Un mois important pour les COP 

Par Meg-Anne Lachance 

Laura Fequino, étudiante de deuxième cycle en politique appliquée, était en Colombie pour la durée de la COP16.

La conférence des parties sur la biodiversité (COP16) s’est tenue du 21 octobre au 1er novembre 2024. L’évènement, organisé par les Nations unies, avait comme objectif de discuter de l’état de la mise en œuvre du cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal, avec une attention précise sur le financement, les mécanismes de partage et la mise en place concrète du plan. Pour une nouvelle fois, l’étudiante à la maitrise en politique appliquée, Laura Fequino, était présente à ce forum international. 

C’est grâce au financement du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs que Laura a pu s’envoler pour la Colombie. L’étudiante en politique y participait à titre d’observatrice et était particulièrement présente lors des négociations financières, qui étaient au cœur de la conférence de cette année. 

La COP16 a eu lieu deux ans après la signature par 196 pays du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming à Montréal en 2022, qui prévoit de protéger à l’horizon 2030 au moins 30 % des terres, des eaux intérieures et des zones côtières et marines et de restaurer de 30 % des écosystèmes dégradés. 

Les niveaux d’engagement de chaque pays, les mécanismes de partage des avantages et les détails financiers n’avaient cependant pas été précisés lors de l’évènement de 2022 et demandaient à être discuté cette année. 

Le sommet s’est malheureusement terminé sans atteindre un consensus et les États présents ont conclu qu’il était préférable de reporter les discussions à l’année suivante. À l’heure actuelle, les décisions portant sur plusieurs mesures importantes sur le cadre de suivi et d’évaluation du cadre mondial de la biodiversité, ainsi que sur la stratégie pour générer 200 milliards de dollars d’ici à 2030 (cible 19) pour la biodiversité n’ont toujours pas été achevées.  

La COP des premières fois 

Malgré cette impasse, Laura souligne que la COP16 a quand même mené à du positif, dont l’inclusion accrue des communautés autochtones. 

« Ce n’est pas anodin, 80% de la biodiversité du monde se trouve dans des territoires de communautés autochtones. On ne peut pas dire qu’on va protéger la biodiversité si on ne protège pas nos communautés autochtones et si on ne les embarque pas. Ils ont des savoirs traditionnels mieux que nous à un certain point pour protéger la biodiversité, parce qu’ils l’ont protégée bien plus longtemps que nous », explique Laura.  

Bien que présentent depuis 1992, les communautés autochtones n’avaient cependant pas de siège permanent au sein de la conférence pour la biodiversité. « Jusqu’à maintenant, on avait toujours eu un groupe de travail ad hoc, donc temporaire, qui venait s’assurer que les communautés autochtones pouvaient participer au processus de l’article. » 

Face à cette présence restée temporaire jusqu’à présent, plusieurs délégations ont demandé d’apporter un changement, amenant deux solutions : mettre fin au groupe ad hoc ou le transformer en organe subsidiaire permanent. C’est finalement la deuxième option qui a été adoptée. 

« Je dirais que c’est la grosse victoire de la COP, vraiment, souligne Laura. Ça n’existe pas en climat, ça n’existe pas en désertisation. Pour vrai, c’est un précédent de la gouvernance environnementale dans le monde. » 

Mais la création d’un nouvel organe permanent n’est pas la seule première qui ressort de cette COP; les discussions biodiversité/santé ont également fait leur entrée, comme le concept de One Health, qui vise à inclure davantage l’humain dans l’écosystème. « Souvent, implicitement, on a vu l’humain comme étant au-dessus de la nature et on se retire, tandis qu’en réalité, on fait partie de cette santé-là! » 

« Pour tout ce qui est politique publique, c’est un super bon véhicule pour influencer nos décideurs de parler de la protection de la biodiversité et de l’environnement qui va affecter notre santé. Si on décide de ne pas investir en biodiversité ou en climat, on va finir par investir dans nos systèmes de santé », rappelle Laura. 

En plus de cette combinaison, plusieurs discussions mélangeaient climat et biodiversité, ce que l’étudiante souligne comme étant un pas dans la bonne direction. « Ce que je trouvais bien dans certaines décisions, c’est qu’on voyait la synergie climat-biodiversité, ce qu’on ne fait pas assez encore. » 

« On parle beaucoup du climat, mais on oublie que, si on prend toujours la biodiversité, on est en train de récupérer le climat aussi. J’ai bien hâte de voir comment ça va percoler à la COP29 », continue-t-elle. 

Une COP29 à distance 

Quelques jours seulement après son retour de la Colombie, c’était l’Azerbaïdjan qui attendait Laura, mais cette fois-ci à distance.  

Tout comme la COP16, la COP29 a rencontré quelques difficultés. « À mon avis on n’a définitivement pas fait assez de progrès dans les trames où est ce qu’on aurait dû en faire, évidemment, toutes les trames sont importantes, mais il y en a qui sont vraiment cruciales, comme le financement, explique Laura. C’est un peu comme la COP16, on n’a pas réussi à faire autant de progrès ». 

L’un des objectifs principaux de cette COP était de définir un « nouvel objectif collectif quantifié ». En d’autres mots, les délégations devaient s’entendre pour trouver une somme nécessaire pour affronter la crise climatique. Un chiffre que plusieurs personnes expertes estiment à environ 1,3 billion de dollars annuellement. 

Les pays du Nord, considérés comme les responsables historiques de la crise climatique, ont cependant refusé ce montant, pour finalement s’entendre à une somme de 300 milliards par années, au détriment des pays du Sud. 

« Il y a un gros sentiment d’injustice qui ressort sur le fond, les 300 milliards par année, qui n’est clairement pas assez, puis aussi sur la forme », déclare Laura, faisant référence au comportement de la présidence lors du processus d’adoption du texte de financement. 

Les yeux rivés sur le texte du plan de financement, le président de la COP a tout simplement ignoré les objections de diverses délégations, notamment celle de l’Inde et de Cuba. 

« Ça pas de bon sens que la présidence qui est supposée avoir le leadership de la COP, qu’il décide de délibérément ne pas regarder s’il y a des objections dans la salle, ça n’aide pas à la confiance et la confiance, c’est un des piliers du régime climatique international. » 

Malgré tout, Laura est certaine, les COP sont et seront toujours nécessaires.  

« Si on perd espoir, ce sont les compagnies [pétrolières] qui sortiront gagnantes et clairement pas nous comme société, comme pays et comme personne », conclut-elle. 


Crédits: Laura Fequino

Meg-Anne Lachance
Cheffe de pupitre SOCIÉTÉ at Journal Le Collectif  societe.lecollectif@usherbrooke.ca   More Posts

Étudiante en politique, Meg-Anne a toujours été intéressée par les enjeux internationaux, sociaux et environnementaux. Après avoir occupé le rôle de journaliste aux Jeux de la science politique, elle a eu la piqûre des communications. Guidées par un sentiment d’équité, elle s’efforce de donner une visibilité aux actualités oubliées. Féministe dans l’âme, vous pourrez certainement retrouver cette valeur dans certains de ses textes!

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