Plagiat : épidémie pendant la pandémie

Par Victor Dionne

Depuis quelques semaines, plusieurs médias (La Presse, le Journal de Montréal, La Tribune et autres) ont rapporté que certaines universités avaient constaté une forte augmentation des cas de plagiat entre mars 2020 et juin 2021. Bien sûr, il est évident que la pandémie de la COVID-19 a un rôle à jouer dans cette nouvelle épidémie universitaire.

L’instabilité en lien avec la pandémie et l’évolution constante des restrictions sanitaires n’ont pas ménagé la santé psychologique et la motivation de la communauté universitaire, confrontée à des changements constants, tant à l’école que dans la vie personnelle et sociale. Cours sur plateformes en ligne, présentations PowerPoint commentées, capsules vidéo, évaluations Moodle… Les étudiantes et les étudiants ont goûté à un cocktail de diverses méthodes d’enseignements durant les mois de crise, n’aidant en rien l’apprentissage. Cette situation pourrait expliquer en partie le bond de cas de plagiat universitaire.

Pourquoi plagier?

Le plagiat est probablement une pratique aussi vieille que les établissements scolaires. Même si le corps professoral répète et répète à chaque début de session l’interdiction de copier ou de paraphraser l’œuvre d’autrui (sans référent) pour des raisons d’intégrités intellectuelles et éthiques, il peut arriver qu’une étudiante ou un étudiant décide tout de même d’y avoir recours. Mais pourquoi? La Polytechnique de Montréal mentionne plusieurs raisons au plagiat : gestion de temps, compétitivité, manque de créativité, mimétisme, abondance de sources et autres. Elles peuvent être considérées comme des classiques en matière de plagiat.

Toutefois, l’augmentation dans la dernière année n’aurait pas juste pour cause ces différentes problématiques, comme le font valoir les chercheurs Sébastien Béland, Julien S. Bureau et Martine Peters.

Incertitude, motivation, isolement…

Dans leur article Plagier en temps de pandémie publié en mai 2020, Béland, Bureau et Peters tiennent une hypothèse intéressante qui pourrait expliquer le saut de cas de plagiat universitaire.

Ils proposent un schéma causal qui modifierait la perception de la communauté étudiante envers le plagiat. Les périodes d’instabilité et les différentes pressions d’adaptation auraient créé de l’incertitude chez la communauté étudiante. Elle serait un facteur anxiogène qui conduirait à la diminution de la motivation scolaire. Ainsi, puisque la motivation n’est pas au rendez-vous, le plagiat se montre le bout du nez; surtout que les évaluations n’étaient pas en présentiel la majorité du temps.

Les auteurs présentent aussi d’autres raisons en lien avec la COVID-19, comme l’isolement qui « pourrait donner aux étudiants un sentiment d’anonymat plus grand », ou encore la perception d’« une plus faible qualité du lien entretenu avec l’évaluateur (surtout dans les grands groupes), réduisant l’impression de heurter en trichant ».

Avec le retour des cours en présentiel et la reprise à petits pas de la vie normale, va-t-on revenir avec un taux de plagiat plus faible? Si la pandémie s’estompe tranquillement, peut-être qu’un bilan positif est à prévoir. Mais une épidémie est difficile à contrôler…


Sources :

https://etudiant.polymtl.ca/plagiat/raisons-pouvant-mener-un-etudiant-plagier

https://www.researchgate.net/publication/341078872_Plagier_en_temps_de_pandemie

 

Crédit photo @ Lil Foot

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