Par Raphaël Gariepy

Світло (svitlo), mot ukrainien signifiant « lumière », évoque davantage une « lueur d’espoir », symbole de positivité au sein de l’adversité. Après des semaines particulièrement sombres, le « Sommet pour la sécurisation de notre avenir » tenu à Londres le 2 mars dernier et consacré à la sécurité de l’Ukraine, a représenté un véritable світло pour le peuple ukrainien. Retour sur les événements.
Le 28 février, une rencontre entre le président américain et son homologue ukrainien a laissé un sentiment d’amertume au sein de la communauté internationale. Initialement destinée à sceller un accord sur l’exploitation des ressources minières ukrainiennes, en échange de certaines garanties sécuritaires, la discussion a rapidement dégénéré.
Donald Trump a accusé Volodymyr Zelensky de ne pas vouloir « réellement » la paix avec la Russie, allant jusqu’à affirmer qu’il « jouait avec la Troisième Guerre mondiale ». L’échange s’est terminé par une rupture abrupte des pourparlers, mettant en péril l’aide américaine, qui avait jusqu’alors constituée un soutien essentiel aux forces ukrainiennes. Cette assistance désormais menacée, la sécurité de l’Ukraine se retrouvait plus compromise que jamais.
En réponse à ce désastre diplomatique sans précédent, le Premier ministre britannique Keir Starmer a convoqué des alliés de Kyiv à une rencontre à Lancaster House.
La liste des invités comprenait 14 leaders européens (dont le président ukrainien Volodymyr Zelensky, sans surprise), le secrétaire général de l’OTAN, le ministre turc des Affaires étrangères, le président du Conseil européen, la présidente de la Commission européenne, ainsi que le Premier ministre canadien Justin Trudeau. Cette réunion avait comme objectif de développer des mesures concrètes pour soutenir l’État ukrainien.
Plan d’action
Élaborées sous forme de plan, ces mesures se résument en quatre points principaux. D’abord, une attention particulière est mise sur la nécessité de continuer à offrir et même d’amplifier l’aide militaire destinée à l’Ukraine, tout en renforçant davantage la pression exercée sur son agresseur. Ensuite, il est aussi proposé que tout accord de paix durable doit impérativement garantir la souveraineté et la sécurité de l’Ukraine.
Cela exige donc une participation active de Kyiv dans l’ensemble des pourparlers, permettant d’assurer la préservation et le respect de ses intérêts nationaux. Un accord de paix où un territoire ukrainien se verrait cédé à la Russie, comme semblent le suggérer de nombreuses personnes, ne serait donc pas une option convenable.
Il prévoit également un engagement clair à renforcer les capacités défensives de l’Ukraine après tout accord de paix, afin de dissuader toute tentative future d’invasion et de créer un rempart solide contre de nouvelles agressions, l’agresseur russe étant reconnu pour son non-respect des accords (rappelons, notamment, le cessez-le-feu signé à Minsk en 2014).
Enfin, il propose de former une certaine « coalition des volontaires », composée d’États prêts à soutenir les termes d’un accord de paix et à garantir la sécurité de l’Ukraine sur le long terme.
Ce plan s’inscrit dans un mouvement global, tant à l’échelle régionale que nationale, pour mettre fin à cette guerre. À la suite de cette rencontre, le Royaume-Uni s’est engagé à verser l’équivalent d’environ 3 milliards de dollars canadiens pour l’achat de 5 000 missiles destinés à l’Ukraine. L’une des mesures les plus importantes est la trêve partielle de paix, proposée par Londres et Paris. Celle-ci, d’une durée d’un mois, se concentrerait dans les airs et sur les mers et empêcherait les attaques sur des infrastructures énergétiques, selon ce qu’a indiqué Emmanuel Macron.
L’éléphant (républicain) dans la pièce
Quelques 48 heures après la rencontre au Bureau Ovale, il n’est pas caché que ce sommet soit une réponse au positionnement américain. Alors que Washington et Moscou semblent s’allier de plus en plus, le rôle de l’Europe dans ce conflit se dessine clairement.
Malgré leur absence, l’exclusion des États-Unis dans la gestion du conflit ukraino-russe n’était pas envisageable lors des négociations. Il a été réaffirmé que, même à la lumière des événements récents, les États-Unis sont et resteront un allié.
Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a affirmé que, bien que l’Europe doive assumer la majeure partie des efforts en Ukraine, l’appui des États-Unis restait primordial. Bien qu’un froid diplomatique semble s’installer peu à peu sur la scène internationale, les échanges avec la Maison Blanche revêtent un caractère impératif.
« En partenariat avec nos alliés, nous devons intensifier nos préparatifs concernant l’aspect européen des garanties de sécurité, tout en poursuivant nos discussions avec les États-Unis », a mentionné M. Starmer.
L’imprévisibilité de l’exécutif américain est donc quelque chose à laquelle la communauté internationale devra s’adapter rapidement. Il est important de noter que, bien que l’administration Trump ait tendance à prendre des mesures favorables à la Russie, sa position n’est pas gravée dans le marbre, comme nous l’avons vu récemment avec sa menace de sanctions contre le Kremlin.
Bilan décisif de ce sommet
Cette réunion d’urgence a agi comme un véritable électrochoc pour l’Europe, rappelant que la menace russe exige une coopération entre tous les États européens, d’autant plus maintenant que l’un des principaux alliés semble bifurquer de sa position initiale.
L’Europe joue un rôle-clé dans cette dynamique, et l’urgence de la situation impose une unité sans faille. Cet appel à la collaboration a été clairement exprimé par le Premier ministre britannique lors de la conférence de presse qui a suivi le sommet. « Je ne m’engagerais pas sur cette voie si je ne pensais pas qu’elle aboutirait à un résultat positif pour que nous avancions ensemble, l’Ukraine, l’Europe, le Royaume-Uni et les États-Unis ».
Cette fermeté dans la prise de position a été critiquée par plusieurs, dont Viktor Orban, premier ministre hongrois, qui a stipulé que « les dirigeants européens ont décidé aujourd’hui à Londres de poursuivre la guerre au lieu d’opter pour la paix ». Pour beaucoup, cela ne fait qu’empirer le conflit actuel et ajouter de l’instabilité à la sécurité internationale.
Une chose est certaine : cette rencontre a été un événement historique qui marquera le cours des prochaines années, si ce n’est davantage. L’Europe réaffirme fermement son intention de se positionner comme un acteur important de ce conflit, incarnant progressivement le célèbre adage de Jules César : « Pour préserver la paix, il faut se préparer à la guerre. »
Source : ZUMAPRESS