Par Justine Danis
La compagnie d’autobus et de camions électriques Lion électrique est en mauvaise posture financière. Les paris sont lancés quant à l’avenir de cette compagnie aux valeurs durables.
Pour mettre en contexte, au début du mois d’octobre, on apprenait que l’entreprise québécoise installée à Saint-Jérôme envisageait la possibilité de vente d’actifs. Dans la dernière année, des centaines de mises à pied ont été faites au sein de l’entreprise. Comparativement à l’année précédente, les chiffres de 2024 ne sont pas satisfaisants.
Lion électrique essaie désespérément de trouver des solutions afin de renflouer ses coffres. À la fin du deuxième trimestre, on ne comptabilisait pas plus de 2 millions US en liquidité dans ses comptes bancaires.
Au deuxième trimestre de l’année 2024, on a chiffré la perte de revenus de près de 19 millions US. Dans le dernier trimestre, on note une baisse de revenus d’environ 62 % comparativement au 3e trimestre de 2023. Ce qui équivaut à une perte autour de 31 millions US. En termes de ventes, durant le troisième trimestre, l’entreprise électrique n’a livré que 89 véhicules comparativement à 245 unités en 2023.
Une situation alarmante
« Selon l’évaluation actuelle de la direction, il n’y a aucune certitude que la trésorerie et les flux de trésorerie prévisionnels liés à l’exploitation seront suffisants pour satisfaire aux obligations de la société arrivant à échéance au cours des douze prochains mois », stipule la direction lors de la dernière sortie d’un communiqué.
En d’autres mots, si elle n’arrive pas à trouver une manière de renflouer ses coffres, la haute direction devra sans doute penser à mettre fin aux activités.
Effectivement, il est important de savoir que l’entreprise a reçu des montants considérables en prêts. D’ailleurs, ceux-ci arriveront à échéance très bientôt…
On parle d’un premier prêt de 117 millions de dollars émis grâce à l’aide généreuse d’un syndicat bancaire, composé de trois institutions. Celui-ci prend fin dans quelques jours, soit le 15 novembre. Lion électrique a touché une autre somme significative, soit 23 millions de dollars en prêts. Cet argent a été octroyé par la Caisse de dépôt et placement du Québec ainsi que Finalta Capital. En revanche, toute bonne chose à une fin, puisque l’échéance est due pour le 30 novembre.
« Compte tenu des pertes d’exploitation récurrentes, des flux de trésorerie négatifs et de la situation financière actuelle […], il n’y a aucune certitude quant à [notre] capacité à réunir des fonds supplémentaires », informe l’entreprise basée à Saint-Jérôme.
Il est légitime d’énoncer que la situation financière de Lion électrique est donc critique.
Comment est-ce possible ?
Pourtant, la société tend de plus en plus vers une électrification de nos transports. Alors, pourquoi Lion électrique est-il en difficulté financière ?
Lion électrique avait estimé un plus grand nombre de commandes de camions électriques. Compte tenu d’une mauvaise estimation, l’entreprise québécoise souffre d’une situation financière cruciale.
En effet, l’entreprise basée dans les Laurentides pensait que cette transition vers l’électrification des transports, plus précisément des camions, aurait été emboitée beaucoup plus rapidement. Pour ce qui est des autobus scolaires, on note également une diminution de commandes. Selon, l’entreprise qui construit des véhicules électriques, la bureaucratie du Fonds pour le transport en commun à zéro émission (FTCZE) freinerait le processus de demandes.
Le FTCZE joue un rôle de premier plan dans le financement lorsque les compagnies d’autobus scolaires décident d’électrifier leurs véhicules. Le FTCZE couvre environ 50 % des coûts liés à cette opération.
Selon les données transmises par La Presse en juillet, on observe un déclin par rapport aux livraisons, soient 50 % de moins qu’habituellement.
Des petites solutions
Comme il y a moins de commandes de camions, ceux-ci seront en mesure d’être tous construits à l’usine de Saint-Jérôme. Ce qui signifie qu’il n’est pas nécessaire pour le moment de faire fonctionner une partie de l’usine en Illinois. L’usine est subdivisée et la portion qui était contrainte à servir uniquement à l’assemblage des pièces de camions est pour le moment sur le banc de touche.
En 2022, Lion électrique a construit cette usine afin de se rapprocher du marché cible américain. De plus, l’usine dans les Laurentides était restreinte à produire 2500 véhicules par année.
Bref, le manufacturier essaie de sous-louer la portion dédiée à la production de camion électrique de son usine à Illinois.
De plus, l’usine à Mirabel servant à produire des batteries pour les véhicules électriques doit trouver une solution pour écouler ses stocks. Cependant, étant donné que l’entreprise a reçu un plus petit nombre de commandes de moyens de transport, il se retrouve avec un nombre plus élevé de batteries, donc un surplus. La possibilité de les vendre à des clients externes a été évoquée.
La portée du marché électrique en terre américaine sera-t-elle mise en péril?
Il est trop tôt pour répondre à cette question. Une chose est sûre, Donald Trump, n’est pas un grand adepte de la transition écologique ni de l’électrification. Sa gouvernance pourrait effectivement affecter le marché de l’entreprise québécoise aux États-Unis.
Il est encore difficile de mesurer l’impact de cette élection. On peut tout de même s’attendre à ce que ce changement de président ne facilite pas la tâche pour la compagnie de transports électrifiés. Donald Trump et le protectionnisme sont indissociables. Les entreprises du Canada grondent déjà sous la crainte des tarifs qui seront sans doute imposés aux exportations canadiennes.
Source: Lion électrique
Justine Danis
Dynamique et avide de nouvelles aventures, elle plonge avec enthousiasme dans le Collectif en tant que cheffe de pupitre pour la section Campus. Grande passionnée de la vie universitaire, ce poste est pour elle l’occasion rêvée. Après avoir gradué au baccalauréat en science politique, elle entame une maîtrise en communication marketing, afin d’enrichir son expérience acquise dans le secteur municipal. Elle saura mettre en lumière l’Université de Sherbrooke, en romantisant ou en démontrant la réalité du campus d'une manière unique et captivante. Vous découvrirez le campus comme vous ne l'avez jamais vu.