir demeurer bien présente chez le constructeur aéronautique pendant les prochaines années.
Source: Melvin Loi