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Les Sud-Coréens rejettent la loi martiale 

Par Emmy Lachance 

Le président coréen a surpris le pays en annonçant qu’il déclarait la loi martiale, le 3 décembre dernier. 

Un événement aussi court qu’inusité a eu lieu dans la nuit du 3 au 4 décembre dernier en Corée du Sud. Pendant deux heures, le pays a été soumis à la loi martiale, à la demande de son président, Yoon Suk Yeol. Mais cette tentative a rapidement été déjouée par les élus de l’Assemblée nationale qui ont bravé les barricades de l’armée pour faire tomber la loi à l’unanimité. 

Dans sa déclaration surprise à la nation, faite à 23h le 3 décembre, le président du pays a annoncé qu’il déclarait la loi martiale pour « protéger la République de Corée libre de la menace des forces communistes nord-coréennes, pour éradiquer les abjectes forces antiétatiques pro-nord-coréennes qui mettent à sac la liberté et le bonheur de notre peuple, et pour protéger l’ordre constitutionnel libre ». 

Le président n’arrivait pas à faire adopter une loi sur le budget par l’Assemblée nationale dirigée par les partis d’opposition. Celui-ci se trouvait déjà dans l’eau chaude, en proie à des scandales de corruption et à des enquêtes sur des ministres de son cabinet.  

Le 7 décembre, le président a offert ses excuses au peuple sud-coréen, expliquant que sa décision avait été prise en raison du sentiment de désespoir l’habitant devant le blocage de ses propositions par le parlement. Il a admis que la déclaration de la loi martiale a entrainé beaucoup d’anxiété pour le public et s’en est dit désolé.  

Une nuit qui rappelle de mauvais souvenirs 

Si la Corée du Sud est considérée comme un pays démocratique aujourd’hui, son passé a laissé des cicatrices importantes. La loi martiale des 3 et 4 décembre derniers était la première entorse au calme démocratique depuis 45 ans, dans ce pays qui a longtemps été dirigé par des dictateurs. Durant les 40 premières années d’existence du pays, la loi martiale a été déclarée à 16 reprises, et a été accompagnée d’actes de violence de la part du pouvoir sur la population.  

Cela explique peut-être la réaction intense de la population. Après avoir déclaré la loi effective, le président a ordonné à l’armée de se rendre à l’Assemblée nationale pour y empêcher la tenue d’activités du parlement. Des citoyens se sont rendus sur place pour repousser l’armée et aider les députés à entrer au parlement pour tenir le vote qui a fait tomber la loi martiale. Les protestataires ont démontré leur détermination en bravant les armes des autorités pour les empêcher de s’infiltrer dans le bâtiment pour empêcher la tenue du vote. Une femme a même été vue en train d’agripper l’arme d’un soldat.  

Deux heures après l’annonce du président, les 190 élus ayant réussi à se rendre sur place ont voté à l’unanimité pour lever la loi martiale. Celle-ci a officiellement été levée par le cabinet présidentiel six heures après son annonce. De nombreux membres du cabinet ont démissionné dans les heures qui ont suivi. Le président a refusé de le faire.  


Source: FTM

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