Le sommet de l’APEC :  crainte d’un regain de l’isolationnisme américain 

Par Emmy Lachance 

Le sommet de l’APEC était l’une des dernières opportunités pour le président sortant Joe Biden de faire apparition sur la scène internationale.  

Les 15 et 16 novembre derniers se tenait le sommet de l’APEC à Lima, au Pérou. Le groupe de coopération économique Asie-Pacifique se rencontrait pour discuter des réalisations et des défis à venir pour la coopération entre les pays de la région.  

Retour sur ce sommet en cinq points. 

Une organisation à portée coopérative 

L’APEC est un forum de discussion qui réunit 21 États de la région de l’Asie-Pacifique. Ensemble, ils représentent 60 % du PIB mondial. On y compte des pays aussi diversifiés que le Canada, les États-Unis, la Chine, le Pérou, la Malaisie, et le Japon. Le forum a pour but de faciliter les discussions entre les États afin d’ouvrir le commerce et de supprimer les obstacles douaniers et tarifaires. 

Un autre objectif de l’APEC est de promouvoir le développement durable au sein de ses membres, en mettant de l’avant des initiatives pour l’égalité, la modernisation de l’économie, et la lutte aux changements climatiques. Des objectifs et des défis qui touchent plus particulièrement la région sont discutés, tels que la résilience aux catastrophes naturelles et la prévention des pandémies.  

Les décisions prises dans les rencontres de l’APEC sont prises sur une base volontaire et ne sont pas restrictives. Les États peuvent décider ou non de s’y engager et il s’agit davantage de lignes directrices de conduite que d’engagements fermes.  

Donald Trump au cœur des discussions 

Le nouveau président désigné des États-Unis, Donald Trump, a suscité de nombreuses discussions lors de l’événement. Sa dernière présidence avait été marquée par un isolationnisme et un protectionnisme accru des États-Unis. Cela allait à l’encontre des tentatives d’ouverture de l’économie souhaitées par les membres de l’APEC.  

Sans nommer explicitement le président-élu, des dirigeants ont fait référence au danger de l’isolationnisme. Le président chinois Xi Jinping a par exemple dénoncé « la montée de l’unilatéralisme et du protectionnisme », alors que le président du Chili Gabriel Boric a, pour sa part, appelé les pays de l’APEC à s’unir « face à la menace de l’isolationnisme, du déni de la crise climatique par certains ».  

Derniers moments de Joe Biden sur la scène internationale 

La présence de Joe Biden au sommet de l’APEC, puis au G20 dans les jours suivants, est une des dernières occasions du président sortant de laisser sa marque sur la scène internationale. Le 20 janvier 2025 aura lieu l’inauguration du président-élu Donald Trump, qui reviendra officiellement à la Maison-Blanche et prendra la place de Joe Biden.  

Le président sortant a profité de sa présence au sommet pour discuter avec ses alliés du Japon et de la Corée du Sud afin de conclure des ententes de collaboration, qui, l’espère-t-il, transcendera la ligne de partie et la couleur de la présidence. Selon M. Biden, la coopération entre les trois États est essentielle pour contrer la « coopération dangereuse et déstabilisatrice de la Corée du Nord avec la Russie ».  

Le conseiller à la sécurité nationale américain, Jake Sullivan, a déclaré que l’administration avait pour but d’institutionnaliser l’alliance tripartite entre les alliés avant la fin du mandat de M. Biden. Cette alliance devrait prendre la forme d’un secrétariat qui aurait pour but de renforcer les liens économiques entre les trois États et, du même coup, la sécurité dans la région du Pacifique.  

Une rencontre médiatisée entre Biden et Xi 

Le président chinois Xi Jinping aurait fait preuve de distance lors du sommet de l’APEC, choisissant avec soin aux discussions auxquelles il souhaitait participer et déclinant plusieurs rencontres avec des dirigeants. L’exception notable est celle du président américain.  

Une rencontre de 1 h 40 s’est tenue entre les deux dirigeants, le 16 novembre. Cette discussion à huis clos a été l’occasion pour les deux hommes de revenir sur leurs réussites et de prévoir la transition de pouvoir américaine. Dans les médias officiels chinois, M. Xi a déclaré que les États-Unis et la Chine auraient pour but de « continuer à explorer la bonne voie » et de « parvenir à une coexistence pacifique à long terme ».  

Ayant discuté de la transition du pouvoir vers un élu républicain beaucoup plus combatif face à la Chine, M. Biden a mentionné que les deux États devraient travailler en collaboration pour éviter que la compétitivité ne se transforme en conflit. Se faisant rassurant, Xi Jinping a également assuré que la Chine était « prête à travailler avec la nouvelle administration américaine pour maintenir la communication, élargir la coopération et gérer les différences », et ce, afin d’assurer « une transition en douceur ».  

Si la rencontre a permis de faire le point sur la coopération et la discussion entre les deux puissances mondiales, les politiques isolationnistes de Trump risquent de rendre ces relations plus difficiles. Durant sa campagne, le républicain a misé sur la protection de l’économie américaine, en promettant l’ajout de tarifs de 10 % à 20 % sur la marchandise importée aux États-Unis, avec des tarifs pouvant aller jusqu’à 60 % pour les produits provenant de Chine. Les quelques nominations des personnes invitées à rejoindre son cabinet comprennent également des partisans d’une rivalité et d’une ligne dure envers la Chine. Les dirigeants présents au sommet de l’APEC se sont entendus pour se préparer à un changement politique important. 

Justin Trudeau au Pérou et au Brésil 

Le premier ministre canadien Justin Trudeau a également pris part aux discussions du sommet de l’APEC. Il a d’ailleurs annoncé qu’il avait conclu des négociations commerciales avec l’Indonésie, quatrième pays le plus peuplé au monde. Il espère rendre l’issue de ces négociations officielles avec la signature d’un accord.  

Une annonce a également été faite aux dirigeants des pays de l’Asie du Sud-Est concernant le plan du Canada pour aider le développement de l’énergie nucléaire. Cette annonce a été faite dans un contexte de développement rapide de l’intelligence artificielle, qui nécessite d’importantes quantités d’énergie.  

M. Trudeau s’est également rendu au Brésil pour participer au G20, les 18 et 19 novembre derniers. Il a tenté d’y faire valoir les intérêts du Canada et de se placer entre les États-Unis et les économies en développement.  

 


Source: FMT

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