Par Rémi Brosseau-Fortier

Incertitude. Stupéfaction. Trahison. Ces mots résument bien la réaction de l’ensemble de la communauté internationale à la suite de l’annonce du président américain de tarifs « réciproques » sur l’ensemble des importations de son pays. Tour d’horizon des mesures protectionnistes du président des États-Unis qui consolident le retour de l’isolationnisme américain.
Le 2 avril, Trump a consacré le « Liberation Day » en imposant des tarifs généraux de 10 %, en vigueur dès le 5 avril, sur la totalité des produits entrant aux États-Unis. Mais ce n’est pas tout : à partir du 9 avril, les exportations de plus de 60 pays se verront imposer des droits de douane supplémentaires correspondant à la moitié de leurs « abus commerciaux » envers le pays de l’Oncle Sam.
Parmi les États affectés, il y a la Chine (34 %), l’Inde (26 %), l’Union européenne (20 %), le Vietnam (46 %), le Cambodge (49 %) ou encore le Lesotho (50 %). Curieusement, des alliés historiques de Washington ont été ciblés, comme le Japon (24 %) et la Corée du Sud (26 %). De plus, Trump a confirmé l’exécution immédiate de tarifs de 25 % sur les véhicules fabriqués hors des États-Unis.
Le dévoilement de ces nouveaux tarifs est marqué par un flou sur les détails précis des mesures protectionnistes américaines. En effet, l’annonce n’était accompagnée d’aucun communiqué de presse qui aurait pu fournir davantage d’information.
Ainsi, les chefs d’État et les gouvernements ont appris ces mesures en même temps que le reste de leur population. L’actuel premier ministre du Canada, Mark Carney, a convoqué une longue réunion de son cabinet pour préparer la réponse canadienne. Il est à noter que le Canada et le Mexique n’ont pas été ciblés par des tarifs spécifiques comme les pays précédemment mentionnés.
Une réaction musclée de Beijing
La réponse chinoise ne s’est pas fait attendre. Le Conseil d’État, l’équivalent du conseil des ministres en Chine, a annoncé que, dès le 10 avril, tous les produits américains importés sur son territoire seront taxés de 34 %. De plus, le Parti communiste chinois a imposé des restrictions supplémentaires sur les exportations de minéraux critiques en direction du marché américain.
Déjà visée par les sanctions, la taxation cumulée de 54 % des exportations chinoises aux États-Unis rallume les flammes de la guerre commerciale sino-américaine. « Dans une guerre commerciale, personne ne gagne et le protectionnisme n’a pas d’issue », a déclaré le ministère chinois du Commerce.
Le spectre d’une récession de l’économie mondiale
Selon la banque d’investissement J. P. Morgan, les risques d’une récession mondiale d’ici la fin de l’année 2025, soit une contraction économique pendant au moins deux trimestres, sont passés de 40 à 60 %.
En date du 4 avril, ces barrières tarifaires causent un recul des principaux indices sur les marchés financiers : -4,26 % à Paris, -4,95 % à Londres et -2,75 % à Tokyo. Le prix du baril de pétrole a diminué de plus de 7 %. À Wall Street, les principaux indices ont diminué de près de 4 %.
Malgré les signaux d’alarme, Trump semble vouloir poursuivre son opération de démantèlement de l’ordre commercial néolibéral pourtant construit par les États-Unis après la Seconde Guerre mondiale. Le monde est alors brusquement plongé au 19e siècle, l’ère de la guerre de tous contre tous.
Crédits : Samuel Corum USA SIPA