Par Meg-Anne Lachance

La piétonnisation des rues est un phénomène qui prend de l’ampleur au Québec. Avec l’arrivée de l’été, plusieurs municipalités transforment leur centre-ville en véritable voie piétonne, afin d’améliorer la vie urbaine. Pour une troisième année consécutive, Sherbrooke prend part au mouvement, en remaniant certaines de ses rues.
Sherbrooke est officiellement passée en mode estival. Avec l’arrivée du bon temps, la municipalité a entamé l’aménagement du centre-ville. Dorénavant, la Wellington Nord, entre les rues Albert et Meadow, devient entièrement piétonne. Du mobilier urbain, des aires de détente et de pique-nique ainsi qu’une voie cyclable y sont aménagés.
« Ce projet est né d’un désir de revitaliser le centre-ville. L’objectif principal est de créer un espace plus accueillant, vivant et sécuritaire pour les gens, tout en donnant une visibilité aux commerces locaux », explique le conseiller municipal du district du Lac-des-Nations, Raïs Kibonge.
Nouveauté de cette année, une rue partagée est aménagée sur les tronçons de Wellington Nord et Frontenac, au bord du carré Strathcona. Deux nouvelles voies cyclables font également leur apparition.
« Ce qui se rapproche le plus d’une rue piétonne, c’est une chaussée partagée entre les vélos, les piétons et les autos », indique Hélène Dauphinais, conseillère de Pin-Solitaire.
Ainsi, tous pourront prendre la route, mais avec quelques conditions. En chaussée partagée, les automobilistes devront en tout temps donner la priorité aux cyclistes ainsi qu’aux personnes piétonnes et devront respecter la nouvelle limite de 20 km/h.
Entre le positif et le négatif
Pour Hélène Dauphinais, la piétonnisation des rues comporte du positif comme du négatif. « C’est difficile à gérer. Puis toutes ces choses-là, ben, ça demande du monde. Ça demande à ce qu’on fasse des règlements, qu’on adopte ces règlements… C’est lourd ! »
Autre bémol selon la conseillère, la présence déjà existante d’autres installations. « Est-ce que les gens vont vraiment plus s’asseoir là, juste parce qu’ils s’assoient dans la rue ? Est-ce que ça amène un achalandage additionnel, ou ça fait juste déplacer l’achalandage dans la rue ? », questionne-t-elle.
Au niveau des commerçants, M. Kibonge et Mme Dauphinais sont en accord ; l’achalandage apporté par l’animation du centre-ville est apprécié. Mais, comme souligné par les deux, la communication est nécessaire.
« À la fin de l’été, les commerçants pourront nous dire si c’est vraiment ce qui est le mieux pour leurs affaires ou non », indique la conseillère.
La population incertaine
« En théorie, je suis pour, mais en pratique, je suis plutôt contre, car je me déplace en auto et c’est plus difficile pour le stationnement », raconte une citoyenne.
Bien qu’elle soit de retour, la piétonnisation soulève certaines inquiétudes chez la population.
« J’ai déjà livré dans le coin de Wellington et je ne peux pas m’imaginer ce que ça va être de livrer si la rue devient piétonne. Où mettre le camion ? Devoir livrer les grosses commandes de colis à pied ? Ça rajoute du travail et de l’énergie », témoigne un autre citoyen.
En effet, la question du stationnement revient souvent lors des discussions avec les habitantes et habitants de la ville.
« C’est vrai que le stationnement est une préoccupation pour plusieurs, surtout depuis la fermeture d’un grand stationnement tout près de la rue Wellington » (citation en exergue), reconnait M. Kibonge. « Cela dit, d’autres stationnements existent à proximité. Ce n’est pas parfait, mais c’est une question d’équilibre entre accessibilité et qualité des espaces publics », poursuit-il.
Quant aux livraisons, Mme Dauphinais reconnait la complexité de la tâche : « C’est vraiment compliqué pour les livreurs, là. Effectivement, ça complexifie leur vie. » En permettant le stationnement, les nouvelles voies partagées sont d’une grande aide. Mais comme le souligne la conseillère « encore faut-il qu’ils trouvent un stationnement sur la rue ».
Ensemble dans notre rue

Le projet pilote Ensemble dans notre rue fait aussi son arrivée cet été. Le projet de la rue La Fontaine a finalement été accepté en mars dernier, sans pour autant satisfaire toute la population.
Lancé afin de favoriser les interactions dans le voisinage, le projet permettra de créer un espace de rencontre en y ajoutant du mobilier urbain, un marquage au sol et des installations ludiques.
Or, le stationnement sera désormais interdit. « Tout semblait bien, mais surprise lorsque nous venons d’apprendre que le stationnement n’est plus permis, raconte une habitante de la rue, plusieurs personnes sont mécontentes. »
Malgré les mécontentements de certaines personnes, la piétonnisation reste, pour plusieurs, un excellent moyen d’améliorer son été.
« C’est agréable de pouvoir se promener, s’asseoir, discuter ou simplement profiter de l’ambiance sans être entouré de voitures. Pour une ville comme Sherbrooke, ça apporte un plus en termes de qualité de vie et d’animation urbaine », affirme M. Kibonge.
Toutes les informations concernant les aménagements estivaux de la ville de Sherbrooke sont disponibles sur son site web.

Meg-Anne Lachance
Étudiante en politique, Meg-Anne a toujours été intéressée par les enjeux internationaux, sociaux et environnementaux. Après avoir occupé le rôle de journaliste aux Jeux de la science politique, elle a eu la piqûre des communications. Guidées par un sentiment d’équité, elle s’efforce de donner une visibilité aux actualités oubliées. Féministe dans l’âme, vous pourrez certainement retrouver cette valeur dans certains de ses textes!